vendredi, juin 27, 2008

LES FEUX ENCHANTES AU PARC DISNEYLAND: Entretien avec le metteur en scène Christophe Leclercq

Adieu Wishes! Bonjour Les Feux Enchantés!

Décidément, avec ce 15e anniversaire, la fête continue vraiment en grand comme en témoigne ce tout nouveau spectacle pyrotechnique qui ouvrira la saison d'été de Disneyland Resort Paris à partir du 5 juillet.
Et pour ce nouveau concept, le plus romantique des metteurs en scènes du parc, Christophe Leclercq, nous offre une véritable "Carte du Tendre" illuminée et scintillante, un parcours amoureux fait de lumières et de musiques, aux accents magiques de la partition d'Alan Menken pour le film Disney de Noël dernier, Il Etait Une Fois, qui vient de sortir en vidéo.
Que voulez-vous? Nous sommes... sous le charme!


Les Feux Enchantés viennent illuminer les nuits de Disneyland Resort Paris cet été en lieu et place de Wishes. D'où vient ce changement?
J'aurais bien aimé reconduire Wishes cette année, mais lorsque ma direction m'a dit que nous allions faire autre chose, je me suis dit: "encore mieux!" J'adore la nouveauté et c'était l'occasion de travailler sur un nouveau concept.

Justement, comment est né ce nouveau concept?
En fait, j'ai mis un peu de temps à trouver. Je me suis basé sur le 15e Anniversaire. Il y avait la Bougillumination et La Parade des Rêves Disney. Et là, j'ai eu mon étincelle. Il y avait les Rêves d'Imagination, de Joie et de Folie, d'Amitié, de Fantaisie, de Pouvoir, d'Aventure et de Romance et je me suis dit que l'Amour était le prolongement idéal de tous ces rêves. Parallèlement, en écoutant des musiques Disney, j'ai réécouté la bande originale d'Il Etait Une Fois et j'ai trouvé une musique qui me plaisait énormément et qui collait bien pour un feu d'artifices, la Suite Il Etait Une Fois.
A partir de là, j'ai découpé cette musique en différents "paragraphes" évoquant, suivant les thèmes musicaux, différentes idées autour des différentes étapes que l'on peut rencontrer quand on est amoureux: la Beauté, la Séduction, le Charme, la Passion, l'Amour et le Happy End.


Comment avez-vous travaillé sur la musique?
J'ai travaillé avec un ingénieur du son du parc, sous la supervision de Vasile Sirli, notre Directeur de la Musique. Nous avons surtout retravaillé la fin de cette suite car elle n'était pas adaptée pour le "one more time", le bouquet final. C'est très rapide, mais je préfère que les gens se disent: "c'est déjà fini?" que "c'est trop long!" et reviennent le lendemain… Sans le vouloir, cette musique crée une sorte de synergie avec d'autres départements de la Walt Disney Company puisque ce spectacle correspond à la sortie du film Il Etait Une Fois en dvd, ce que nous aimons bien faire chez Disney!

Dans ces conditions, on imagine bien l'idée derrière le thème musical Un Baiser, mais comment avez-vous réinterprété Travailler Bien en Chantant et les autres thèmes du film?
Je l'ai traité sur le plan de la Beauté, qui mênera ensuite à la séduction. J'ai trouvé cette chanson très virevoltante, légère et en même temps, c'était une Princesse qui faisait le ménage d'une façon unique! Puis j'ai associé les autres chansons aux différentes étapes de cette vie amoureuse et je me suis rendu compte que cela fonctionnait plutôt bien. A partir de là, je me suis dit: "c'est bien beau de parler d'amour, mais comment le faire savoir au public, comment traduire cela dans le ciel, en lumières, en images et en feux?" C'est ainsi que j'ai commencé à travailler avec un concepteur-lumière.


On se souvient de la belle mise en lumière de Wishes et des célébrations du 15e Anniversaire ou encore de l'illumination du Sapin pendant la saison de Noël.
Eh bien, c'est la même personne avec qui j'ai travaillé, Jérôme Schmit, qui a énormément de talent et d'idées. J'ai découpé chaque thème musical à la seconde près –par exemple, 45' de Beauté, 35' de Séduction, 1 minute de Charme, etc-, puis nous avons tout réécouté ensemble en réfléchissant à toutes les couleurs que nous pouvions mettre pour chaque section. Nous avons noté chaque accent musical, comme une envolée de violons, et à ce moment là on associait une couleur que l'on voulait sur le Château de la Belle au Bois Dormant. Ensuite, une fois que nous avons mis en place ce concept-lumière, que nous avions une idée précise de ce qui allait se passer, nous avons imaginé ce que nous pouvions avoir comme image à projeter sur le Château.


Il est vrai que Wishes a fort bien inauguré cette tendance, sans parler de l'inauguration de la Tour de la Terreur.
C'est à la même artiste consultante que pour l'inauguration de la Tour que j'ai fait appel, Marie-Jeanne Gauthé. Je lui ai expliqué le concept de ces rêves d'amour, de ces Feux Enchantés et nous avons échangé nos idées. Nous nous sommes quittés et elle est revenue quinze jours après avec des images qui se sont avérées parfaitement fonctionner. Par exemple, pour l'ouverture, j'ai demandé à ce qu'il y ait une explosion de fleurs blanches, quelque chose qui monte, qui monte, pour arriver sur la Beauté, où l'on projette de la dentelle, un peu comme de la dentelle de Calais, sur le Château. Quelque chose de très fin, de très joli, de presque irréalisable. Les fleurs évoluent depuis la base du Château et montent pour mieux l'envahir! Puis toutes les tours sont vraiment couvertes de dentelles. On passe ensuite à la Séduction, et pour moi qui suis un ancien danseur, fan de Cabaret, j'ai tout de suite pensé à la plume. Je voulais un plumet dans le ciel! Pour ce faire, Marie-Jeanne m'a proposé de projeter des plumes blanches projetées d'un côté du Château et qui viennent caresser les tours tout en descendant. Quelque chose de très frissonnant en fait. Après cela, le Charme. Pour charmer quelqu'un, on peut l'inviter au restaurant pour un dîner en tête à tête à la bougie. De là l'idée d'utiliser les bougies existantes sur le Château pour le 15e Anniversaire et d'ajouter des cierges qui vont tournoyer, dans une combinaison des flammes du 15e et de celles des cierges. Ensuite, pour la Passion, tout d'un coup, le cœur explose! Moi, je voyais un arc en ciel, et Marie Jeanne a eu l'idée de projeter sur le Château une image très symétrique, comme un éventail qui s'ouvre, tandis que le Château disparaît complètement sous cet éventail jaune. C'est assez impressionnant. Non seulement, il y a cette ouverture mais encore il y a un magnifique jeu de lumière. Et en même temps, on utilise des nouveaux projecteurs que nous avons installés derrière le Château et qui vont s'ouvrir de la même façon, créant une sorte d'aura. Tout cela pour figurer quelque chose d'énorme qui vous chamboule le cœur, qui vous ouvre le cœur! Puis on arrive à l'Amour. Et qui dit Amour dit cœurs! Marie Jeanne a créé pour cela une très jolie projection de cœurs entrelacés de différentes couleurs, dans les tons de jaune et rose fushia, qui descendent de la pointe du Château et qui viennent le caresser jusqu'à la base. Et pour le Happy End, je me suis dit qu'on a la tête qui tourne après toutes ces émotions et on projette en fait une galaxie, un peu comme celle de Wishes, une galaxie qui vous emporte dans un tourbillon d'amour, de joie, de tendresse, de séduction, de charme, avec tous ces sentiments qui se mélangent. Puis nous avons voulu calmer le jeu en projetant un cadre noir sur le Château avec des petites lucioles. Le Château disparaît presque tandis qu'éclate le bouquet final, histoire de mettre l'accent sur ce final. Et après cela, j'ai ajouté une petite musique que j'ai reprise de la bande originale d'Il Etait Une Fois, Les Filles Font du Shopping, qui apporte une touche pop. Là, on va pouvoir lire tous les thèmes développés durant le spectacle qui vont caresser le Château doucement d'un côté à l'autre, comme une grande et douce récapitulation du spectacle.

Je note que les personnages Disney ne sont pas vraiment présents cette fois-ci sur le Château.
Je n'ai pas souhaité de personnages sur les différentes images mais plûtot un concept abstrait laissant les spectateurs imaginer ou rêver librement.....

Techniquement, comment se présentent ces projections?
Elles sont plus dans l'esprit de Wishes, sauf que Wishes avait quatre projecteurs TP6 et que, là, nous en avons deux, car nous n'avions pas besoin de fondus-enchaînés.


Et d'où vous est venue l'idée de ces projecteurs arrière?
C'est quelque chose qui avait été fait lors d'un événement spécial. Il s'agit d'un feu d'artifice avec six magnifiques projecteurs comme cela. C'était d'une beauté!… Je me suis alors tourné vers le le Manager Conception et Opérations du Département Lumières de la Division Spectacles du parc, Christophe Malmejat et je lui ai demandé si nous pouvions avoir le même effet pour Les Feux Enchantés. Il s'est donc procuré ce matériel et maintenant nous allons avoir ce nouveau concept lumière pour un sublime contre jour, ce qui est très important pour des feux d'artifices. Les machines sont installées de manière bien précises tout près des pas de tirs sur les toits des boutiques de Fantasyland et peuvent donner trois faisceaux d'un côté et trois de l'autre qui peuvent monter jusqu'à la pointe du Château. Ce ne sont pas des "sky tracers", mais c'est dans le même esprit, avec une puissance comparable et en plus des changements de couleurs! A partir de maintenant, nous allons pouvoir jouer avec cela sur d'autres événements et d'autres concepts!

Et après cela, j'imagine que vous êtes passé aux feux proprement dits!
C'est exact. Après cela, il a fallu que je présente le projet à des artificiers, ce qui n'était pas évident. J'avais fait des esquisses pour évoquer chaque tableau et pour essayer de leur expliquer ce que je ressentais et leur faire comprendre ce que nous voulions montrer. En fait, les quatre artificiers que nous avons sollicités ont bien adhéré et ont fait chacun un test. A moi, ensuite de choisir une compagnie en fonction de l'esprit, du timing et du respect de la musique. Je me suis donc arrêté sur une société internationalement connue, avec des jolies bombes, des produits originaux qu'on n'avait pas encore vus ici. J'ai donc rencontré son jeune directeur artistique, David Proteau, bourré de talent et d'idées. Nous avons revisionné leurs tests et j'ai simplement noté cinq à six ajustements et quatre changements de bombes que je souhaitais pour améliorer les choses par rapport à ce que je ressentais. Et le plus amusant, c'est que ce directeur artistique avait lui aussi noté des changements à faire… qui se sont révélés être les mêmes que moi! Pour ces changements, le produit était trop intense ou trop vif au niveau de la couleur, ou trop puissant dans son envolée. Je lui ai donné quelques idées et il s'avère qu'il était parti sur exactement les mêmes idées que moi! Nous étions vraiment sur la même longueur d'onde.

Quelles sont les nouveautés en matière de bombes?
Il y a un effet que j'ai adoré, que nous avons appelé "l'effet chou-fleur"! C'est donc un chou-fleur qui explose dans le ciel, et après l'explosion, il y a une détonation. J'adore! Cela fait vraiment "final". C'est un peu bruyant et je sais que nos artificiers vont essayer de doser ce bruit, mais je tenais absolument à l'avoir. Une sorte de magnifique big bang! Nous avons aussi un nouveau concept de tir : un éventail qui va d'un côté à l'autre pour repartir dans l'autre sens à toute vitesse. L'effet est magique et va à une vitesse inimaginable. Nous l'avons placé au début du feu et cela lance véritablement le spectacle pyrotechnique! Enfin, nous avons toutes sortes de nouvelles couleurs comme une gerbe bleue dans laquelle apparaissent des lucioles roses qui s'éparpillent dans tous les sens. Il faut dire que nos artificiers sont aussi fabriquant, ce qui veut dire qu'ils ont une expérience considérable des produits et savent particulièrement bien les utiliser. A tel point qu'ils travaillent également aux Etats-Unis et notamment pour Walt Disney World!


Une autre nouveauté: vous avez combiné la Bougillumination avec Les Feux Enchantés!
En fait, j'ai modifié mon concept actuel pour que le feu d'artifice puisse s'enchaîner directement sur la Bougillumination. Pour la première fois, Mickey et Minnie vont apparaître sur le balcon du Château de la Belle au Bois Dormant au dessus du pont-levis. Ils apparaissent de chaque côté du médaillon du 15e et Mickey va allumer ces quinze bougies avant d'annoncer avec Minnie le feu d'artifice. Je pense que ce sera un plus pour les gens qui n'auront pas vu Mickey et Minnie la journée. C'est d'ailleurs assez rare de les avoir tous les deux réunis sur le Château et j'espère que cela fera de beaux souvenirs à nos visiteurs!

Et maintenant, tout est prêt pour la fête!
Tout a été préparé pour ce mardi 24 juin, tout a été encodé au niveau des lumières et des projections sur le Château pour la première répétition du feu dans des conditions plus ou moins réelles. Nous retirerons le feu deux jours après pour un nouveau test, ce qui nous laisse le temps de changer éventuellement certains produits. Il est toujours délicat de faire ce genre d'ajustements de produits, mais s'il le faut vraiment, nous n'hésiterons pas.

On sent que vous vous êtes fait plaisir!
Absolument! J'ai tellement embarqué tout le monde dans ces rêves d'amour, que je pense que tout le monde a été conquis! Ce sont vraiment des Feux Enchantés, comme le suggère la musique dont nous nous sommes inspirés. Mais, entre nous, ce n'est pas tant le titre qui m'importe que le fait que nos visiteurs soient ébahis par notre spectacle. C'est bien là l'essentiel! Je suis là pour faire plaisir aux gens tout en me faisant plaisir. Il y a vraiment une part de moi-même dans ces feux. Et c'est la raison pour laquelle j'ai vraiment mis tout mon temps et tout mon cœur sur ce projet. Avec tous ces feux d'artifices que je mets en scène, toutes ces bombes que je fais danser dans le ciel, je crois que je deviens vraiment accro à cette forme artistique!

A tel point que vous signez de nouveau les feux du 14 juillet!
C'est aussi un nouveau concept. J'ai gardé la même musique, ces "flon-flons de Paris" style guinguette avec une grande orchestration. Par contre, dans la mesure où nous avons une nouvelle compagnie d'artificiers, nous avons de nouveaux plans de tir. Ce sera énorme!

Mille mercis à Christophe, Nathalie et Isabelle!

mardi, juin 24, 2008

LE MONDE DE NARNIA - PRINCE CASPIAN: Entretien avec le co-producteur Douglas Gresham

Nous n'avons pas attendu 1300 ans après notre première conversation avec Douglas Gresham pour lui reparler! Et ce n'était pas dans une station de métro, "entourés de malles et de coffres à jouets"… Mais c'est toujours une joie de partager sa plaisante compagnie et de se replonger avec lui dans le monde de Narnia,
Comme un guide dans l'univers plus sombre mais exaltant de Prince Caspian, le co-producteur de la saga et fils adoptif de C.S. Lewis, a accepté avec gentillesse, à quelques heures seulement de la première du film à New York, d'éclaircir pour nous avec sa perspicacité habituelle, à la fois la conception et la signification du livre et du film, comme le ferait un professeur bienveillant, ou un mentor, du style du Docteur Cornelius.
Attention! "Tout ce que vous connaissez va bientôt changer pour toujours"….


Avez vous parlé avec C.S. Lewis de Prince Caspian?
Je ne me souviens pas avoir un jour discuté du livre en détail, mais le livre est entièrement dédié au retour de la vraie foi, de l'honnêteté, de la justice et de toutes les grandes qualités que ces idées entraînent avec elles après une longue durée de corruption (dans ce cas 1300 années), à la fois pour le pays de Narnia et bien sûr pour les personnages concernés. Un retour tel que la plupart d'entre nous a pu faire dans sa propre vie à un moment ou un autre. Il met aussi fortement en exergue que peu importe jusqu'où nous nous sommes fourvoyés, il y a toujours une seule voie pour revenir en arrière et nous devons la trouver, la reconnaître et l'utiliser.

Qu'avez-vous ressenti quand vous avez lu Prince Caspian pour la première fois? Et ensuite vu le film pour la première fois?
J'étais très jeune quand j'ai lu pour la première fois Prince Caspian, et je me souviens simplement avoir été enchanté par l'aventure. Voir le film pour la première fois a été profondément émouvant et en même temps une très grande expérience. J'ai vu le rêve de presque toute ma vie devenir réalité, d'une façon qui dépassait même mes propres espérances.

En tant que co-producteur du film, à quelles étapes de la production avez vous été impliqué?
En tant que co-producteur, mon rôle est un peu inhabituel dans le monde du film. Ce titre ne couvre pas réellement ce que je fais. Je suis impliqué dans toutes les facettes du film, dès le départ. Je suis l'une des différentes voix qui prend part au script, au casting, à la localisation, et à la production du film lui même, et aussi dans la création de différents produits dérivés du film, comme les jeux vidéos, et le merchandising de toute sorte. Je suis l'un de ceux concerné par le marketing et la publicité du film, etc.

Quelle part avez-vous eue dans chacune de ces étapes, quel était votre rôle?
Je pense que je peux être décrit comme "la Nuisance de Narnia", plus que n'importe quoi d'autre! Mon rôle est de m'assurer que tout dans Narnia est réellement "Narnien", et de constamment essayer d'améliorer la qualité de chaque chose que nous faisons vers son plus haut niveau possible, ainsi que de m'assurer que chaque film contient et rapporte clairement l'essentiel du livre ainsi que sa signification sous-jacente.

Quel est votre meilleur souvenir de cette expérience?
Je n'ai pas vraiment de "meilleur souvenir", mon esprit ne compartimente pas les choses de cette façon. L'expérience entière de création du film a été une merveilleuse et continuelle partie de la "Grande Danse" pour laquelle j'ai été mis sur ce monde.

Comment est née l'idée que vous apparaissiez dans Prince Caspian dans un rôle de caméo?
Ce n'est qu'un jeu en vérité, mais avec l'idée de pouvoir dire au public: "vous avez-vu? j'étais réellement là". J'adore jouer et c'est toujours amusant d'être inclus dans un film, peu importe que le rôle que vous ayez soit petit.



Andrew Adamson a ajouté de nombreux nouveaux éléments à l'histoire du livre. Depuis que vous vous occupez de la succession de C.S. Lewis, comment travaillez-vous avec le réalisateur et les deux autres auteurs du script, pour faire que l'histoire soit intéressante à l'écran sans trahir l'esprit original du livre?
Nous discutons toujours de ces sujets, et je mets mon grain de sel dans l'histoire. De nombreux points surgissent de la discussion lorsque nous sommes au tout début du développement, et ma voix est entendue et le reste de l'équipe y fait attention, de même que moi je fais attention à leurs suggestions. A la fin nous travaillons tous ensemble pour atteindre le meilleur résultat possible.

Quelles ont été les difficultés pour adapter un tel livre?
Avec Prince Caspian, la difficulté a été de reprendre cette histoire relativement basique, basée principalement sur la narration, et de la traduire en action et en images. Dans ce cadre, nous avons eu à ajouter un certain nombre d'éléments, tout en conservant la philosophie du livre et sans jamais perdre la saveur des choses vraiment "Narniennes". Avec certains livres, le problème est de prendre des décisions déchirantes quant à ce qui doit être coupé, et dans d'autres à ce qui doit être ajouté. Prince Caspian fait partie de la deuxième catégorie.

Combien de temps avez-vous travaillé sur le film?
Eh bien voyons voir... J'ai commencé à travailler sur le film la nuit de la première de Le lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique et depuis je n'ai pas cessé de travailler dessus!

Quelle est l'addition au livre qui vous plait le plus?
Mon rôle, bien sûr!

D'où vous est venue l'idée de faire revenir la Sorcière Blanche?
Du livre original bien sur! Nous l'avons juste prise suffisamment loin pour produire un aspect visuel qui fonctionne à l'écran,

Roger Ford (Production designer) a déclaré que Prince Caspian avait pour lui quelque chose de Shakespearien. Êtes-vous d'accord avec lui?
Eh bien le fond de l'histoire est très "Hamlet". Nous avons un roi qui a tué par son frère et a usurpé le trône, et qui conspire pour tuer l'héritier légal etc. Très "Hamlet", donc, à part bien sûr le fait que Prince Caspian a une fin bien plus heureuse qu'Hamlet!

Comment voyez vous le personnage de Ripitchip?
Ripitchip dans Prince Caspian représente le "chevalier pur", le Sir Galahad des légendes d'Arthur. En tant que co-producteur, j'ai eu mon mot à dire là-dessus comme sur la plupart des choses sur ce film, et je pense que Ripitchip est parfait. Dans L'Odyssée du Passeur d'Aurore, il devrait avoir grandi un peu en caractère si ce n'est en stature.

Avez-vous participé au choix de Michael Apted pour le prochain film L'Odyssée du Passeur d'Aurore?
Oui, et les raisons de ce choix me paraissent évidentes. Quand vous cherchez un réalisateur, et que l'opportunité se présente de recruter une personne avec les références professionnelles de Michael, comment qui que ce soit pourrait la rater?
Merci à Scrooge!

vendredi, juin 20, 2008

IL ETAIT UNE FOIS EN DVD: Entretien avec le producteur exécutif Doug Short

Une fois que vous avez une histoire, vous devez trouver un studio pour la produire. En d’autres termes, vous devez trouver un supporter pour défendre votre projet. Et c’est dans cette étape, au cours du voyage vers l’écran de Il Etait une Fois, que Doug Short est intervenu. Il travaille chez Disney depuis seize ans, dont dix dans le développement. Il a débuté en travaillant exclusivement pour Touchstone, et ensuite, quand les studios ont fait fusionner les deux groupes, il a sur des films Disney et Touchstone en tant que producteur exécutif. Il a à son actif plusieurs collaborations avec le réalisateur de Il Etait une Fois, Kevin Lima, sur Les 102 Dalmatiens, Un mariage de Princesse et The Wild. Pour résumer, son travail est de trouver des projets, et de superviser leur développement et leur production.
Doug Short est le premier chez Disney à avoir lu le premier script de Bill Kelly, et il en est tombé amoureux, dix ans avant la sortie du film. C’est également lui qui a aimé et supporté le film tout le long de ces dix ans, malgré tous les impondérables qui arrivent inévitablement pendant une si longue période de gestation. Et c’est lui qui a aidé, envers et contre tout, à faire prendre forme à l’histoire pour l'écran de la meilleure façon possible pour un public familial et moderne.
Alors, faisons place au “conteur silencieux”, comme il s’appelle lui-même, et laissons Doug Short nous raconter “l’histoire de l’histoire” d’Il Etait une Fois.


Quel fut votre rôle sur Il Etait une Fois?
Sur Il Etait une Fois, chacun avait son petit rôle. Il y avait évidemment pas mal de monde impliqué dans la production du film, comme c'est le cas pour tout film. Moi, mon rôle était le “conteur silencieux”, la personne qui essaye de faire fonctionner toutes les parties ensemble, sans attirer l’attention. Ma satisfaction fut de produire le film comme je sentais qu’il devait être.

Pouvez vous me parler des origines du projet, de votre point du vue?
Eh bien, c’est intéressant car c’est l’un des tous premiers projets que j’ai apportés en tant que producteur exécutif à Disney. C’est en 1997 que j’ai commencé à travaillé dans le développement. En fait, Sunil Perkash, le producteur exécutif, a apporté le script de Bill Kelly à Sonnenfeld et Josephson. Ils avaient un gros accord avec Disney/Touchstone Pictures à l’époque, et il l’a apporté en pensant que cela marcherait bien. Ils me l’ont ensuite envoyé chez Touchstone pour me le soumettre (c’était à l’époque où Disney et Touchstone étaient des entités distinctes). Je l’ai lu le jour même et j’ai immédiatement voulu l’acheter. C’était justement le genre de chose qu’il nous fallait. C’était le film parfait pour notre compagnie. Donald De Line était alors à la tête de Touchstone, et il a acheté le script. Touchstone Pictures était une division plus adultes. J’ai toujours aimé l’animation Disney et les films Disney. Alors, pour moi, c’était cohérent, mais le ton du film à l’époque était plus adulte.


C'est à dire?
Voyons. Dans une ancienne version, Gisèle se promenait dans un quartier mal famé. Un ami de Robert la remarque dans sa longue robe et l’engage pour sortir d’un grand gâteau pour son enterrement de vie de garçon. Robert voit qu’elle est une innocente jeune fille et met un terme aux projets de la fête. Il n’y a jamais eu de décision unilatérale de couper cette séquence, mais plutôt une évolution de l’histoire qui fait que l’ami de Robert n’apparaît plus. Le supprimer a contribué à recentrer l’histoire sur la romance entre Gisèle et Robert. La rencontre avec Robert alors que Gisèle est perchée sur le panneau d’affichage a été rajoutée plus tard. Nous avons parlé de la faire tomber de toutes sortes d’endroits. A un moment, il a même été question d’une planète au planétarium! Nous avons aimé l’idée qu’elle ne soit pas rattrapée par Robert. Ce n’est pas un prince comme les autres. Mais il est tout de même attentionné, et elle est intriguée par lui.

Morgan n’existait pas dans les premières versions. Elle n’a été rajoutée que plus tard dans le développement de l’histoire. C’est un personnage naturel, non cynique, qui voit tout de suite en Gisèle ce qu’elle est vraiment. Nous savions qu’il y aurait beaucoup d’enfants dans le public qui verraient l’histoire d’un point de vue plus jeune, et ajouter Morgan a aidé à ce que les enfants apprécient l’histoire. De plus, la présence de Morgan a aidé le public à comprendre quel genre d’homme est Robert: un père célibataire aimant, un homme bien sommes toutes. D’un autre côté, quand on le voit donner à sa fille un livre sur les femmes célèbres plutôt qu’un livre de contes de fées, on voit qu’il est trop protecteur.

Une autre facette plus adulte avec laquelle nous avons joué était de faire finir le prince avec un officier de police (encore un personnage qui a été coupé). Cela a été supprimé, toujours pas à cause d’une quelconque censure, mais parce qu’il était vraiment plus plaisant de voir Nancy, cette New-Yorkaise pragmatique, abandonner tout pour devenir une princesse. C’était tout simplement une meilleure histoire.
Comment ont évolué les choses à partir de là?
Pendant que l’accord se mettait en place entre Disney et Touchstone, Sonnenfeld, Josephson, Sunil et moi avons travaillé tous ensemble sur le script. A la fin, les contrats de Sonnenfeld et Josephson étaient terminés et ils ont quitté Disney. Je n’ai revu Barry Sonnenfeld que très peu après ça. Quand le film fut prêt, Barry Josephson s'est beaucoup impliqué dans sa production. Tous les deux ont un talent extraordinaire et unique.
En fait, Il Etait une Fois a été je crois l’un des projets les plus compliqués sur lesquels j’ai travaillé! Cela a littéralement pris de 1997 à 2007 pour faire ce film, avec beaucoup de pression pour en faire le film Disney parfait. Ca n’était jamais suffisant. Habituellement, c’est la recette typique du désastre, et il nous est arrivé de faire quelques erreurs. Mais par chance, le film s’est avéré en valoir la peine, je pense. A des moments, nous étions à un point dans le développement du script qui ne nous menait nulle part. Cela faisait peut-être sept ans que nous étions dessus. Sunil Perkash et moi étions incroyablement patients par rapport ce projet, avant que Kevin soit intégré. Bill Kelly était l’auteur initial et nous avons en fait eu plusieurs réalisateurs qui sont venus et ont voulu diriger le projet. Plusieurs fois, c’était à la limite de marcher. Mais pour différentes raisons, ces versions n’ont jamais été faites.
Comme nous n’avions pas de script qui pouvait être utilisé, nous avons demandé à Bill Kelly s’il pouvait revoir tous les scripts et revenir avec une sorte de version définitive de ce que le film devait être. C’était une discussion privée. Les studios n’étaient pas impliqués là dedans parce qu’ils avaient déjà dépensé beaucoup de temps et beaucoup d’argent à engager des auteurs, des réalisateurs, tandis le film ne se faisait toujours pas. Alors, nous avons demandé à Bill s’il était d’accord pour reprendre toutes les versions, partir de sa version originale qui était plutôt bonne et y incorporer seulement les meilleures idées des versions suivantes. Et nous avons présenté le résultat aux studios. Alors, pour moi, c’était probablement le moment le plus important, et le rôle le plus important que j’ai joué: parvenir à obtenir la version du film qui a fini par être réalisée.

Pourquoi avoir rappelé Bill Kelly ?–c'est assez inhabituel à Hollywood.
Nous avions énormément d’auteurs différents. D’abord, Bill Kelly a été impliqué dans plusieurs versions, et beaucoup d’autres auteurs lui ont succédé. Peut-être 10 ou 20 auteurs différents. Certains ont fini par travailler avec les réalisateurs, d’autres sont venus et n’ont proposé qu’une version. Encore une fois, ce procédé a duré très très longtemps, et beaucoup de personnes ont été impliquées. C’est en fait assez rare et formidable à Hollywood qu’une équipe revienne à l’auteur original. A un moment, on s’est posés, on s’est demandé “pourquoi ça ne marche pas?”, on est repartis de là où on a commencé, là où la première inspiration est venue, et on a réalisé qu’il y avait tant de choses réussies dans le scénario original de Bill. Nous étions restés en contact avec lui cette année-là, en particulier Sunil, un autre des producteurs, et il était disponible. Cela nous a finalement paru évident de le réintégrer et de lui donner une seconde chance, et avec la richesse de ce qu’il a apporté, nous avons réussi à sortir une version finale du script.

Finalement, c’est Kevin Lima qui a été choisi comme réalisateur. Pouvez-vous me parler de votre relation avec lui?
Kevin est quelqu’un avec qui j’avais déjà travaillé sur Les 102 Dalmatiens. Il venait de l’animation, avait fait un travail fabuleux sur le film Tarzan et cherchait à travailler sur des films “live”. L’opportunité s’est présentée de travailler Les 102 Dalmatiens, et il l’a saisie. C’était un projet sur lequel je travaillais de près et c’était la première fois que je travaillais avec Kevin. Ensuite, il a continué sa route et a travaillé sur d’autres choses pendant un moment. De mon côté, j’ai travaillé sur le film The Wild. Nous avions des problèmes avec l’histoire et il est venu nous donner un coup de main. Il a été crédité en tant que producteur sur le film, parce qu’il nous a vraiment aidés à remettre le film sur les rails.
Plus tard, nous avons eu des problèmes à trouver un réalisateur pour Il Etait une Fois. Nous avions un script qui nous convenait mais nous avions besoin d’un réalisateur, et comme il était revenu avec nous sur The Wild, cela nous a fait réaliser que c’était de lui que nous avions besoin parce qu’il avait le profile parfait, avec son expérience en animation et en film live, sa façon extraordinaire de raconter les histories, et son amour et sa compréhension de l’animation.
La partie la plus dure du projet a été d’avoir en Gisèle un personnage qui peut amuser, mais qu’on peut également aimer. On ne peut pas juste se moquer d’elle et la prendre pour une folle. Il faut comprendre son point de vue, vouloir qu’elle obtienne ce qu’elle désire, vouloir la voir évoluer en un personnage qui comprend vraiment ce que l’amour peut-être: plus que ce simpliste et général “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”. Tout cela, sans perdre l’humour, l’esprit et le bonheur du personnage. Kevin a compris comment obtenir ce ton, pour que le public respecte le passé de Gisèle, comprenne d’où elle vient mais veuille également la voir évoluer.


A ce propos, la fin du film est très intéressante. Pouvez-vous me dire comment elle a été conçue?
A vrai dire, il y a eu des discussions passionnées à propos cette fin! Certains pensaient qu’il n’était pas nécessaire d’y avoir une si “grande” fin. Personnellement, j’ai toujours senti que la fin était importante pour plusieurs raisons. D’abord, il fallait s’occuper du cas de Narissa. Une fois qu’Edward a conscience qu’elle est diabolique, ils ne peuvent tout simplement pas rentrer à Andalasia et continuer comme si de rien n’était. Alors, pour continuer dans la lignée de beaucoup de classiques Disney (La Belle et la Bête, La Petite Sirène et bien-sûr La Belle au Bois Dormant), on devait régler le compte de la méchante reine. Et puis il y a le côté spectaculaire. C’est tout simplement cool de voir Narissa se transformer en dragon: Comme dans beaucoup de classiques, son côté diabolique se révèle d’une manière spectaculaire.
Mais la raison la plus importante en faveur de ce grand final est de mettre un terme à la transformation du personnage de Gisèle. Quand on la rencontre, elle attend que tout lui tombe dessus. Elle veut être délivrée (littéralement tomber dans les bras de son prince). Quand elle se retrouve bloquée à New-York, elle attend patiemment que son prince arrive pour la sauver. Elle essaye de tomber dans les bras de Robert, mais cela ne fonctionne pas très bien. A la fin du film, Gisèle est devenue quelqu’un d’autre. Au bal, elle est réanimée par un baiser. Bien sûr c’est romantique, et toujours passif: elle est sauvée par un homme. Mais le film est plus qu’une simple romance. L’histoire de Gisèle ce n’est pas juste l’amour. C’est sa façon de devenir active, même devant le danger, en particulier maintenant qu’elle a rencontré l’amour, le vrai. Elle n’est plus la même et la fin montre à quel point son personnage a changé.
En fait, il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce film.
Un des grands talents de Kevin, c’est que la réalisation du storyboard lui permettait de visualiser, améliorer et collaborer avec les artistes pour créer des détails auxquels vous n’auriez pas pensé avant de filmer la scène. Vous pouvez carrément prévoir ce genre de détails, et il y a de la place pour eux, parce que vous les avez visualisés en faisant le storyboard. Ces niveaux sont l’œuvre de Kevin, il a toujours travaillé comme ça que ce soit sur Les 102 Dalmatiens, The Wild et bien-sûr Il Etait une Fois.


Est-ce que Il Etait une Fois a toujours été prévu en animation 2D?
Depuis que la 3D existe, il y a toujours beaucoup de discussions sur “2D ou 3D”? En fait, au départ, le premier script ne proposait même pas d’introduction animée. Il était entièrement live, mais débutait comme les contes de fées. Le concept d'animation a été assez rapidement ajouté. Il n’y avait pas de dessin animé de princesses en préparation chez Disney, mais cela semblait le bon moment pour introduire une nouvelle princesse Disney. Puisque l’introduction du film devait être la rencontre avec une princesse Disney, cela a amené l’idée d’explorer toutes les versions Disney de contes de fées: de Blanche-Neige à Ariel. C’était une chose intéressante à traiter. D’une part, il s’agit d’un classique Disney, avec sa simplicité: la fille est amoureuse de son prince. Il la délivre, combat une méchante reine, et tout le monde vit heureux jusqu’à la fin des temps. Bien-sûr, tout cela n’est que romance. Mais pourquoi est-ce si séduisant? En tant qu’adulte, on peut apprécier ce genre d’histoire dans les Disney, et rêver à une vie aussi simple. Mais les plus jeunes prennent ces histories à la lettre! Il ne pense pas au lendemain de la fin des contes de fées. C’était une grande opportunité d’examiner cette princesse et de respecter son honnêteté et ses vraies valeurs, mais aussi de voir ce qui lui arrive quand elle se rend compte de ce qu’est le véritable amour. Nous espérions que les enfants (les petites filles en particulier) réfléchiraient aux relations humaines, aux happy endings, et à l’amour un peu différemment après avoir vu Il Etait une Fois.
Nous avons donc eu l’idée de faire une introduction animée, comme un clin d’œil à la tradition Disney, et pour moi, ce fut l’occasion de faire de l’animation! Avec cette introduction, nous voulions expliquer aux gens que nous regardions vraiment dans le passé de Disney. Comme cela, on faisait un clin d’œil au mythe de la princesse Disney, une des plus grandes légendes Disney. Il fallait donc trouver une histoire qui tienne la route. Je n'ai travaillé pas directement avec James Baxter, mais j’ai été impliqué dans la décision de faire l’introduction en animation 2D. Je sentais que, puisqu’on parlait d’une princesse pas vraiment moderne, ni vraiment contemporaine, un peu comme Belle, qui appartient au passé de Disney, cela n’aurait pas eu beaucoup de sens de la faire en 3D. Nous voulions qu’il soit clair pour tout le monde que cette princesse vient de la tradition ancienne de Disney. Alors, nous avons appuyé ce point avec Kevin pour la faire véritablement venir de l’histoire de Disney. Je pense que les gens étaient enthousiastes de prendre part à ça, de faire un film avec un personnage si ironique (une princesse Disney), de travailler en 2D, d’une façon qui n’avait plus été faite depuis un moment, le tout avec Alan Menken et Stephen Schwartz! C’était une chance de pouvoir faire corps tout en s’amusant avec l’histoire Disney. Les gens venaient donc travailler sur ce projet avec l’enthousiasme de découvrir ce que cela pouvait donner! Nous avons eu de la chance d’avoir un tel projet, un script d’une si grande qualité et la vision que Kevin en avait. Vous savez, une fois que le film a vraiment été lancé, que les studios s’étaient engagés à le réaliser, ce fut étonnement facile à produire!

Si l’on considère votre position chez Disney, vous penchez plus du côté des films live, et pourtant vous avez fait beaucoup d’animation.
Vous avez raison. J’ai travaillé sur un film qui s’appelle Lizzie McGuire qui contenait un petit peu d’animation. J’ai aussi travaillé sur The Wild qui était totalement animé, et qui a représenté la réalisation d’un rêve pour moi puisque j’ai eu l’occasion de faire de l’animation au sein d'un studio "live action". Et ensuite, évidemment, Il Etait une Fois possède une grande partie animée. Dans le futur, j’espère faire plus de dessins animés. J’aime tellement leurs techniques et ce qu’on peut en faire! C’est pour cela que j’espère en faire plus.


Etiez-vous présent sur le plateau lors du tournage du film?
A cette étape, Kevin avait toute son équipe bien en place alors j’étais présent sans être impliqué au quotidien. Kevin a eu une vision très claire du film dès qu’il a été impliqué. Il a réalisé le storyboard pour l’animation. J’ai beaucoup travaillé avec lui sur cette étape, en l’aidant à faire vivre sa vision du film à travers le storyboard, mais beaucoup moins pendant l’étape du tournage.

Y a-t-il une étape dans la production de Il Etait une Fois que vous préférez par rapport aux autres?
Wow! Il y a eu tant de hauts et tant de bas pendant les nombreuses années où j’ai travaillé sur le film! La partie la plus satisfaisante fut, je pense, de voir le film terminé. C’était il y a environ deux ans. Kevin a finalement présenté la version finale du film, et j’ai réalisé que nous avions enfin le film dont nous rêvions, avec la bonne musique, les bons personnages, le bon ton. Nous avons tellement eu de chance d’avoir une équipe pleine de talent pour travailler sur ce film. Alors voir ce résultat, c’était vraiment gratifiant. Il y a aussi eu l’obtention du script de Bill après toutes ces années où nous sommes allés dans toutes les directions en essayant de trouver la bonne histoire pour l’aventure de Gisèle. Quel est son parcours quand elle arrive à New-York? Comment cela fonctionne-t-il? Cela paraît simple aujourd’hui parce que le film donne l’impression d’avoir été évident. Donc avoir enfin le script de Bill, le lire et se dire: “Mon Dieu! C’est LA version parfaite pour le film!” était extrêmement satisfaisant!

Que garderez-vous de cette expérience unique?
Vous savez, en fin de compte, on est tous très fiers du film. Quand je l’ai vu pour la première fois, les gens me demandaient “après tant de temps, le film est-il à la hauteur de vos espérances?”. Et je répondais: “Absolument, à 100%. Je suis ravi. D’une certaine façon, après toutes ces années, tous ces hauts et ces bas, c’est vraiment le film que j’ai toujours espéré. Le ton, l’humour, la romance…”. Je suis content et fier de Kevin pour avoir fait naître cela à l’écran. Vous ne savez jamais ce que le processus donnera comme résultat. Mais le public a aimé et compris le film. Vous savez, nous avons toujours espéré que le film soit populaire, avec un large public, et un succès commercial… quelque chose qui marche bien dans les salles, mais aussi qui soit apprécié des critiques pour son ton et son humour. C’était incroyablement plaisant de voir tout ça!

Il semblerait qu’Il Etait une Fois a aidé à redonner un sens à la marque Disney. Qu’en pensez-vous?
En fait, le sujet du film est en partie l’historique de Disney, ce que Disney a été, le tout amené dans un environnement contemporain. En faisant cela, un pont est réalisé entre les deux mondes et Kevin a trouvé le bon ton pour enlacer le passé, se moquer un peu de lui, le moderniser, et même rire de ces côtés modernes. Ce n’est pas tous les jours que l’on a une idée qui touche au passé de Disney. C’est une opportunité à deux tranchants: C’est une grande chance mais elle apporte aussi beaucoup de pression. Une des raisons pour laquelle d’autres versions du film n’ont pas été validées était qu’elles n’étaient pas assez bonnes pour le sujet. Vous faites un film avec de l’animation classique, et un des personnages est une princesse Disney. Vous ne pouvez pas vous contenter d’une version qui est juste “ok”. Votre version doit rendre justice au sujet. En fait, vous espérez cet idéal pour tous les projets sur lesquels vous travaillez, mais Il Etait une Fois a subi un examen approfondi parce qu’il s’agit des grandes armes de Disney: l’animation Disney, la musique Disney, etc.…

On touche carrément à un objet de culture!
Oui. Je veux dire par là que la princesse Disney fait partie de la culture populaire. Alors, si on veut rire de cette princesse, il faut absolument la comprendre, l’apprécier et la respecter, pas seulement se moquer d’elle. C’est facile de se moquer d’elle et il n’y a qu’une façon de le faire. Vous savez, le problème a toujours été de respecter et comprendre Gisèle. Si vous êtes une fille de notre monde, vous vous comportez et pensez comme les autres. Mais ça ne fonctionne pas comme ça dans le monde de Gisèle. Le problème apparaît quand vous vous trouvez dans un monde et que votre comportement de lui correspond pas.

Maintenant que le film est un succès et a été nominé aux Academy awards, savez-vous s’il y aura une suite?
En fait, il en a été question. Je pense qu’il n’est pas évident de faire une suite à “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”. J’ai travaillé sur bon nombre de films comme Les 102 Dalmatiens qui a été une suite à challenges pour cette raison. Nous avons fait une suite à Princesse malgré elle, sur laquelle j’ai aussi travaillé et dont la suite était plus compliquée que l'original! C’est donc tout à fait envisageable. Dès qu’un film est un gros succès et que les gens l’aiment, on veut en savoir plus sur les personnages, alors pourquoi pas?

Un grand merci à Doug et à Angeline!

vendredi, juin 13, 2008

IL ETAIT UNE FOIS EN DVD: Entretien avec le scénariste Bill Kelly

Le château Disney apparaît sur l’écran, avec le logo Walt Disney Pictures, et c’est comme toujours une invitation à la magie. Mais, pour la première fois, la caméra entre par l’une des fenêtres du plus célèbre des châteaux, et s’arrête sur le traditionnel livre de conte de fées qui s’ouvre. Ce livre a été présent dès le tout premier long-métrage d’animation, Blanche-Neige et les Sept nains, tel un hommage de Walt-Disney aux conteurs qui ont offerts les plus beaux contes et histoires pendant des centaines d’années aux enfants de tous âges. Parce que la magie ne peut commencer sans son “Il était une fois” et sans un bon auteur pour la raconter.
Bill Kelly est un de ces grands conteurs. Dans Il était une fois, la dernière aventure romantique à succès de Disney, mélangeant l’animation et les prises dde vue réelles en musique et qui sort en DVD ce 28 mai, il est celui par qui tout a commencé. Celui qui a eu cette idée extraordinaire de faire se rencontrer le monde réel et le monde animé. L’auteur lui-même a accepté de nous raconter cette aventure qu’a été l'écriture de cette histoire unique.
Alors, après Kevin Lima, Alan Menken, James Baxter ou encore Thomas Schelesny, ouvrons maintenant le livre, pour un nouveau chapitre - le premier en fait - de notre grande exploration des coulisses de Il était une fois!

Qu’est ce qui vous a amené à écrire des scenarios?
Je viens de Chicago. Mon parcours est passé par la production en télé et j’ai une formation de journaliste. J’ai déménagé à Los Angeles pour continuer l’écriture pour la télévision, mais cela a été un raté total. Désespéré, j’ai terminé dans l’écriture de film un peu par hasard.

Comment écrit-on un film?
Je pars d’une idée, et en parle avec mon partenaire producteur, Sunil Perkash, et quelques amis proches, répondant aux questions qui viennent. A partir de là j’écris un plan, en m’assurant que l’histoire tient la route à ce niveau-là, et de ce plan je pars pour écrire le scenario. Tous les jours je bois mon café et me plonge dedans, me forçant à travailler jusqu’à ce que je ne me sente plus coupable de ne pas travailler plus!

Comment est venue l’inspiration, l’idée de base pour Il était une fois, et combien de temps cela vous a-t-il pris de l’écrire?
Sunil Perkash et moi avons développé l’idée à partir d’un essai raté pour faire une version moderne de La Mélodie du Bonheur. L’histoire n’était pas plausible (étant donné que notre personnage principal se mettait tout le temps à chanter et débordait d’optimisme) jusqu’à ce qu’on fasse d’une jeune fille animée notre héroïne. Le script a été écrit en environ une année, vers 1997.

Comment avez-vous trouvé le bon studio pour réaliser votre script?
Sunil Perkash et moi avons d’abord présenté l’histoire à à peu près tous les studios de la ville, mais personne ne la saisissait, mais j’ai persévère et rédigé le script. Il a été choisi par six autres studios. Disney semblait être celui qu’il fallait, étant donnée la nature de l’histoire.

Comment s’est passé votre premier contact avec Disney?
Doug Short a été notre premier contact sur ce projet. Il a toujours eu un bon feeling et beaucoup d’affection pour l’histoire et ses personnages, et était incollable. Quand je suis revenu sur le projet après pas mal d’année d’absence, Doug et Jason Reed l’avait guidé en avant.

Comment était votre première version?
La première version était très similaire au film final. C’était dans l’essentiel la même organisation à Andalasia, la même histoire entre les personnages principaux Robert et Giselle. Le voyage, les relations, la collision entre la romance de conte de fée et le cynisme moderne n’ont pas changé. Le script original était un tout petit peu plus adulte, plus risqué, mais pas au point de perdre de sa douceur et de son espièglerie.

A ce niveau, quel genre de changement avez-vous fait pour l’améliorer?
J’ai effectivement retravaillé le script avant qu’il n’aille dans les mains d’autres auteurs. Le premier grand changement a été de localiser le film à New-York et d’introduire quelques uns des grands passages musicaux, comme celui du parc.


Avez-vous rencontré ou travaillé avec des réalisateurs avant que Kevin Lima ne soit choisi?
Non, je n’ai jamais rencontré de réalisateurs pour travailler avec eux avant que Kevin ne soit choisi. Je n'ai pas été impliqué dans cette étape. Ce n'est que plus tard, après plusieurs tentatives de scénario, que Disney m'a rappelé. Et ce n'est qu'après que je sois retourné sur le film et que mon scenario ait été approuvé que Kevin a été introduit dans l’équipe et que je l’ai rencontré.

Qu’avez-vous ressenti quand Disney vous a rappelé pour travaillé à nouveau sur Il était une fois?
J’étais très heureux d’avoir la chance de travailler sur le script et l’histoire, car cela m’avait toujours un peu tenté.

Comment avez-vous géré les différents scripts faits par les auteurs engagés par Disney?
Certains des auteurs engagés par Disney avaient de jolies idées. La meilleure d’entre elles, que j’ai pu incorporer, était de faire de Robert un avocat spécialisé dans les divorces. Alors qu’il avait dans l’idée d’insister sur le côté “célèbre” avocat, j’ai pensé qu’un avocat plus réaliste, qui doit gérer la peine et la douleur du divorce, donnerait quelque chose de plus drôle et dramatique avec Giselle. J’ai donc lu toutes les versions écrites. Certaines idées ont été incorporées, mais mon principal souci était de garder une histoire cohérente dans le ton et les personnages, comme si elle venait d’une seule voix et d’un seul point de vue.



Pour vous, quelle a été la scène la plus drôle à écrire?
La scène que j’ai préféré écrire était les retrouvailles entre le prince Edouard et Giselle dans l’appartement de Robert. Il y avait une très bonne dynamique. La récente évolution de Giselle contre la sincérité a capella d’Edouard, le tout accompagné de l’affection de Robert envers Giselle, et de ses espoirs.


Et quelle a été la plus difficile à écrire?
Kevin Lima et moi avons parlé de l’histoire sous toutes ses coutures, alors les difficultés rencontrées étaient trouvées, discutées et résolues dans ces réunions. L’écriture en elle-même, au milieu de tout ce travail, venait juste après.

D’après vous, quel est le personnage le plus drôle que vous ayez créé?
Giselle est ma préférée. Elle a toujours été le point de départ de toute l’histoire

Et le personnage le plus compliqué?
Pip, car comment faire pour écrire un dialogue avec un écureuil muet?


Quel message vouliez-vous que porte votre histoire?
Je pense que le cynisme est une émotion facile. C’est vraiment, dans le fond, une façade factice, et cela demande une personnalité forte pour rester idéaliste malgré tout. Beaucoup d’histoires qui parlent d’innocents trouvent leur humour au dépend de l’innocent. Je voulais vraiment écrire une histoire où l’humour est, en final, au dépend du cynique.

Avez vous une connexion, une relation particulière avec un des personnages?
Giselle. Je la trouve en tout point aussi drôle et joyeuse que la trouve le public. J’aime beaucoup Amy Adams, mais je suis probablement un peu amoureux de Giselle.

Ecrivez-vous de la même façon qu’il s’agisse d’une scène animée ou d’une scène réelle?
J’essaye d’écrire selon la réalité du monde dans lequel l’histoire prend place, c’est donc la même approche. Seule la réalité change.


Comment s’est passé la rencontre avec Kevin? Et comment avez-vous ensuite travaillé avec lui et son équipe sur les storyboard?
Ma première rencontre avec Kevin, c’était comme des retrouvailles entre deux fous de Disney depuis longtemps, mais qui ne s’étaient jamais rencontrés. Kevin et moi avons travaillé en tête à tête autour d’une table pendant tout un été, passant sur chaque scène de l’histoire et explorant tous les côtés humoristiques, dramatiques et visuels, en épinglant chaque petite histoire sur le mur. A partir de là j’ai retravaillé le script, en collaborant pour le côté artistique avec Kevin, et pour le côté storyboard avec les artistes, sur les divers passages du film.

Comment avez-vous travaillé avec votre producteur Sunil Perkash pendant tout le processus?
Sunil a été impliqué dans tous les aspects du film, à la fois dans le côté créatif, de la création de l’histoire et du script jusqu’au film final, et dans le côté production, du casting jusqu’au budget. C’est quelqu’un de rare, qui possède la force de beaucoup de producteurs.

Que garderez-vous de cette grande (et longue) expérience? Qu’est ce qu’elle vous a amené personnellement et en tant qu’auteur?
C’était sans hésiter ma plus satisfaisante expérience créative et professionnelle jusqu’à ce jour, ayant travaillé avec des personnes créatives et talentueuses, de notre réalisateur Kevin Lima, aux acteurs, en passant par nos fabuleux compositeurs, Alan Menken et Stephen Schwartz, et notre enthousiaste équipe. Tous ont collaboré pour transcender le projet au delà de tout ce que chacun aurait pu faire seul.
Pouvez-vous me parler de vos projets à venir?
Je travaille à nouveau avec mon partenaire et producteur Sunil Perkash. Nous avons un grand concept de comédie aux studios Paramount à propos d’un agent immobilier qui combat les forces du mal.

Merci à Chris Chase et à Angeline!

samedi, juin 07, 2008

TARZAN, LA RENCONTRE AU PARC DISNEYLAND: Entretien avec Vasile Sirli, Directeur de la Musique

Comme le soulignait la semaine dernière Christine Mellet, la musique a un rôle fondamental dans Tarzan, la Rencontre. C'est donc tout naturellement que nous nous sommes tournés vers le Maître, en la personne de Vasile Sirli, créateur de cette fabuleuse bande-spectacle aux côtés de Phil Collins et de toute l'équipe musicale du film, pour nous en dire plus.
Musique, Maestro!

Comment la production de la musique de Tarzan, la Rencontre a-t-elle été lancée?
A la sortie du film, il y a presque dix ans, l'idée a germé de produire des spectacles sur ce thème dans les différents parcs Disney. Disney's Animal Kingdom a imaginé un spectacle avec un orchestre rock live très dynamique. De mon côté, je me suis dit que, dans la mesure où notre spectacle à Disneyland Resort Paris pourrait durer plusieurs années, il serait délicat de maintenir toujours le même niveau de qualité musicale avec un orchestre live jouant plusieurs fois par jour sur une période assez longue. En fait, j'ai été vraiment ravi que Phil Collins interprète ses propres chansons dans cinq langues différentes, français, allemand, anglais, espagnol, italien. Quoi de plus européen que de conserver cela? C'était unique. Il n'avait jamais fait cela. J'ai donc proposé à Jay Smith, le Vice-Président Entertainment du parc à l'époque, de tenter d'avoir les bandes originales du film, de garder ainsi la voix de Phil Collins dans plusieurs langues et d'avoir ainsi la possibilité de réaliser une bande-spectacle enregistrée pour une production essentiellement basée sur la chorégraphie. A partir de là, j'ai fait une maquette à partir du cd du film, pour voir s'il était possible d'adapter les chansons pour notre spectacle, pour nos besoins scéniques spécifiques. L'extrait sur lequel j'ai plus particulièrement travaillé était Jungle Jazz (Trashin' the Camp) car c'était un morceau assez court que nous avons besoin de ralonger pour avoir le temps de rendre ce tableau plus interactif. J'ai fait cela sur mon ordinateur pour présenter notre projet à l'équipe américaine du film, le compositeur Mark Mancina et ses collaborateurs. Car mon idée était non-seulement d'obtenir le droit d'utiliser les bandes originales de Phil Collins, sa voix dans les différentes langues, mais en même temps de prolonger la production du film en faisant appel aux talents de la même équipe, mêmes orchestrateurs, mêmes arrangeurs, même orchestre, même chef d'orchestre, même ingénieur du son, afin d'avoir la même couleur et de ne pas sentir la différence entre la bande originale et son expansion pour nos besoins chorégraphiques.

Comment s'est passée la rencontre avec l'équipe du film?
Déjà, j'ai pris rendez-vous avec Chris Montan, le vice-président de la musique de Disney et producteur de la musique de Tarzan. Il a écouté ma maquette et a été séduit par l'idée. Il a immédiatement organisé un rendez-vous avec Mark Mancina à Los Angeles. Je me suis donc rendu à son studio. Je lui ai également fait entendre ma maquette et quelques minutes plus tard, nous avions l'accord d'utiliser les bandes originales du film pour notre spectacle! J'ai des souvenirs absolument magnifiques de cette collaboration car tout s'est passé simplement et avec beaucoup d'énergie et d'enthousiasme. C'était inattendu car c'était la première fois dans l'histoire des parcs Disney que nous collaborons ainsi avec les Studios en utilisant ce type d'enregistrement original, tiré du film. Nous avons donc enregistré à Los Angeles avec exactement la même équipe que le film: le chef d'orchestre Don Harper, l'ingénieur du son Frank Wolf, qui travaille sur tous les grands films. Même les copistes étaient les mêmes! Tout cela pour garder la couleur exacte du film. Puis nous avons ramené les bandes à Paris pour réaliser notre propre mixage grâce à Michael Obst ici au Studio, adapté à notre matériel et à Chapparal Theater. Le résultat a été très bien accueilli, tant par le public que par le compositeur Phil Collins. Ce fut le début d'une véritable amitié professionnelle. Nous sommes restés en contact et nous avons par exemple retravaillé avec Don Harper pour La Légende du Roi Lion à Vidéopolis.

Mark Mancina est connu pour son impressionnante collection d'instrument. J'imagine que vous avez dû la voir dans son studio à Los Angeles!
Quand on entre dans son studio, on est entouré par d'innombrables instruments, percussions et instruments à cordes. C'est comme une sorte de caverne d'Ali Baba dans laquelle la plus haute technologie cohabite avec toutes sortes d'instruments traditionnels venus des quatre coins du monde. On a l'impression que, si l'on est inspiré par quelque chose, il suffit de prendre un instrument et de se mettre à jouer. Les micros et les machines à enregistrer sont là. Tout est prêt pour créer. C'est un environnement de travail absolument merveilleux! Ce sont tous ces mélanges d'instruments, réalisés avec une très grande finesse, que l'on retrouve tout à la fois dans la musique du film et dans celle de notre spectacle.


Comment l'ensemble du spectacle a-t-il été conçu?
C'est un spectacle fidèle au film sans être le film. En regardant le spectacle, certains d'ailleurs s'y laissent prendre et pensent qu'il s'agit tout simplement d'une transposition du film sur scène, mais ce n'est pas du tout cela. C'est une version scénique de la musique du film. A tel point que je peux vous dire que Phil Collins est venu voir Tarzan, la Rencontre plusieurs fois et qu'il a été tellement enthousiasmé que cela l'a inspiré pour écrire la comédie musicale de Broadway tirée du film. En fait, notre spectacle a été écrit par le metteur en scène et chorégraphe Reed Jones, qui avait auparavant participé à Tarzan Rocks! à Disney's Animal Kingdom et a apporté un peu de cette énergie à Chapparal Theater, et qui est actuellement directeur créatif à Walt Disney World. Nous avons travaillé ensemble en partant de la structure de base du film. Ceci dit, Reed Jones savait exactement ce qu'il voulait avoir sur scène en fonction des possibilités et de la taille de notre scène et du timing propre au spectacle vivant. Il a pu donc me dire très exactement ce qu'il désirait en termes de transitions et de développements. Pour ce faire, j'ai collaboré avec Don Harper pour faire en sorte que toutes les articulations dramatiques proposées par Reed Jones soient, du point de vue musical, complètement intégrées dans la bande originale. Ce fut un travail d'une minutie extrême car nous avons travaillé à la mesure près et dans une totale continuité avec le travail de Phil Collins et de Mark Mancina pour nous adapter à la réalité de la scène et du jeu et des mouvements des artistes. Ce fut un travail complexe, mais vraiment réjouissant!


Avec tous nos remerciements à Vasile Sirli, Aurélie et Nathalie!

mardi, juin 03, 2008

LE MONDE DE NARNIA: LE LION, LA SORCIERE BLANCHE ET L'ARMOIRE MAGIQUE EN BLU-RAY: Entretien avec l'illustrateur Trevor Goring

Nous avions rencontré Trevor Goring lors de la sortie de Benjamin Gates et le Livre des Secrets. Illustrateur, artiste de storyboard, dessinateur de comics aussi à l'aise dans la science fiction que dans la fantasy, on lui doit une partie des concepts et des storyboards du Monde de Narnia - Chapitre 1 qui vient de paraître en Blu-Ray. L'occasion pour nous d'admirer certaines de ces oeuvres qu'il a bien voulu nous confier, et notamment son sublime Palais de Glace de la Sorcière Blanche, dont il nous "livre les secrets"...
Et n'hésitez pas à lire nos autres interviews "narniennes": avec Douglas Gresham, fils adotif de l'auteur des Chroniques, C.S. Lewis et co-producteur de la saga et Harry Gregson-Williams, le compositeur de ce premier chapitre (et du deuxième également!)


D'X-Men 2 aux Quatre Fantastiques, vous avez participé à de nombreux blockbusters dont Le Monde de Narnia. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Un jour mon agent m’a appelé pour me proposer un projet de film dans le genre « fantasy ». A l’époque où j’ai rencontré Andrew Adamson, je ne savais même pas qu’il s’agissait de Narnia. Et pourtant, le livre m’a accompagné pendant mon adolescence, à la même époque où j’ai lu Le Seigneur des Anneaux. Je suis arrivé très tôt sur cette production. A cette époque, c’est Grant Major qui était le production designer. Il avait fait Le Seigneur des Anneaux, puis il a quitté Narnia pour travailler sur King Kong. Andrew nous a laissé libres d’explorer différentes idées et nous avons réalisé toutes sortes de key frames et autres illustrations avant de nous lancer dans le storyboard. Andrew a vraiment tenu à ce que tout le film soit storyboardé et ce sont nos dessins qu’il a fait monter et par dessus lesquels il a fait enregistrer les voix des différents personnages pour constituer une version complète du film en storyboard, un « storyboard reel ». Tout cela devait être fait avant le tournage, pour savoir exactement ce qui devait être fait car c’était un film extrêmement cher et tout devait être soigneusement préparé pour ne pas perdre de temps. En ce moment, je suis au milieu de la production de l'Odyssée du Passeur d’Aurore. J’y travaille depuis l’année dernière, avec une pause depuis mi-décembre, au moment où la grève des auteurs a mis toute la production au point mort, mais nous espérons repartir en mars. Pour ce troisième film, ce sera un autre réalisateur, Michael Apted.







J’ai été particulièrement impressionné par votre concept du château de la Sorcière Blanche !
Je suis heureux que vous l’ayez remarqué ! Je l’adore, moi aussi ! C’est d’autant plus regrettable que dans le film il n’y ait qu’un seul plan sur cet extérieur ! Je dois dire que nous avons dessiné à peu près une centaine de versions différentes de ce château et je suis très satisfait de la mienne ! J’aime tout particulièrement le dessin que j’en ai fait en noir et blanc. C’est une technique que j’avais déjà abordée sur Final Fantasy : The Spirit Within. Je fais d’abord une esquisse dont je fais un négatif à la photocopieuse. De cette manière, toutes mes traits deviennent blancs et je peins à la gouache par dessus. Puis je refais une photocopie sur laquelle j’ajoute la couleur. J’ai un excellent souvenir de Final Fantasy. En fait, nous étions huit artistes de storyboard, et ils nous ont tous amenés à Hawaï pour travailler là-bas !




Comment se fait-il que vous n’ayez pas travaillé sur Prince Caspian, le deuxième chapitre de la saga du Monde de Narnia ?
Je n’ai pas pu car à cette époque, j’étais en Australie pour L’Âge de Cristal avec Brian Singer. Comme vous le savez, le projet a été mis en suspens et c’est quelqu’un d’autre qui doit le réaliser. En ce qui nous concerne, nous étions quatre à travailler sur la prévisualisation du film, dont nous avons réalisé 35 minutes. C’était fantastique ! Il y avait là le même production designer que pour Superman Returns, Guy Dyas (qui a aussi travaillé sur le dernier Indiana Jones). Mais cela aurait coûté trop cher. C’est la raison pour laquelle le projet n’est pas allé au bout.

Sur quoi travaillez-vous actuellement?
J'ai commencé une version en prises de vue réelles d'Akira pour Warner Brothers. Là aussi, il y a eu un problème au niveau de l'histoire et il a fallu la réécrire. Sinon, je pense travailler sur un film d'horreur en 3D qui devrait être tourné par une nouveau studio qui est en train d'être construit en Espagne…




Storyboards du Monde de Narnia - Chapitre 1 par Trevor Goring






Avec toute notre gratitude envers Trevor Goring. All artwork (c) Disney/ Walden Media reproduits avec l'autorisation de l'artiste. Tous droits réservés.