mercredi, septembre 05, 2012

LES 101 DALMATIENS EN DVD: Entretien avec Lisa Davis, la voix originale d'Anita


Pouvez-vous me raconter comment vous êtes devenue l'Anita de Walt Disney ?C’est Walt Disney qui est à l’origine de mon départ d’Angleterre. Je suis née à Londres et j’ai grandit dans le show-business londonien, entourée notamment d’un français très très célèbre avec qui j’ai passé le plus clair de ma jeunesse, Stéphane Grapelli. C’était Django Reinhardt, Stéphane Grapelli et le « hot club » français. J’ai grandit entourée de ces gens. Cependant, Walt Disney m’a fait venir d’Angleterre quand j’avais environ douze ans pour travailler sur un autre film qu’il faisait à l’époque : Alice au Pays des Merveilles. Mais il ne l’a pas fait comme il l’avait prévu. Il prévoyait à l’époque une Alice réelle entourée de personnages animés. Alors il m’a renvoyée en Angleterre, mais j’avais décidé de revenir en Amérique un jour, et c’est ce que j’ai fait.


Comment Disney vous connaissait-il, puisque vous étiez en Angleterre ?
Et bien, quand j’avais six ans, j’ai commence à travaillé sur des films en Angleterre, et quand j’ai eu environ douze ans, j’ai fait une photo pour un grand réalisateur anglais, dont le nom est David Lean, qui a fait Laurence d’Arabie et Le Pont de la Rivière Kwaï. Il avait de grands films à son actif, et Walt Disney m’a aperçue dans un film que j’ai fait pour lui.


Et donc, la deuxième fois que vous êtes venus en Amérique, vous êtes devenue Anita. Comment est-ce arrivé ?
Quand je suis revenue en Amérique, j’étais sous contrat avec un grand studio appelé MGM. J’ai beaucoup travaillé dans ma jeunesse, quand j’avais 15, 16, 17 ans, dans l’industrie du film. Quand j’ai eu 20 ans, j’ai fait une photo avec une actrice hongroise un peu folle appelée Sza Sza Gabor, et j’ai appris à l’imiter pendant le temps où j’ai travaillé avec elle. Walt m’a entendu faire ça et m’a appelé pour lire le rôle de Cruella de Vil. Mais j’ai compris que ça n’irai pas parce que j’étais trop jeune et que ça ne collait pas. Quand je l’ai entendu lire le rôle d’Anita, j’ai su que j’étais faite pour elle. Mais comment aurais-je pu dire au grand Walt Disney qu’il m’avait fait venir pour une erreur ? Alors j’ai rassemblé mon courage et j’ai dit : « Pardon monsieur, verriez vous un inconvénient à ce que j’essaye le rôle d’Anita ? Je me sens plus Anita que Cruella ». Et il a répondu: “Essayons ça!”. Alors, il a inversé les rôles, il a lu Cruella et j’ai lu Anita, et effectivement, j’étais Anita. Et je me sens toujours habitée par Anita depuis toutes ces années.

Que voulez-vous dire par là ?
Et bien, à cette époque, j’avais 20 ans, j’étais jeune mariée, et Anita était jeune mariée également dans le film : elle épouse Roger. Physiquement on se ressemble aussi. Si vous trouvez des photos de moi à cette époque et que vous voyez Anita sur l’écran, nous sommes une seule et même personne. Et même si beaucoup d’années ont passé, quand je vois le film, je ressens toujours Anita. Je me sens comme Anita. Je suis toujours très très british. Même si je suis en Amérique depuis des années, je me réfère toujours à mes racines britanniques.


Comment se sont passés les enregistrements des voix ?La façon dont ça se passe est qu’ils vous appellent pour venir au studio, ils vous mettent dans une grande pièce d’enregistrement, où partout son affichées des scènes du film. Ils vous montrent une scène en particulier, avec un sous-titre. Par exemple, « C’est l’heure du thé Roger, c’est l’heure du thé, chéri! ». Et ils disent : « C’est la ligne que nous voulons travailler aujourd’hui. Alors vous allez au micro et vous lisez cette unique ligne du plus grand nombre de façons qui vous viennent à l’esprit, jusqu’à ce qu’ils entendent ce qu’ils cherchent. Parfois, c’est tout ce que vous faites pendant la journée! C’était la façon de travailler à l’époque. Ce n’est plus pareil maintenant. Ce qu’ils font aujourd’hui, ils le font relativement vite, et la personne qui enregistre une voix le fait dans une période relativement courte. J’ai travaillé sur Les 101 Dalmatiens pendant 4 ans. C’était un processus très lent, et quand Walt Disney était à la tête des studios, il visait vraiment la perfection. Tout devait être juste, avant même de travailler réellement sur le film: il était venu aux studios pendant quelques semaines pour jouer avec des chiots dalmatiens.


Avez-vous travaillé directement avec Betty Lou Gerson qui était la voix de Cruella ?Non, j’ai travaillé seule tout le long. Il n’y avait jamais deux personnages en même temps dans le studio. Ils ont monté tout ensemble, mais je n’ai jamais travaillé avec qui que ce soit, nous ne nous sommes jamais donné la réplique, même si c’est le résultat à l’écran.

Avez-vous rencontré l’animateur principal d’Anita, Milt Kahl ?Oui. Il m’observait durant les enregistrements. Dans le second DVD Les 101 Dalmatiens édition Platinum, ils racontent la façon dont nous avons travaillé, et on me voit moi, puis le résultat à l’écran. Cela montre les similitudes entre les deux personnes.

Dans le film, Anita apparait tout d’abord comme une personne assez stricte, mais à la fin, elle est très chaleureuse et enthousiaste. Comment avez-vous appréhendé cette transformation ?Et bien, je crois qu’au début, elle est une jeune fille de bonne famille typique d’Angleterre. Anita et Roger se rencontrent au parc, mais je crois qu’elle ne se rend pas compte qu’un jeune home la regarde jusqu’à ce qu’ils tombent dans l'étang de Regent’s Park. Je crois que c’est là qu’elle commence à s’adoucir, à rire. Je crois que c’est plus sa réserve britannique que le fait qu’elle soit stricte. Elle est une jeune femme anglaise, réservée, très très polie, qui lit sont livre dans le parc et qui essaye de ne pas prêter attention au jeune homme qui flirte avec elle. Je cois que ce n’est que ça. 


Quels sont vous souvenirs de Walt Disney en tant qu’homme ?
Walt Disney était absolument fabuleux. Il était un homme très très gentil. Il se chargeait toujours personnellement des productions. Il était présent quand vous alliez en pause déjeuner aux studios à midi, assis dans la salle où vous preniez votre déjeuner. Vous pouviez le voir, lui parler. Il était gentil et très disponible. Il ne se mettait pas sur un piédestal. Il était très attentionné. La seule chose qu’il demandait, était que l’on donne le meilleur de nous même, pour approcher la perfection le plus possible. Je crois que c’est pour cela, qu’aujourd’hui, quand on regarde tous ces formidables produits qu’il a réalisés, ils ont perduré dans le temps parce qu’ils sont proches de la perfection. Walt Disney était un perfectionniste.

Avec tous nos remerciements à Angeline pour sa traduction !