mardi, septembre 25, 2012

CENDRILLON EN BD : Entretien avec le chef d'orchestre JAC Redford

 

JAC, vous êtes le compositeur d'OLIVER & COMPANY et vous avez dirigé le nouvel enregistrement de la musique de CENDRILLON en 1995. Quelles furent les circonstances de la  production de cet album ?
J'ai été contacté il y a une quinzaine d'années pour apporter ma contribution à ce projet, que ce soit en tant que chef d'orchestre, mais aussi arrangeur et orchestrateur. Rien n'était définitif : on se demandait à l'époque si nous allions enregistrer la totalité de la partition ou bien une partie, sous forme de plages séparées et/ou sous forme de suite. J'ai été très heureux qu'on fasse ainsi appel à moi car je trouve que c'est une musique merveilleuse et qu'avoir la chance de pouvoir la jouer avec un grand orchestre fut une grande opportunité.

A partir de quelles sources avez-vous travaillé?La Disney Library m'a envoyé des fac similes de la partition originale. C'est remarquablement écrit! De fait, je n'ai finalement pas eu grand'chose à réécrire en tant qu'orchestrateur et arrangeur car les morceaux étaient parfaits tels qu'ils étaient.

Qu'est-ce que vous aimez tout particulièrement dans cette partition?J'ai toujours apprécié la capacité des compositeurs de cette époque de moduler vers n'importe quelle tonalité à n'importe quel moment, sans jamais porter atteinte à la fluidité et à la musicalité de l'ensemble.

Quelle fut votre approche en tant que chef d'orchestre?
Il s'agissait de re-créer la musique de CENDRILLON. Seulement, la plupart des re-créations que je connaissais faisaient toujours pâle figure face à l'original. J'ai donc voulu rester fidèle à l'original, tout en donnant à cette nouvelle interprétation sa propre vie. La version gravée possède sa propre intégrité en tant qu'exécution. Il s'agit simplement de bonne musique. Par conséquent, je n'ai pas essayé de retrouver exactement le même tempo, entre autres. C'est une nouvelle version, contemporaine, avec sa propre vitalité.

Quelle est votre relation personnelle à CENDRILLON?
Je me souviens très bien de la première fois que je l'ai vu, étant enfant. Je me revois assis dans le cinéma. C'était à la fois merveilleux et magique. A l'époque, je ne faisais pas de différence entre l'animation et le réel. Pour moi, c'était tout simplement une belle histoire, bien racontée. De plus, j'ai toujours été un romantique, ce qui fait que cette histoire d'amour a tout de suite eu une résonance toute particulière en moi!

Quelle était la composition de l'orchestre?
En ce qui concerne les cuivres et les bois, nous avons respecté à la lettre ce qui est stipulé sur la partition originale. Par contre nous avons ajouté quelques cordes. Il faut dire que entre la musique de film et la musique classique il y avait, dans les années cinquante, cette tradition très forte du théâtre musical, que ce soit à l’opéra ou à Brodway. Mais dans les deux cas, les orchestres étaient plus petits que des orchestres symphoniques. De fait lorsque la musique de film est devenue un art à part entière, il y a fort à penser que les artistes avaient toujours en tête ce genre de petit orchestre pour accompagner ce qui se passait à l’écran. Leur but, n’était pas, à l’époque de faire des choses aussi massives qu’aujourd’hui. Actuellement, l’orchestre symphonique ne suffit même plus, à tel point qu’il faut faire appel à des synthétiseurs pour le renforcer. Mais je pense qu’il y avait un équilibre naturel dans les années cinquante entre la musique et les dialogues, et la sensibilité qui a donné lieu à cet équilibre venait tout droit du théâtre musical. Ceci dit, nous avons opté pour une esthétique légèrement plus symphonique qui répond plus aux besoins actuels sans pour autant renier les influences originales.

Quand vous dirigiez CENDRILLON, aviez vous les images du film en tête ?
Absolument, d’autant plus que tous les morceaux portent un titre différent qui renvoit au film. Si comme moi vous avez vu CENDRILLON plusieurs fois et qu’elle fait autant partie de votre vie, vous ne pouvez que voir défiler le film dans votre imaginaire tandis que la musique se déroule devant vous. Cependant, si vous me demandez si nous avons visionné certaines scènes avant ou pendant l’enregistrement, la réponse est non, pour les raisons interprétatives que nous avons évoquées tout à l’heure. Nous avons traité la musique comme de la musique pure.

Vous qui la connaissez sur le bout des doigts, comment décririez-vous la partition de CENDRILLON ?
C’est une partition totalement en phase avec son temps, dans la mesure où elle répond de façon très spécifique à l’action qui se déroule à l’écran. Les compositeurs ont créé une sorte de vocabulaire, de répertoire de figures musicales, rythmiques ou harmoniques propres à cette histoire. C’est une approche très différente de ce qui se pratique aujourd’hui en musique de film : il s’agit plutôt de créer une ambiance. CENDRILLON est l’un des exemples les plus remarquables du talent des compositeurs de cette époque pour capter l’essentiel d’une scène au niveau de l’action sans jamais rogner sur la qualité musicale de leur travail. Jamais on n’a l’impression qu’un geste musical est fait pour rien, sort de nulle part. Mais en même temps, tous ces éléments sont tissés entre eux avec un tel savoir-faire et un tel sens artistique que l’on a l’impression que tout s’exprime naturellement en musique. C’est incroyable de penser qu’un esprit musical a su gérer autant d’informations à la fois. Parfois dans les cartoons, on trouve des effets du genre : une note jouée au glockenspiel quand un personnage a une idée. Mais dans CENDRILLON, rien d’aussi caricatural ni systématique. L’approche des compositeurs est bien plus organique. C’est une façon de faire qui n’a plus vraiment l’assentiment de la critique, aujourd’hui. Elle fait partie de l’histoire de la musique de film et la majorité des compositeurs de la nouvelle génération serait incapable de faire des choses comparables. La raison de cette différence tient, je pense, au fait que les compositeurs de cette période avaient encore une formation classique complète. Pour eux, la musique était encore une véritable forme de discours, une chaîne d’idées avec un début et une fin. Le résultat, c’est que l’on peut vraiment suivre l’histoire dans le détail simplement par la musique. C’est ce qui fait que la musique de CENDRILLON est immédiatement reconnaissable : elle a été taillée sur mesure et ne ressemble à aucune autre.



Ne retrouve t-on pas néanmoins cette qualité d’écriture chez des compositeurs d’aujourd’hui tel Alan Menken ?
Oui, je le crois. Il nous vient du théâtre musical, ce qui fait qu’il est toujours en phase avec cet héritage. Je l’ai d’autant plus ressenti que j’ai moi-même dirigé LA PETITE SIRENE. Tom Pasatieri et moi avions fait OLIVER & COMPAGNIE juste avant, et Disney a voulu que nous prêtions notre concours à Alan pour sa toute première musique de film. Nous avons apporté notre connaissance des techniques de dessins animés, notamment au niveau du timing, mais pour le reste je peux témoigner qu’Alan était totalement pétri de l’art des compositeurs de l’époque de CENDRILLON. Il en était pleinement conscient et son approche en la matière était totalement délibérée. Il voulait écrire une musique de dessin animé classique dans l’esprit de CENDRILLON, et il y est brillamment parvenu.

Quelles influences classiques avez-vous ressenti dans CENDRILLON ?
J’ai ressenti des connexions importantes avec le CASSE NOISETTES de Piotr Illitch Tchaïkovski. Les compositeurs de CENDRILLON ont réalisé des développements thématiques tout à fait comparables à ce qu’il a fait sur sa musique de ballet. On y retrouve le même type de variations et la même approche de la danse.

Il semble également y avoir des éléments inspirés de la BELLE AU BOIS DORMANT. Les dissonances de la scène dans laquelle Cendrillon est dépouillée de sa robe de bal par ses belles sœurs ne sont pas sans rappeler celles du thème de la sorcière, repris en 1959 par Georges Bruns pour Maléfique.Je revois bien cette scène de LA BELLE AU BOIS DORMANT dans laquelle Maléfique monte des escaliers pour préparer le rouet qui causera la chute d’Aurore. On y entend bien une petite mélodie insidieuse jouée au cor anglais et au hautbois, et je ne peux m’empêcher de penser alors à la scène que vous évoquez dans CENDRILLON.

CENDRILLON est basé sur une palette colorée très précise, opposant les roses et les bleus féminins aux jaunes et aux rouges masculins. Pouvez vous nous parler de sa partition du point de vue des couleurs ?Le fait est que les compositeurs de CENDRILLON ont su développer une impressionnante palette de couleurs. Tous les instruments sont utilisés à leur avantage. Vous savez l’art de l’orchestration ne se limite pas à la connaissance de la tessiture de chaque instrument. Il s’agit également de connaître la personnalité de chacun comme s’il s’agissait d’une personne. C’est connaître les figures où il sera le plus à l’aise ainsi que toutes les combinaisons possibles avec les instruments de sa communauté, l’orchestre. De ce point de vue là, la partition de CENDRILLON se situe dans la grande tradition de la musique de film allant de Wolfgang Korngold, à Jerry Goldsmith en passant par Bernard Herrmann et John Williams. Sans vouloir paraître passéiste, je dirais une fois de plus que cette tradition est de plus en plus rare aujourd’hui. Les couleurs orchestrales ne sont plus empruntées au classique mais à la pop ce qui réduit considérablement la palette sonore.


Dans quelle mesure la musique de CENDRILLON vous a inspiré dans votre propre travail ?Du point de vue des couleurs d’une part, comme nous l’évoquions tout à l’heure, mais surtout du rapport à l’image. C’est un héritage qui faisait partie de moi, avant même que je ré enregistre CENDRILLON. Prenez par exemple mes musiques pour la série St. ELSEWHERE ou chez Disney LES PETITS CHAMPIONS 2 et 3. Mon traitement musical n’aurait pas été différent s’il s’était agi d’un dessin animé, en intégrant l’action à la musique. Je pense que cela m’a coupé de certaines productions, d’ailleurs.

CENDRILLON vient de sortir en Blu-ray. Comment expliquez-vous cet indéfectible succès ?
L’esprit humain a besoin qu’on lui raconte de belles histoires et toutes les belles histoires sont basées sur des modèles forts, religieux ou mythologiques. La recherche de l’amour fait partie de ces histoires éternelles. Le déconstructivisme a tenté de démontrer le contraire, mais finalement l’homme ne peut échapper au besoin, voir à la nécessité de se raconter, que ce soit à travers le cinéma ou la musique. Et cela est tellement évident et tellement fort dans CENDRILLON que ce film résonne au plus profond de chacun de nous dans ce que nous avons de plus essentiel.

jeudi, septembre 13, 2012

LES 101 DALMATIENS EN BLU-RAY: Entretien avec William Leven, le fils du compositeur de "Cruella DeVil"


Pouvez-vous me parler des débuts de votre père?
Il a commencé à jouer du piano quand il avait environ huit ans. Il a écrit sa première chanson alors qu’il était un petit garçon de huit ou neuf ans je pense. Il a toujours été dans la musique. Petit, il a été ouvreur dans un grand théâtre de Chicago, donc il fut un enfant de la Dépression. Il devait travailler comme tout le monde, et même s’il écrivait des chansons, il devait gagner sa vie. Ce qui est arrivé, c’est que le temps a passé, papa a rencontré maman, il était dans l’armée de l’air donc ils ont voyagé aux quatre coins du pays. Et même avec cela, il écrivait toujours. Un jour ma mère a dit: “Pourquoi tu ne quittes pas ton boulot? On irai à Hollywood pour voir ce qu’on peut faire?” Et c’est ce qui est arrivé.

Pourquoi ont-ils choisi d’aller à Los Angeles plutôt qu’à New-York, qui était aussi un endroit important pour les compositeurs, particulièrement du côté de Tin Pan Alley?Vous touchez un point intéressant. Et bien, il savait tout simplement que la plupart du show business se trouvait là bas. Et il aimait la Californie, le climat. Il y avait beaucoup de compositions qui se passaient là bas, et pas mal de compositeurs célèbres se trouvaient à L.A. à l’époque. Si vous vous souvenez bien, L.A. était très connue pour sa musique et beaucoup de studios d’enregistrements se trouvaient sur la côté ouest. Une des choses que Papa a faites, et je m’en souviens très bien… c’est qu’il n’avait pas de piano. Il ne pouvait pas se le permettre. Alors il jouait et présentait toutes se chansons sur un ukulélé. Il parcourait la ville, et je me souviens qu’il partait très tôt tous les matins et ne revenait pas avant la fin de l’après-midi. Il allait chez tous les éditeurs, présentait ses chansons, en écrivait d’autres. Cela a continué pendant des années et des années. Il y a eu des succès. Il a écrit de formidables chansons pour Nat King Cole comme Tell me All About Yourself. A cette époque, Nat était avec Mercury Records. Et bien Papa a écrit la chanson qui allait être leur chanson phare, et la semaine qui a suivi, Nat King Cole est parti chez Capital. Et Capital n’a rien fait de cette chanson qui était pourtant incroyable ! Il a également écrit pour les shows de Jerry Lewis. Il a écrit pour beaucoup de monde.


Il a beaucoup écrit dans le style jazz. Pouvez-vous me parler de son amour du jazz?Ayant grandi à Chicago, il a connu beaucoup de grand clubs de jazz. Je me souviens qu’il allait dans tous ces clubs pour voir tous les grands musiciens de jazz. Papa m’a dit de nombreuses fois que dans les années 20, il trainait autour d'un de ces clubs de jazz et il a vu Al Capone y rentrer. C’était la grande époque ! Papa était vraiment un aficionado de la bonne musique. Il n’avait pas de réelle éducation musicale jusqu’à son départ pour Los Angeles, où il est allé à l’école de musique Westling, et obtenu son diplôme. Mais avant cela, il faisait tout à l’oreille. Il a apprit seul à jouer et écrire des chansons.

Quels étaient ses sujets favoris pour ses chansons?Papa, en plus d’être en bon compositeur de chansons, adorait également la nature. Il était une personne d’extérieur. Et pas seulement d’extérieur, mais l’extérieurs accompagné d’enfants vous voyez? Alors, il a écrit beaucoup de choses pour Disney qui s’adressaient aux enfants pour des émissions Disneyland comme Little Ranger. En fait, pour tout dire, aux Etats-Unis, il y a deux fêtes que quelques villes célèbrent. L’une d’elles est Hinckley Ridge. Tous les ans, les buses sont de retour en ville, et papa a écrit une chanson là dessus, qui est devenue leur chanson phare. Tous les ans, les enfants défilent dans les rues et la chantent ! Il a également écrit une chanson sur la migration des papillons, et à leur retour en ville, les enfants paradent en la chantant. Il y a longtemps, il a composé des chansons pour une série appelée The Big Blue Marble.



Comment est-il arrivé dans le monde de l’animation?C’était au tout début. Dans les années 50, UPA était un groupe avant-gardiste d’animateurs à Hollywood. Ils avaient beaucoup de gens très très talentueux. En fait, ils ont entendu parler de papa et ils l’ont appelé pour travailler avec lui. Papa a écrit deux chansons pour deux courts métrages qu’UPA faisait, et les deux ont été nominés pour des Oscars. Il s’est spécialisé dans les sujets mignons. Il avait un grand sens de la langue anglaise et était capable de tourner une phrase de façon parfaite. C’était donc un bon parolier.

En fait, parfois, comme sur Babes In Toyland, il était indiqué comme parolier, et non compositeur.C’est vrai. Sur Babes In Toyland, Papa n’a fait que les paroles. Alors que sur Les 101 Dalmatiens, toutes les musiques sont de lui.

Comment votre père est-il arrivé chez Disney?Par le bouche à oreille. Ils avaient entendu parler de lui. Certains des animateurs avec qui il travaillait chez UPA travaillaient à cette époque chez Disney, et ils ont suggéré à Walt de le contacter !

A l’époque Disney, Mel Leven a beaucoup travaillé avec George Bruns.George Bruns a fait la plupart des orchestrations des chansons de Papa et je crois que Papa appréciait! Il avait de bonnes relations de travail avec tout le monde.

Il a également travaillé avec la légende Disney Ward Kimball.
Tout à fait, et j’ai rencontré Ward Kimball à plusieurs reprises. En fait, j’ai même été chez lui. Il était un grand collectionneur de trains miniature, et avait beaucoup d’antiquités et autres objets de ce genre. Je vais vous raconter une anecdote. Une des choses que Disney a faites et qui avait bouleversé Papa était qu’ils avaient mis le nom de Ward Kimball sur une de ses chansons alors qu’il n’y avait pas du tout collaboré. Walt Disney n’aimait pas qu’une seule personne travaille sur un projet et en récolte tous les crédits. Mon père, même s'il aimait beaucoup Ward Kimball, a été très marqué par cette histoire.

Quel âge aviez vous quand votre père est venu chez Disney?
Je crois que j’étais au collège. Je devais avoir dans les douze ans si ma mémoire est bonne.

Alors, cela fait quoi d’avoir son père qui travaille chez Disney?
Et bien j’en étais très très fier! Papa était quelqu’un de simple. Il était un homme tout à fait normal, mais nous étions tous très fiers de lui. Vous savez, en plus d’être un grand compositeur, une des choses que papa a fait chez Disney était d’enseigner aux enfants le grand air et la nature. C’est pourquoi ses chansons sont très liées à la nature. Cela faisait partie de lui. Il était un pêcheur exceptionnel et quand il a pris sa retraite, il passait le plus clair de son temps à pêcher. Mais il écrivait toujours. En fait, quelques semaines avant son décès, il a proposé cinq chansons à Disney. Il a écrit jusqu’à la toute fin, assis à son piano pour composer !


Jouait-il ses chansons pour Disney à la maison?Absolument. En fait, papa, quand j’étais petit, je l’écoutais souvent jouer et il disait : « Viens ici un instant. Que penses-tu de ça ? ». Et il me jouait des chansons qui plus tard finissaient à la radio !

Que vous rappelez-vous du temps où votre père travaillait sur Les 101 Dalmatiens?
En fait, une des chansons dont papa était très fier était la publicité Kanine Krunchies que les chiens chantent. Il aimait ce petit air. Cela ne lui a pris que quelques minutes de l’écrire et la donner à Walt, qui a approuvé l’idée. Et c’est devenu cet adorable petit air que les chiens chantent en regardant la télé.

Pouvez vous me parler de la chanson la plus célèbre, Cruella de Vil?
Une anecdote très intéressante est que papa avait préparé deux versions de Cruella de Vil pour les chanter à Walt. Il y a eu un léger retard d’environ quinze minutes le jour de son rendez-vous avec Walt, et Papa n’était pas content de ses deux versions, il en voulait une autre. Pendant l’attente de quinze minutes, au piano de la salle d’attente, il a écrit une version blues, et c’est cette version que Walt a aimé, et qui est devenue célèbre à travers le monde!



Votre père ne travaillait pas seulement en musique, n’est-ce-pas?
Pendant longtemps, et beaucoup de personnes l’ignorent, papa a fait des doublages. Il était la voix des grains de café Folgers, et de Crackle pour Rice Crispies.

Quel est la chanson de votre père que vous préférez?Je vais vous le dire, c’est une chanson qui n’a jamais été publiée. C’est la plus belle de toutes celles que j’ai pu entendre dans ma vie. Les paroles étaient de mon père et l’air a été écrit par un de ses collègues. La chanson s’appelait Met You Once Before. C’est une mélodie vraiment charmante.

S’il y avait une chose que vous voudriez que les gens retiennent de votre père, ce serait quoi?En fait, la meilleure façon de le résumer, c’est de dire qu’il aimait les gens. Il a donné beaucoup de sa personne pour çà. Il aimait les enfants, il leur apprenait à bien se comporter. Mon père était un écologiste bien avant que cela ne devienne quelque chose de populaire. Il n’y a pas une façon de bien résumer mon père. Il aimait la vie, les enfants, et la beauté de la vie.

Avec nos plus vifs remerciements à Bill Leven pour cet entretien et pour les photos de son papa (tous droits réservés), ainsi qu'à Angeline pour sa traduction!

mercredi, septembre 05, 2012

LES 101 DALMATIENS EN DVD: Entretien avec Lisa Davis, la voix originale d'Anita


Pouvez-vous me raconter comment vous êtes devenue l'Anita de Walt Disney ?C’est Walt Disney qui est à l’origine de mon départ d’Angleterre. Je suis née à Londres et j’ai grandit dans le show-business londonien, entourée notamment d’un français très très célèbre avec qui j’ai passé le plus clair de ma jeunesse, Stéphane Grapelli. C’était Django Reinhardt, Stéphane Grapelli et le « hot club » français. J’ai grandit entourée de ces gens. Cependant, Walt Disney m’a fait venir d’Angleterre quand j’avais environ douze ans pour travailler sur un autre film qu’il faisait à l’époque : Alice au Pays des Merveilles. Mais il ne l’a pas fait comme il l’avait prévu. Il prévoyait à l’époque une Alice réelle entourée de personnages animés. Alors il m’a renvoyée en Angleterre, mais j’avais décidé de revenir en Amérique un jour, et c’est ce que j’ai fait.


Comment Disney vous connaissait-il, puisque vous étiez en Angleterre ?
Et bien, quand j’avais six ans, j’ai commence à travaillé sur des films en Angleterre, et quand j’ai eu environ douze ans, j’ai fait une photo pour un grand réalisateur anglais, dont le nom est David Lean, qui a fait Laurence d’Arabie et Le Pont de la Rivière Kwaï. Il avait de grands films à son actif, et Walt Disney m’a aperçue dans un film que j’ai fait pour lui.


Et donc, la deuxième fois que vous êtes venus en Amérique, vous êtes devenue Anita. Comment est-ce arrivé ?
Quand je suis revenue en Amérique, j’étais sous contrat avec un grand studio appelé MGM. J’ai beaucoup travaillé dans ma jeunesse, quand j’avais 15, 16, 17 ans, dans l’industrie du film. Quand j’ai eu 20 ans, j’ai fait une photo avec une actrice hongroise un peu folle appelée Sza Sza Gabor, et j’ai appris à l’imiter pendant le temps où j’ai travaillé avec elle. Walt m’a entendu faire ça et m’a appelé pour lire le rôle de Cruella de Vil. Mais j’ai compris que ça n’irai pas parce que j’étais trop jeune et que ça ne collait pas. Quand je l’ai entendu lire le rôle d’Anita, j’ai su que j’étais faite pour elle. Mais comment aurais-je pu dire au grand Walt Disney qu’il m’avait fait venir pour une erreur ? Alors j’ai rassemblé mon courage et j’ai dit : « Pardon monsieur, verriez vous un inconvénient à ce que j’essaye le rôle d’Anita ? Je me sens plus Anita que Cruella ». Et il a répondu: “Essayons ça!”. Alors, il a inversé les rôles, il a lu Cruella et j’ai lu Anita, et effectivement, j’étais Anita. Et je me sens toujours habitée par Anita depuis toutes ces années.

Que voulez-vous dire par là ?
Et bien, à cette époque, j’avais 20 ans, j’étais jeune mariée, et Anita était jeune mariée également dans le film : elle épouse Roger. Physiquement on se ressemble aussi. Si vous trouvez des photos de moi à cette époque et que vous voyez Anita sur l’écran, nous sommes une seule et même personne. Et même si beaucoup d’années ont passé, quand je vois le film, je ressens toujours Anita. Je me sens comme Anita. Je suis toujours très très british. Même si je suis en Amérique depuis des années, je me réfère toujours à mes racines britanniques.


Comment se sont passés les enregistrements des voix ?La façon dont ça se passe est qu’ils vous appellent pour venir au studio, ils vous mettent dans une grande pièce d’enregistrement, où partout son affichées des scènes du film. Ils vous montrent une scène en particulier, avec un sous-titre. Par exemple, « C’est l’heure du thé Roger, c’est l’heure du thé, chéri! ». Et ils disent : « C’est la ligne que nous voulons travailler aujourd’hui. Alors vous allez au micro et vous lisez cette unique ligne du plus grand nombre de façons qui vous viennent à l’esprit, jusqu’à ce qu’ils entendent ce qu’ils cherchent. Parfois, c’est tout ce que vous faites pendant la journée! C’était la façon de travailler à l’époque. Ce n’est plus pareil maintenant. Ce qu’ils font aujourd’hui, ils le font relativement vite, et la personne qui enregistre une voix le fait dans une période relativement courte. J’ai travaillé sur Les 101 Dalmatiens pendant 4 ans. C’était un processus très lent, et quand Walt Disney était à la tête des studios, il visait vraiment la perfection. Tout devait être juste, avant même de travailler réellement sur le film: il était venu aux studios pendant quelques semaines pour jouer avec des chiots dalmatiens.


Avez-vous travaillé directement avec Betty Lou Gerson qui était la voix de Cruella ?Non, j’ai travaillé seule tout le long. Il n’y avait jamais deux personnages en même temps dans le studio. Ils ont monté tout ensemble, mais je n’ai jamais travaillé avec qui que ce soit, nous ne nous sommes jamais donné la réplique, même si c’est le résultat à l’écran.

Avez-vous rencontré l’animateur principal d’Anita, Milt Kahl ?Oui. Il m’observait durant les enregistrements. Dans le second DVD Les 101 Dalmatiens édition Platinum, ils racontent la façon dont nous avons travaillé, et on me voit moi, puis le résultat à l’écran. Cela montre les similitudes entre les deux personnes.

Dans le film, Anita apparait tout d’abord comme une personne assez stricte, mais à la fin, elle est très chaleureuse et enthousiaste. Comment avez-vous appréhendé cette transformation ?Et bien, je crois qu’au début, elle est une jeune fille de bonne famille typique d’Angleterre. Anita et Roger se rencontrent au parc, mais je crois qu’elle ne se rend pas compte qu’un jeune home la regarde jusqu’à ce qu’ils tombent dans l'étang de Regent’s Park. Je crois que c’est là qu’elle commence à s’adoucir, à rire. Je crois que c’est plus sa réserve britannique que le fait qu’elle soit stricte. Elle est une jeune femme anglaise, réservée, très très polie, qui lit sont livre dans le parc et qui essaye de ne pas prêter attention au jeune homme qui flirte avec elle. Je cois que ce n’est que ça. 


Quels sont vous souvenirs de Walt Disney en tant qu’homme ?
Walt Disney était absolument fabuleux. Il était un homme très très gentil. Il se chargeait toujours personnellement des productions. Il était présent quand vous alliez en pause déjeuner aux studios à midi, assis dans la salle où vous preniez votre déjeuner. Vous pouviez le voir, lui parler. Il était gentil et très disponible. Il ne se mettait pas sur un piédestal. Il était très attentionné. La seule chose qu’il demandait, était que l’on donne le meilleur de nous même, pour approcher la perfection le plus possible. Je crois que c’est pour cela, qu’aujourd’hui, quand on regarde tous ces formidables produits qu’il a réalisés, ils ont perduré dans le temps parce qu’ils sont proches de la perfection. Walt Disney était un perfectionniste.

Avec tous nos remerciements à Angeline pour sa traduction !