samedi, avril 07, 2012

20e ANNIVERSAIRE DE DISNEYLAND PARIS : Entretien avec l'Imagineer Tony Baxter

Pour célébrer le 20e anniversaire de Disneyland Paris et pour vous donner un avant-goût de mon prochain livre Entretiens avec un Empire : Disneyland Paris raconté par ses créateurs, qui sortira cet été aux éditions L'Harmattan, voici la première interview d'une série consacrée aux souvenirs des Imagineers qui ont créé le plus beau des royaumes magiques.
Nous commençons avec Tony Baxter, Producteur Exécutif de Disneyland Paris, qu'on ne présente plus...

Selon vous, qu’est-ce qui différencie Disneyland Paris de tous les autres Parcs Disney ?
Pour Disneyland Paris, on nous a lancé le défi de construire le plus beau des quatre royaumes magiques. Qui plus est, il a été imaginé par la seconde génération d’Imagineers, des gens qui ont grandi avec Disneyland en Californie. Nous étions à la fois sous le charme du parc créé par Walt Disney et nous avions appris comment gérer des masses importantes de visiteurs à travers le parc de Floride. De ce fait, nous avons voulu donner ce charme à Disneyland Paris, ainsi que la commodité de Walt Disney World. Et d’après les commentaires que nous avons reçus, nous avons réussi. Nous en sommes très fiers, non seulement parce que c’était la volonté de notre management, mais également parce que nous avons vraiment édifié quelque chose de magnifique. Pour moi, c’est vraiment le plus beau de tous les royaumes magiques !

Comment êtes-vous devenu Producteur Exécutif de Disneyland Paris ?
Nous venions de terminer Star Tours pour Disneyland, qui s’est révélé être un grand succès. J’avais notamment travaillé à créer un lien entre WDI (Walt Disney Imagineering, qui conçoit les attractions pour Disney) et le studio de George Lucas. C’était une grande première dans le sens où l’attraction n’était pas basée sur une mythologie Disney mais sur celle d’un autre artiste. Il a donc beaucoup travaillé pour que chacun se sente à l’aise dans cette configuration inhabituelle.
C’est alors qu’on m’a proposé de m’associer au projet de Disneyland européen. J’étais absolument ravi ! Je savais que depuis un an notre division en charge de la planification était en négociation avec le gouvernement français, et à partir du moment où notre choix s’est fixé sur Marne-la-Vallée, j’ai commencé à me rendre tous les mois en France pour ajuster notre projet au site et travailler avec les communautés alentours.

Comment avez-vous imaginé ce parc ?
Nous avons fait une liste des meilleures versions de certaines attractions et de certains lieux, de ce que nous aimions à Tokyo ou en Floride et de ce que nous n'aimions pas. Dans la mesure où nous étions la seconde génération d'Imagineers, nous n'avions pas peur de froisser tel ou tel ego. Personne parmi nous n'avait conçu les premiers parcs. De fait, nous avons vraiment pu être sincères.

Justement, qu'ont pensé les premiers Imagineers de votre parc ?
Ils ont pensé qu'il était temps de passer la main et de voir ce que nous pouvions faire. Ils ont été très disponibles pour nous aider. John Hench nous a beaucoup aidé pour les couleurs du Disneyland Hotel. Marc Davis était occupé ailleurs, mais son héritage est bien représenté avec Pirates of the Caribbean et Phantom Manor. Herbie Ryman a dessiné plusieurs concepts pour la version « 1920-1930 » de Main Street pour Eddie Sotto. Claude Coats, mon mentor, m'a suivi tout au long de mon travail, même quand il est tombé gravement malade. Un jour, je l'ai appelé de Paris. Je ne savais pas que ce serait ma dernière conversation avec lui. Par chance, il a pu me parler. Je lui ai dit combien ce Parc était magnifique et que dédiais tout ce que nous avions fait à ce que j'avais appris avec lui et que j'admirais en lui. J'étais impatient qu'il puisse venir et voir cela de ses propres yeux. Malheureusement, il est décédé deux semaines plus tard.

Quel sentiment vous inspire le 20e anniversaire de Disneyland Paris ?
C’est un cliché de dire que le temps passe trop vite, mais quand je repense à la construction de ce Parc, à cette aventure, j’ai l’impression que c’était hier. Pour moi, c’est toujours notre « nouveau » Parc. Le construire a probablement été l’expérience la plus passionnante de ma carrière.
Aujourd'hui, j’ai le sentiment que Disneyland Paris a atteint une certaine maturité pour assumer le fait qu’il s’agit à la fois d’une sorte d’importation d’un produit américain et d’un lieu unique dédié à l’Europe. Je pense qu’avec le temps, un sentiment d’appartenance s’est vraiment créé et qu’il fait maintenant partie de la culture européenne. Parce que nous l’avons conçu comme aucun autre parc. Parce que nous l’avons souhaité meilleur que les autres parcs. Ce n’est plus un import. Le Parc a vraiment trouvé sa place à Marne-la-Vallée, au coeur de l’Europe.