lundi, mars 07, 2011

BAMBI EN BLU-RAY : Entretien ave Donnie Donagan, la voix originale de Bambi

Votre premier rôle a été dans le film “Bonheur en location” en 1938.
Quels souvenirs gardez vous de cette première expérience?

C’était très amusant. J’ai des souvenirs très précis de cette époque. D’abord, ça a sorti mes parents de la situation économique désastreuse de 1938. J’ai ressenti une grande fierté d’avoir aidé à changer ça. Walter Brennan était comme un grand-père pour moi. Ruby Keller était une adorable reine. Je pense qu’elle était juste gracieuse et gentille au naturel. Fay Bainter a contacté ma mère plusieurs fois après la sortie du film, et nous sommes allions dans des hôtels pour diner avec elle et les autres. Je n’ai pas de souvenirs particuliers avec les autres.

Comment avez-vous été choisi pour le rôle du jeune Bambi?

M. Disney m’avait vu dans d’autres films, et il avait vu des photos. Il voulait utiliser mes yeux et mes expressions de visage pour aider à l’animation du petit Bambi. Alors il a appelé ma mère à Westwood, près de l’université de Los Angeles UCLA, et lui a dit qu’il aimerait que je vienne aux studios et que l’on discute de la possibilité que je sois le modèle facial pour l’animation d’un petit faon. Ma mère était très enthousiaste. Nous avons ri alors que j’essayais de ressembler à un faon. Depuis l’âge de quatre ans et demi, j’ai été dans les films suivants: En 1938 “Bonheur en location” dans le rôle de Peter. En 1939 “Le fils de Frankenstein”, toujours dans le rôle d’un Peter, “Fixer Dugan”, “Forgotten Women” et “La tour de Londres” dans le rôle du prince Richard. En 1940: “Vigil in the night”. En 1941: “Meet the Chump” et enfin “Bambi” en 1942.

Pour quelles raisons pensez-vous que Walt Disney vous a choisi?

On m’a dit que c’était en particulier mes yeux et les expressions que j’avais dans les autres films, et bien sûr j’ai eu beaucoup de chance.

A l’époque, comme il n’y avait pas autant de dessins animés qu’aujourd’hui, quel genre de travail vous attendiez-vous à faire quand vous avez appris que vous aviez le rôle du jeune Bambi?

Ma mère et moi n’avions aucune idée de la façon dont un film d’animation était tourné. Je l’ai appris par les médias dans lesquels la nouvelle avait été publiée, que M. Disney m’avait choisi comme modèle pour le faon. Avant de nous rendre aux studios, ma mère et moi avons blagué sur le fait de mettre des peaux de faons et de marcher à quatre pates.

Combien de temps cela a-t-il pris d’enregistrer la voix de Bambi?

Je ne me rappelle plus trop. Ma mère m’a accompagné au moins 4 fois dans le trafic de Los Angeles. Chaque séance d’enregistrement ne durait pas plus de 2h.

Avez-vous tourné des scènes live de référence pour le film? Avez-vous servi de modèle pour un animateur?

Pas d’action live. A l’origine, en tant que visage modèle, ceux que j’appelais à l’époque “les monsieur du dessins” (les animateurs) s’installaient autour de moi et me demandaient de faire un visage “heureux”, “triste”, de regarder vers le haut, etc... Après on a travaillé sur le doublage.

Pouvez-vous nous parler de ce qu’était le travail aux studios Disney à la fin des années 30?

C’est mon meilleur souvenir de jeunesse. Des 6 films auxquels j’ai participé, certains avec des stars à l’affiche, même celui dans le rôle d’un voyou, rien n’a été aussi excitant que de travailler sur Bambi, pour un gamin comme moi qui voulait jouer au baseball. Quand j’ai passé le casting pour Bambi, j’était si enthousiasme que j’en ai complètement oublié le baseball.

Avec qui travailliez-vous quand vous enregistriez vos lignes?

C’est une question intéressante à laquelle j’aimerai répondre très précisément. Je vais être franc, et je vais d’abord vous dire qu’un monsieur très gentil qui était adorable avec moi et ma mère m’aidait avec mes lignes et mon script. Mais je n’avais aucune idée de l’histoire générale, et je n’avais jamais vu une seule biche. A l’âge de 6 ans, je n’étais jamais blasé ou impoli avec qui que ce soit, mais ma mère et ce monsieur pouvaient deviner quand j’étais ennuyé par toutes ces nouveautés, lors de ma première séance. Ensuite, une dame adorable m’a emmené moi et la petite fille qui jouait la fiancée de Bambi dans une petite pièce et nous a expliqué toute l’histoire, avec un livre et quelques dessins. Ma mère m’a emmené dans un zoo, le zoo de Los Angeles je pense. J’ai vu un cerf. Il m’a paru ennuyeux et paresseux. Ma mère m’a demandé de ne rien dire sur les cerfs paresseux aux studios, et c’était un sage conseil. Je n’ai jamais rencontré l’autre doubleur qui a mis tant de rires et de charme dans les personnages de Bambi, dont Pan-Pan.

Quelle est la scène de “Bambi” dont l’enregistrement vous a laissé le meilleur souvenir?

Quand Pan-Pan m’apprend (à Bambi) un mot pendant l’apprentissage de la parole, c’était “fleur” ou “oiseau”, et j’ai commencé à rire pendant les répétitions, et cela a ralenti le processus.

Avez-vous une citation préférée dans ce film?

C’est quand Fleur dit “Ce n’est pas grave, il peut m'appeler Fleur si il veut”. J’ai vu des enfants comprendre très bien le sens de cette phrase. Elle dit beaucoup de choses si on l’écoute bien.

A quel point avez-vous collaboré avec Walt Disney et les artistes Disney?

J’ai vu Walt Disney beaucoup de fois. Nous avons discuté au moins à trois occasions dont je me souvienne clairement. Cela l’intéressait qu’on ait dit dans la presse que je lisais des clips d’actualités à l’âge de cinq ans. C’était un leader, dans tous les sens du terme. Il aidait, coachait, riait, et même le gosse que j’étais à l’époque pouvait sentir qu’il était sincèrement respecté par les gens de la production du film. Ce n’était pas toujours le cas dans les autres studios quand “le boss” était dans les parages. M. Disney était la classe incarnée. Dans la moitié de mes six précédents films, j’ai été amené à comprendre la différence entre l’équipe et les acteurs, la façon dont ils se comportaient en présence du boss. La plupart craignaient que le Boss ne viennent et critique l’avancement du travail. Ce n’était pas comme ça avec M. Disney. Ce n’était que des réactions positives, à chaque fois, des employés, des “monsieur du dessin”, tout le monde disait “Le voilà, demandez à Walt, il vient...Il saura quoi faire, Walt est là, montrez lui cela...”. C’est à cela qu’on reconnait les vrais leaders. Il a construit une entreprise importante dans un temps de crise économique en Amérique, et les employés de Disney étaient sa famille. C’était un plaisir d’être aux côtés de M. Disney. J’ai l’impression qu’il n’y avait pas beaucoup d’enfants aux studios, avant de travailler sur du doublage. Tout le monde était génial. Mais il y avait une exception, un seul homme, que j’appelais “grognon”. Une fois je l’ai arrosé avec un pistolet à eau, et cela m’a apporté des ennuis. Disney a gardé m’a confisqué mon pistolet à eau, qu’on m’avait donné sur le plateau de “Frankenstein” à noël 1939. Ils l’ont toujours, j’aimerais bien le récupérer.

Comment les artistes Disney ont-ils réussi à vous impliquer dans un univers que vous n’aviez vu que sur des images statiques? Comment vous ont-ils inspiré à donner vie à votre personnage?

Il y avait des coach qui m’indiquait sur quel ton dire telle ou telle phrase, mais personne n’a jamais tenté de changer mon âge ou ma voix naturelle. M. Disney voulait que de vrais enfants jouent les enfants de la forêt. Un exemple amusant est la scène ou Bambi est embrassé par une biche. Bambi est caché dans un fourré, il a honte, il se sent bête. Les “monsieur du dessin” m’ont demandé d’être comme si quelque chose de très mal venait de m’arriver et que j’étais en colère. A ce moment-là je m’amusait comme un fou, j’ai donc eu beaucoup de mal à faire ma “tête triste”. Les artistes qui dessinaient Bambi attendaient que je sois près pour faire mieux. Alors, un d’eux m’a demandé de penser à un mauvais souvenir, si on m’avais puni récemment ou si j’avais mangé quelque chose de mauvais. Je leur ai dit que ma maman m’avais donné quelque chose qui s’appelait de l’huile de ricin la semaine passée, et que c’était très très mauvais. “Donnie, faut comme si on venait de te donner une double dose d’huile de ricin”. Je l’ai fait, j’ai crispé mon visage et mes yeux se sont emballés. Alors la prochaine fois que vous voyez cette scène dans “Bambi”, le baiser dans les fourrés, vous pouvez pensez à de l’huile de ricin.

Etiez-vous à la première du film?

Oui. En 1942, ma mère m’a emmené dans ce que j’ai pris pour une ville déserte de la banlieue de Los Angeles. J’étais bouche bée. J’étais malin, je pensais avoir tout compris. J’avais tord. Rien n’aurait pu me préparer au spectacle fabuleux, à l’histoire magnifique et sensible qu’est Bambi. Ma mère a pleuré.

Avez-vous aimé “Bambi” la première fois que vous l’avez vu?

Je l’ai adoré. La première fois, je n’arrivais pas à croire qu’il était possible de faire une animation et des décors comme ceux de “Bambi”. En grandissant, j’ai entendu des gens en parler sans savoir que j’en faisais partie. J’ai compris plus tard que M. Disney m’a donné l’opportunité de faire partie d’une histoire d’amour universelle. Je lui dois beaucoup.

Pourquoi pensez-vous que “Bambi” est traversé le temps?

Le niveau de l’animation en 1942 était très haut. Mais il s’appuie aussi sur une histoire qui est réaliste dans le cycle de la vie. Regardez les émotions de Bambi. Il est sur la falaise avec son père, qui lui lègue la responsabilité de toute la forêt. Ensuite, après beaucoup d’humour, de rires, d’amour, d’aventures et de courage, la vie continue. On peut tous se reconnaître un peu dans l’histoire de Bambi.

Quel est votre message préféré dans “Bambi”?

“Bambi” est une histoire de vie réaliste, qui parle d’humour, d’aventure, de courage, de dangers, d’émotions et de rires. Comme sa bande originale, “Bambi” est une chanson qui ne finira jamais. Bambi est un personnage unique dans le sens où il a adopté des valeurs humaines différentes, celles du rire, des émotions de vie que personne d’autre dans ce monde n’a ressenti ou vu. C’est vraiment un plaisir de voir ce film en Blu-ray. Mes enfants, mes petits-enfants et mon voisin de 88 ans ont tous vu et savouré l’histoire. C’est un conte vivifiant qui est un classique toujours aimé. M. Disney avait insisté pour que tous les décors soient fait en peinture à l’huile plutôt qu’en habituelle peinture à l’eau. Ce sont ces visuels d’origine de “Bambi” qui permettent à la technologie Blu-ray de vous plonger dans l’histoire quand vous la regardez.

Un mot de la fin?

“Bambi”, l’édition Blu-ray Diamant va passer cette histoire à beaucoup de générations, avec des couleurs jamais vues auparavant. C’est, après tout, le sens visuel du Grand Classique que M. Disney avait pour “Bambi”, toujours jeune après 70 ans. “Bambi” est rempli d’émotions et de joies que nous connaissons tous dans nos vies. C’est le lien magique entre nous et Bambi. Nous sommes là, dans la forêt, avec lui et ses amis. Merci d’avoir permis à un vieil amoureux de Disney de partager cela avec vous.





Immense merci à Angeline pour sa traduction!