20e ANNIVERSAIRE DE DISNEYLAND PARIS : Entretien avec l'Imagineer Tom Morris (Fantasyland)
Comment en êtes-vous venu à vous occuper de la conception du Fantasyland de Disneyland Paris ?
Cela est probablement dû à l’association de différents facteurs parmi lesquels le fait que j’ai travaillé sur une partie de New Fantasyland pour Disneyland en Californie et que j’avais récemment fait un long séjour en Europe. J’ai pu ainsi collecter un grand nombre de documents de référence sur les châteaux et les villages de caractère du pays.
Du point de vue créatif, quels défis avez-vous rencontrés ?
J’en ai rencontré beaucoup, à commencer par la météo, mais je me souviens aussi avoir été très intimidé par le fait que bon nombre des histoires et des lieux de Fantasyland avaient leur origine en Europe et qu’il était important de garder cet esprit tout en créant quelque chose de frais et de neuf.
J’en ai rencontré beaucoup, à commencer par la météo, mais je me souviens aussi avoir été très intimidé par le fait que bon nombre des histoires et des lieux de Fantasyland avaient leur origine en Europe et qu’il était important de garder cet esprit tout en créant quelque chose de frais et de neuf.
Comment avez-vous choisi les attractions et les histoires qui seraient présentes ?
D’un côté, nous savions que nous devions avoir plusieurs attractions classiques de Fantasyland, et de l’autre, nous voulions nous assurer d’une représentation équilibrée entre les différents styles d’histoires et de lieux géographiques. Par conséquent, nous avons sélectionné le meilleur du meilleur tout en ayant à l’esprit d’autres éléments comme les conditions météo.
D’un côté, nous savions que nous devions avoir plusieurs attractions classiques de Fantasyland, et de l’autre, nous voulions nous assurer d’une représentation équilibrée entre les différents styles d’histoires et de lieux géographiques. Par conséquent, nous avons sélectionné le meilleur du meilleur tout en ayant à l’esprit d’autres éléments comme les conditions météo.
Comment avez-vous envisagé la disposition globale du land ?
Dès le départ, nous avons envisagé quelque chose d’un peu plus arrondi, vert et chaleureux que dans les autres parcs, organisé le long d’un cours d’eau. Nous avons donc ajouté un ruisseau qui serpente en volutes, et qui agirait tel un fil directeur à travers tout le land.
Dès le départ, nous avons envisagé quelque chose d’un peu plus arrondi, vert et chaleureux que dans les autres parcs, organisé le long d’un cours d’eau. Nous avons donc ajouté un ruisseau qui serpente en volutes, et qui agirait tel un fil directeur à travers tout le land.
Le Fantasyland de Disneyland Paris est en quelque sorte un voyage à travers l’Europe via les contes de fées de chaque pays, culminant avec l’attraction « it’s a small world », qui les réunit tous.Absolument. Tout comme le Frontierland de Disneyland représente différentes régions et histoires traditionnelles de l’ensemble de l’Amérique du Nord. J’ai toujours aimé cet aspect de Frontierland, même s’il a quelque chose de subliminal, alors pourquoi ne pas appliquer cette idée à ce land du parc européen qui se concentre justement sur les histoires traditionnelles d’Europe ?
Qu’avez-vous repris au New Fantasyland d’Anaheim ?Nous avons commencé avec la plupart des décors que nous avions récemment créés pour le New Fantasyland de Disneyland, tout en empruntant quelques éléments classiques à l’original. Nous étions bien sûr conscients qu’il nous fallait un nouveau château et que celui-ci devait être spectaculaire afin de se distinguer des centaines de merveilleux châteaux déjà présents en Europe.
Fantasyland est le land qui s’attache le plus aux grands classiques de Walt Disney. Avez-vous travaillé avec des artistes du monde de l’animation ?
Nous n’avons pas travaillé directement avec eux puisque bon nombre d’entre eux étaient déjà partis à la retraite, mais nous nous sommes énormément inspirés de leur travail, tout particulièrement celui des illustrateurs, des artistes de layout, et des décorateurs. Parmi eux, il y avait bien sûr Eyvind Earle, dont nous avons cherché à reproduire le style autour du château, mais nous n’avons pas travaillé directement avec lui. En revanche, nous avons eu la grande chance de pouvoir collaborer avec Frank Armitage qui fut l’un des décorateurs de La Belle au Bois Dormant. Il nous a aidés à concevoir le paysage et les formations rocheuses autour de notre château tels qu’ils apparaissent dans le film, et il a réalisé le concept final du château de Disneyland Paris utilisé à l’époque pour la promotion, et encore aujourd’hui comme matériel de référence.
Nous n’avons pas travaillé directement avec eux puisque bon nombre d’entre eux étaient déjà partis à la retraite, mais nous nous sommes énormément inspirés de leur travail, tout particulièrement celui des illustrateurs, des artistes de layout, et des décorateurs. Parmi eux, il y avait bien sûr Eyvind Earle, dont nous avons cherché à reproduire le style autour du château, mais nous n’avons pas travaillé directement avec lui. En revanche, nous avons eu la grande chance de pouvoir collaborer avec Frank Armitage qui fut l’un des décorateurs de La Belle au Bois Dormant. Il nous a aidés à concevoir le paysage et les formations rocheuses autour de notre château tels qu’ils apparaissent dans le film, et il a réalisé le concept final du château de Disneyland Paris utilisé à l’époque pour la promotion, et encore aujourd’hui comme matériel de référence.
Comment avez-vous rendu l’architecture de Fantasyland « animée » ?Cela se situe dans la ligne et dans les formes des différents bâtiments qui suivent certains principes d’animation comme le mouvement et le « Squash and Stretch » (compression et étirement), bien que ces principes soient utilisés de manière bien plus subtile qu’à Toon Town, par exemple.
Il y a également beaucoup d’animation dans le design du Château de la Belle au Bois Dormant.
Nous avons travaillé sur tous les aspects du Château en même temps et mon rôle a été, notamment, de relier les idées proposées dans les différents concepts, dessins, maquettes et plans. Parfois un élément demandait une approche « de haut en bas » et d’autres fois, pour des éléments comme un escalier en colimaçon, il fallait une approche « de bas en haut ». Mais à chaque fois, nous vérifions la cohérence de l’ensemble à partir de maquettes en polystyrène.
Nous avons travaillé sur tous les aspects du Château en même temps et mon rôle a été, notamment, de relier les idées proposées dans les différents concepts, dessins, maquettes et plans. Parfois un élément demandait une approche « de haut en bas » et d’autres fois, pour des éléments comme un escalier en colimaçon, il fallait une approche « de bas en haut ». Mais à chaque fois, nous vérifions la cohérence de l’ensemble à partir de maquettes en polystyrène.
La construction du Château fut un effort européen.
Depuis le départ, nous avons envisagé un château que l’on puisse explorer, où l’on pourrait admirer des vitraux magnifiques, des galeries, des niches et plein d’autres choses. Construire tout cela fut un tour de force ; pas seulement les vitraux ou les tapisseries, mais également les toitures, les fleurons et les décorations murales. Nous avons donc fait appel à des spécialistes reconnus depuis plusieurs siècles, notamment pour les vitraux et les tapisseries.
Depuis le départ, nous avons envisagé un château que l’on puisse explorer, où l’on pourrait admirer des vitraux magnifiques, des galeries, des niches et plein d’autres choses. Construire tout cela fut un tour de force ; pas seulement les vitraux ou les tapisseries, mais également les toitures, les fleurons et les décorations murales. Nous avons donc fait appel à des spécialistes reconnus depuis plusieurs siècles, notamment pour les vitraux et les tapisseries.
Si les « dark rides » de Fantasyland, représentant l’Allemagne (Blanche-Neige), l’Italie (Pinocchio) et l’Angleterre (Peter Pan) sont très proches de ceux de Disneyland en Californie, votre hommage à Alice au Pays des Merveilles qu’est Alice’s Curious Labyrinth est inédit.
Nous n’avions rien fait de tel auparavant, notamment à cause du fait qu’il est difficile de prévoir les mouvements des visiteurs dans un labyrinthe. Nous avons fait des recherches et expérimenté un certain nombre de choses. Par chance, à cette époque, les labyrinthes revenaient à la mode et nous avons eu la chance de collaborer avec un grand designer anglais spécialiste en la matière.
Comment avez-vous abordé la version européenne de « it’s a small world » ?
Nous avons souhaité conserver l’esprit de l’attraction originale du point de vue visuel, tout en proposant quelques nouveautés comme l’extension de la Russie, de l’Asie du sud-est et du Moyen-Orient, Israël compris, et en représentant l’Amérique du Nord pour la première fois. Nous avions besoin également d’un meilleur éclairage dans la mesure où cette attraction repose beaucoup sur la qualité de la lumière. Nous avons donc changé notre approche de la lumière et créé ce que je crois être une nouvelle apparence très colorée. Pour ce qui est de l’extérieur, qui était originellement le résultat des visions combinées de Mary Blair et Rolly Crump, nous avons considéré la météo locale et avons, de fait, ajouté des couleurs pastel et une certaine patine, comme s’il s’agissait d’un des jouets de Geppetto, à grande échelle, qui prendrait vie.
Comment avez-vous abordé la musique du land ?
Nous sommes bien sûr partis du répertoire Disney, puis nous avons élargi nos recherches selon les besoins. Beaucoup de mélodies de Fantasyland sont en fait des airs populaires séculaires que nous avons mélangés à nos propres classiques. Nous avons dû écouter des centaines de cd pour n’extraire qu’une ou deux sélections pour chacun d’entre eux.
Nous sommes bien sûr partis du répertoire Disney, puis nous avons élargi nos recherches selon les besoins. Beaucoup de mélodies de Fantasyland sont en fait des airs populaires séculaires que nous avons mélangés à nos propres classiques. Nous avons dû écouter des centaines de cd pour n’extraire qu’une ou deux sélections pour chacun d’entre eux.
Pouvez-vous nous parler des attractions construites en 1993 ? Par exemple, comment avez-vous adapté Storybook Land à l’Europe et en faire Le Pays des Contes de Fées ?
Nous nous sommes d’abord dit qu’il serait bon d’avoir un nouveau parcours en bateau dans la mesure où nous avions déjà introduit l’eau comme un élément important du land. Ensuite, en ouvrant une zone supplémentaire, cela nous permettrait de rendre hommage à d’autres pays comme la Belgique ou les Pays-Bas, célèbres pour leurs canaux. Nos voyages d’étude en Europe nous ayant appris combien une approche multilingue serait lourde, nous avons opté pour une narration via la musique, une manière finalement plus simple et plus agréable de raconter toutes ces histoires.
Nous nous sommes d’abord dit qu’il serait bon d’avoir un nouveau parcours en bateau dans la mesure où nous avions déjà introduit l’eau comme un élément important du land. Ensuite, en ouvrant une zone supplémentaire, cela nous permettrait de rendre hommage à d’autres pays comme la Belgique ou les Pays-Bas, célèbres pour leurs canaux. Nos voyages d’étude en Europe nous ayant appris combien une approche multilingue serait lourde, nous avons opté pour une narration via la musique, une manière finalement plus simple et plus agréable de raconter toutes ces histoires.
La musique est également très importante dans Casey Jr. – Le Petit Train du Cirque.
C’est une attraction adorable. Nous nous sommes dit que ce serait un ajout très mignon aux attractions de Fantasyland. A cette époque, nous étions en train d’expérimenter la diffusion embarquée de musique synchronisée avec le parcours et Casey Jr. est devenu la toute première attraction à proposer ce genre de technologie.
C’est une attraction adorable. Nous nous sommes dit que ce serait un ajout très mignon aux attractions de Fantasyland. A cette époque, nous étions en train d’expérimenter la diffusion embarquée de musique synchronisée avec le parcours et Casey Jr. est devenu la toute première attraction à proposer ce genre de technologie.
Comment avez-vous travaillé avec les Show Producers des autres lands ?J’ai surtout collaboré avec mes voisins immédiats. Je me suis donc assuré que Chris Tietz (Adventureland) et Tim Delaney (Discoveryland) étaient en accord avec les éléments de design que nous partagions. Ceci dit, j’ai toujours accordé beaucoup d’intérêt à l’avis de mes quatre compères, Tim, Jeff Burke (Frontierland), Chris et Eddie (Main Street), par rapport à ce que je faisais dans mon land. Parfois je les emmenais le visiter pour recueillir leurs opinions et commentaires.
Sur quelles autres attractions de Disneyland Paris avez-vous travaillé ?
Pas tant que cela. J’ai surtout fait des propositions pour une grande attraction sur l’animation qui se serait située à l’extérieur du Parc Disneyland et qui aurait fait la transition vers les Disney MGM Studios Europe envisagés à l’origine. Mais le projet a vite changé et nous nous sommes focalisés sur le deuxième parc, aujourd’hui les Walt Disney Studios.
Pas tant que cela. J’ai surtout fait des propositions pour une grande attraction sur l’animation qui se serait située à l’extérieur du Parc Disneyland et qui aurait fait la transition vers les Disney MGM Studios Europe envisagés à l’origine. Mais le projet a vite changé et nous nous sommes focalisés sur le deuxième parc, aujourd’hui les Walt Disney Studios.
Vous avez également participé à Indiana Jones et le Temple du Péril.C’est vrai, mais c’est surtout l’oeuvre de Chris Tietz et de son équipe. Ce fut très rapide. A l'origine, nous voulions qu'il y ait deux temples qui se complètent l’un l’autre. Le second devait avoir une apparence plus décomposée et souterraine, un peu plus effrayante que le premier !
Quels souvenirs vous restent de cette expérience européenne ?
Ce fut une expérience fantastique. Difficile d’en extraire un élément en particulier, mais je dirai que j’ai particulièrement apprécié le contact que j’ai eu avec différentes cultures et différents lieux. Travailler avec des artistes de toute l’Europe m’a permis de comprendre les différentes manières de concevoir le métier. C’était très enrichissant. Certains sont même devenus Imagineers ! Et chaque fois que nous visitions un atelier, on nous faisait visiter les environs, villes ou villages, avec les curiosités, les restaurants et les gens qui peuplaient l’endroit. Cela m’a vraiment donné le goût pour les voyages !
Ce fut une expérience fantastique. Difficile d’en extraire un élément en particulier, mais je dirai que j’ai particulièrement apprécié le contact que j’ai eu avec différentes cultures et différents lieux. Travailler avec des artistes de toute l’Europe m’a permis de comprendre les différentes manières de concevoir le métier. C’était très enrichissant. Certains sont même devenus Imagineers ! Et chaque fois que nous visitions un atelier, on nous faisait visiter les environs, villes ou villages, avec les curiosités, les restaurants et les gens qui peuplaient l’endroit. Cela m’a vraiment donné le goût pour les voyages !
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