jeudi, septembre 13, 2012

LES 101 DALMATIENS EN BLU-RAY: Entretien avec William Leven, le fils du compositeur de "Cruella DeVil"


Pouvez-vous me parler des débuts de votre père?
Il a commencé à jouer du piano quand il avait environ huit ans. Il a écrit sa première chanson alors qu’il était un petit garçon de huit ou neuf ans je pense. Il a toujours été dans la musique. Petit, il a été ouvreur dans un grand théâtre de Chicago, donc il fut un enfant de la Dépression. Il devait travailler comme tout le monde, et même s’il écrivait des chansons, il devait gagner sa vie. Ce qui est arrivé, c’est que le temps a passé, papa a rencontré maman, il était dans l’armée de l’air donc ils ont voyagé aux quatre coins du pays. Et même avec cela, il écrivait toujours. Un jour ma mère a dit: “Pourquoi tu ne quittes pas ton boulot? On irai à Hollywood pour voir ce qu’on peut faire?” Et c’est ce qui est arrivé.

Pourquoi ont-ils choisi d’aller à Los Angeles plutôt qu’à New-York, qui était aussi un endroit important pour les compositeurs, particulièrement du côté de Tin Pan Alley?Vous touchez un point intéressant. Et bien, il savait tout simplement que la plupart du show business se trouvait là bas. Et il aimait la Californie, le climat. Il y avait beaucoup de compositions qui se passaient là bas, et pas mal de compositeurs célèbres se trouvaient à L.A. à l’époque. Si vous vous souvenez bien, L.A. était très connue pour sa musique et beaucoup de studios d’enregistrements se trouvaient sur la côté ouest. Une des choses que Papa a faites, et je m’en souviens très bien… c’est qu’il n’avait pas de piano. Il ne pouvait pas se le permettre. Alors il jouait et présentait toutes se chansons sur un ukulélé. Il parcourait la ville, et je me souviens qu’il partait très tôt tous les matins et ne revenait pas avant la fin de l’après-midi. Il allait chez tous les éditeurs, présentait ses chansons, en écrivait d’autres. Cela a continué pendant des années et des années. Il y a eu des succès. Il a écrit de formidables chansons pour Nat King Cole comme Tell me All About Yourself. A cette époque, Nat était avec Mercury Records. Et bien Papa a écrit la chanson qui allait être leur chanson phare, et la semaine qui a suivi, Nat King Cole est parti chez Capital. Et Capital n’a rien fait de cette chanson qui était pourtant incroyable ! Il a également écrit pour les shows de Jerry Lewis. Il a écrit pour beaucoup de monde.


Il a beaucoup écrit dans le style jazz. Pouvez-vous me parler de son amour du jazz?Ayant grandi à Chicago, il a connu beaucoup de grand clubs de jazz. Je me souviens qu’il allait dans tous ces clubs pour voir tous les grands musiciens de jazz. Papa m’a dit de nombreuses fois que dans les années 20, il trainait autour d'un de ces clubs de jazz et il a vu Al Capone y rentrer. C’était la grande époque ! Papa était vraiment un aficionado de la bonne musique. Il n’avait pas de réelle éducation musicale jusqu’à son départ pour Los Angeles, où il est allé à l’école de musique Westling, et obtenu son diplôme. Mais avant cela, il faisait tout à l’oreille. Il a apprit seul à jouer et écrire des chansons.

Quels étaient ses sujets favoris pour ses chansons?Papa, en plus d’être en bon compositeur de chansons, adorait également la nature. Il était une personne d’extérieur. Et pas seulement d’extérieur, mais l’extérieurs accompagné d’enfants vous voyez? Alors, il a écrit beaucoup de choses pour Disney qui s’adressaient aux enfants pour des émissions Disneyland comme Little Ranger. En fait, pour tout dire, aux Etats-Unis, il y a deux fêtes que quelques villes célèbrent. L’une d’elles est Hinckley Ridge. Tous les ans, les buses sont de retour en ville, et papa a écrit une chanson là dessus, qui est devenue leur chanson phare. Tous les ans, les enfants défilent dans les rues et la chantent ! Il a également écrit une chanson sur la migration des papillons, et à leur retour en ville, les enfants paradent en la chantant. Il y a longtemps, il a composé des chansons pour une série appelée The Big Blue Marble.



Comment est-il arrivé dans le monde de l’animation?C’était au tout début. Dans les années 50, UPA était un groupe avant-gardiste d’animateurs à Hollywood. Ils avaient beaucoup de gens très très talentueux. En fait, ils ont entendu parler de papa et ils l’ont appelé pour travailler avec lui. Papa a écrit deux chansons pour deux courts métrages qu’UPA faisait, et les deux ont été nominés pour des Oscars. Il s’est spécialisé dans les sujets mignons. Il avait un grand sens de la langue anglaise et était capable de tourner une phrase de façon parfaite. C’était donc un bon parolier.

En fait, parfois, comme sur Babes In Toyland, il était indiqué comme parolier, et non compositeur.C’est vrai. Sur Babes In Toyland, Papa n’a fait que les paroles. Alors que sur Les 101 Dalmatiens, toutes les musiques sont de lui.

Comment votre père est-il arrivé chez Disney?Par le bouche à oreille. Ils avaient entendu parler de lui. Certains des animateurs avec qui il travaillait chez UPA travaillaient à cette époque chez Disney, et ils ont suggéré à Walt de le contacter !

A l’époque Disney, Mel Leven a beaucoup travaillé avec George Bruns.George Bruns a fait la plupart des orchestrations des chansons de Papa et je crois que Papa appréciait! Il avait de bonnes relations de travail avec tout le monde.

Il a également travaillé avec la légende Disney Ward Kimball.
Tout à fait, et j’ai rencontré Ward Kimball à plusieurs reprises. En fait, j’ai même été chez lui. Il était un grand collectionneur de trains miniature, et avait beaucoup d’antiquités et autres objets de ce genre. Je vais vous raconter une anecdote. Une des choses que Disney a faites et qui avait bouleversé Papa était qu’ils avaient mis le nom de Ward Kimball sur une de ses chansons alors qu’il n’y avait pas du tout collaboré. Walt Disney n’aimait pas qu’une seule personne travaille sur un projet et en récolte tous les crédits. Mon père, même s'il aimait beaucoup Ward Kimball, a été très marqué par cette histoire.

Quel âge aviez vous quand votre père est venu chez Disney?
Je crois que j’étais au collège. Je devais avoir dans les douze ans si ma mémoire est bonne.

Alors, cela fait quoi d’avoir son père qui travaille chez Disney?
Et bien j’en étais très très fier! Papa était quelqu’un de simple. Il était un homme tout à fait normal, mais nous étions tous très fiers de lui. Vous savez, en plus d’être un grand compositeur, une des choses que papa a fait chez Disney était d’enseigner aux enfants le grand air et la nature. C’est pourquoi ses chansons sont très liées à la nature. Cela faisait partie de lui. Il était un pêcheur exceptionnel et quand il a pris sa retraite, il passait le plus clair de son temps à pêcher. Mais il écrivait toujours. En fait, quelques semaines avant son décès, il a proposé cinq chansons à Disney. Il a écrit jusqu’à la toute fin, assis à son piano pour composer !


Jouait-il ses chansons pour Disney à la maison?Absolument. En fait, papa, quand j’étais petit, je l’écoutais souvent jouer et il disait : « Viens ici un instant. Que penses-tu de ça ? ». Et il me jouait des chansons qui plus tard finissaient à la radio !

Que vous rappelez-vous du temps où votre père travaillait sur Les 101 Dalmatiens?
En fait, une des chansons dont papa était très fier était la publicité Kanine Krunchies que les chiens chantent. Il aimait ce petit air. Cela ne lui a pris que quelques minutes de l’écrire et la donner à Walt, qui a approuvé l’idée. Et c’est devenu cet adorable petit air que les chiens chantent en regardant la télé.

Pouvez vous me parler de la chanson la plus célèbre, Cruella de Vil?
Une anecdote très intéressante est que papa avait préparé deux versions de Cruella de Vil pour les chanter à Walt. Il y a eu un léger retard d’environ quinze minutes le jour de son rendez-vous avec Walt, et Papa n’était pas content de ses deux versions, il en voulait une autre. Pendant l’attente de quinze minutes, au piano de la salle d’attente, il a écrit une version blues, et c’est cette version que Walt a aimé, et qui est devenue célèbre à travers le monde!



Votre père ne travaillait pas seulement en musique, n’est-ce-pas?
Pendant longtemps, et beaucoup de personnes l’ignorent, papa a fait des doublages. Il était la voix des grains de café Folgers, et de Crackle pour Rice Crispies.

Quel est la chanson de votre père que vous préférez?Je vais vous le dire, c’est une chanson qui n’a jamais été publiée. C’est la plus belle de toutes celles que j’ai pu entendre dans ma vie. Les paroles étaient de mon père et l’air a été écrit par un de ses collègues. La chanson s’appelait Met You Once Before. C’est une mélodie vraiment charmante.

S’il y avait une chose que vous voudriez que les gens retiennent de votre père, ce serait quoi?En fait, la meilleure façon de le résumer, c’est de dire qu’il aimait les gens. Il a donné beaucoup de sa personne pour çà. Il aimait les enfants, il leur apprenait à bien se comporter. Mon père était un écologiste bien avant que cela ne devienne quelque chose de populaire. Il n’y a pas une façon de bien résumer mon père. Il aimait la vie, les enfants, et la beauté de la vie.

Avec nos plus vifs remerciements à Bill Leven pour cet entretien et pour les photos de son papa (tous droits réservés), ainsi qu'à Angeline pour sa traduction!

2 Comments:

Blogger Unknown said...

entretien toujours agréable à lire, merci de nous le faire partager

10:00 PM  
Blogger Jeremie NOYER said...

avec plaisir!

10:50 PM  

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