vendredi, octobre 21, 2011

LE ROI LION EN EDITION DIAMANT : Entretien avec l'animateur superviseur de Pumbaa, Tony Bancroft

Comment êtes-vous devenu animateur superviseur de Pumbaa sur le Roi Lion!
C'était à l'époque où le studio essayait de produire un film par an. Ils avaient un calendrier très ambitieux. Donc, cela signifiait scission en deux unités différentes, avec deux équipes d'animation différentes. Ainsi, tous les gars comme Glen Keane, John Pomeroy qui était de retour à Disney à cette époque, Duncan Majoribanks et toutes ces personnes de premier plan, ont décidé que Pocahontas serait un meilleur film. Donc, ils sont tous allés sur Pocahontas pour superviser les personnages. Le Roi Lion devait débuter à la même époque et c'était pratiquement une nouvelle équipe qui avait été montée pour lui. Andreas Deja a été l'un des seuls animateurs principaux ayant de l'expérience à vouloir rester sur le Roi Lion, car il aimait mieux les animaux. Cet état de fait nous a donné une grande opportunité, à moi et Mike Surrey, qui était mon partenaire puisqu'il animait Timon, pour nous démarquer dans la supervision d'un personnage. J'ai été très content que nous travaillions au Studio à cette époque. Jusqu'alors, c'était difficile de grimper dans la hiérarchie, car il y avait déjà Glen Keane et Andreas et tous les autres trucs qui étaient supervisés, et vous deviez attendre jusqu'à leur retraite avant de pouvoir avoir un poste équivalent! Mais quand ils ont commencé à faire deux films à la fois, ils avaient besoin d'une équipe entièrement nouvelle pour la supervision des animateurs ce qui m'a donné une très bonne occasion à cette époque.

Avez-vous demandé à superviser Pumbaa? Qu'est-ce qui vous a attiré sur ce personnage?
Non, en fait j'ai demandé à l'origine à travailler sur 'Zazu'. Pumbaa et Timon, même à un stade précoce du film, devaient être des personnages populaires et importants du film, et ils semblaient hors de ma portée pour être les personnages de ma première supervision d'animateurs. Ayant tout juste terminé l'animation de "Iago" le perroquet dans "Aladdin", j'ai pensé: «Eh bien, Iago est un oiseau et Zazu est aussi un oiseau ... j'ai peut-être la possibilité d'obtenir ce poste!" J'ai été totalement pris par surprise lorsque le directeur m'a appelé pour me proposer le personnage de Pumbaa! Ca a été l'un des plus beau jour de ma vie.

Quelles ont été vos inspirations visuelles pour Pumbaa?
En tant qu'animateurs, nous commençons toujours par la chose réelle. J'ai passé presque six mois au début de la création du processus du film à faire des recherches sur les phacochères et les animaux africains. C'était un moment très agréable pour s'imprégner de ce à quoi le véritable animal ressemblait avant que je m'en éloigne et que je commence à le caricaturer. En dehors de l'animal réel, j'ai aussi bénéficié de l'influence d'Ernie Sabella, la voix de "Pumbaa". Il a un sourire très rond et attrayant qui pour moi devait faire partie intégrante de "Pumbaa"

Quel a été l'aspect le plus difficile dans l'animation de Pumbaa, et pourquoi?
Le plus difficile a été d'essayer vraiment de faire un phacochère attrayant. Ce sont vraiment les animaux les plus laids du règne animal, donc essayer de le rendre joli était une gageure. Je suis heureux du résultat obtenu.

Est-ce que la voix de l'acteur Ernie Sabella a été beaucoup utilisée comme référence pour le personnage de Pumbaa? Oui beaucoup. Tôt dans le processus de fabrication du film, j'ai pris l'avion avec Mike Surrey, l'animateur de "Timon" pour la ville de New York, où Ernie Sabella et Nathan Lane (voix de Timon) jouaient ensemble dans la pièce de Broadway "Guys and Dolls". J'ai beaucoup appris en voyant le jeu d'acteur d'Ernie, j'ai pu étudier ses mouvements et ses actions. Puis, quand je suis rentré à mon bureau j'ai essayé d'intégrer autant que possible le style d'Ernie dans mes scènes. Je pense que cela m'a vraiment aidé à donner vie au personnage.

Quelle est la séquence dont vous êtes le plus fier dans ce film?
C'est une question difficile, mais je dois dire que si je ne devais en garder qu'une seule ce serait la séquence où Pumbaa est couché sur le dos en regardant les étoiles avec Simba et Timon et où ils parlent de ce que représentent les étoiles. J'ai aimé la réponse Pumbaa aux pensées de Simba sur ce qu'étaient vraiment les étoiles au-dessus de lui. Il dit: "Oh, mince ... J'ai toujours pensé que c'étaient des boules de gaz brûlant à des milliards de kilomètres." Cette scène a vraiment permis à Pumbaa de devenir un personnage à part entière. Il n'est pas muet, c'est juste un animal innocent qui se fait entraîner par Timon. Une fois que j'ai animé cette scène, j'ai senti ce qu'était réellement son caractère.

Une de mes séquences préférées dans Le Roi Lion est "Can You Feel The Love Tonight". Pouvez-vous me parler de sa création?
Mon premier souvenir de cette séquence était qu'Elton John et Tim Rice avaient créés une chanson vraiment jolie. Elle était un peu plus longue à l'époque mais le film avait besoin de comédie et ils voulaient que Pumbaa et Timon soient là aussi. Les directeurs ont décidé que ce serait peut-être drôle que Pumbaa et Timon fassent en sorte de se moquer de la jolie chanson romantique et qu'ils chantent la dernière partie tout en regardant Simba et Nala tomber amoureux. Pumbaa qui a un cœur sensible, a un caractère romantique et se met à pleurer! Mais ils sont assez mécontents parce qu'ils ne veulent pas voir leur copain Simba tomber amoureux et qu'il les abandonne. Timon, en particulier, est assez contrarié à ce sujet quand il chante. Donc, quand ils ont fait une première version storyboardée de cette idée, les directeurs ont fait la voix dans la chanson, une sorte de chant de répétition, pour Pumbaa et Timon, ils l'ont montré d'Elton John et il l'a détesté. Il pensait que c'était la pire idée jamais proposée. Il a été à deux doigts de claquer la porte, mais les directeurs et les producteurs de Disney lui ont parlé et l'ont calmé. A la fin, il a vu qu'il y avait un certain potentiel. C'était pour le fun, pour la comédie. Donc, il s'est de nouveau embarqué dans l'histoire, et il a réécrit la chanson afin que Pumbaa et Timon puissent avoir un rôle. Pour moi, c'est vraiment ce qui construit cette séquence. Cela ne bloque pas le film sur une chanson d'amour romantique. Ils ont utilisé la chanson d'amour romantique, tout en continuant l'histoire avec Pumbaa et Timon, et je pense que c'est réellement ce qui fait son succès.

Elton John a dit que c'était sa meilleure mélodie. On peut donc comprendre sa surprise quand il a vu qui devait la chanter!
Ce n'était certainement pas ce qu'il avait en tête quand il a écrit ce morceau et je peux comprendre, du point de vue artistique, qu'il ait été très déçu. Mais la musique reste ce qu'elle est et il a fait une version très jolie pour la radio où il n'y a ni Pumbaa ni Timon, qui est vraiment géniale, et que l'on peut jouer pour les mariages!

Avec le recul, y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé faire différemment sur le personnage?
Pas vraiment ... Lorsque j'ai été superviseur animateur pour la première fois j'ai fais plutôt des erreurs de gestion d'équipe, et j'ai du apprendre à diriger une équipe, mais aussi à travailler sur l'écran et c'est ce dont je suis le plus fier. J'ai beaucoup appris sur ce film et il a vraiment changé le genre d'artiste que je suis maintenant.

Est-ce que Pumbaa fait partie de vos personnages préférés?
Absolument. J'ai aimé tous les personnages des comédies sur lesquels j'ai travaillé au fil des ans (Iago, Kronk, Big Ben, etc) mais Pumba tient une place spéciale dans mon cœur. Je pense que c'est parce qu'il était mon premier personnage en tant que superviseur de l'animation. Mais en plus nous avons beaucoup de choses en commun lui et moi. Nous sommes tous les deux en surpoids et nous aimons bien profiter d'une petite bestiole de temps en temps!

Qu'est-ce que la technique du relief apporte à cette nouvelle version 3D du Roi Lion?
Je pense que si nous avions eu la technologie 3D stéréoscopique en 1994, nous l'aurions utilisée lors de la création de ce film. Nous avions vraiment essayé de le rendre aussi immersif que nous pouvions pour le public avec la technologie que nous avions à l'époque. Regardez la scène de la bousculade des gnous par exemple. Nous avons fait les gnous en CGI et posé la caméra vers le bas au niveau de Simba pour que les spectateurs se sentent dans la peau du lionceau et éprouvent de la peur comme lui lorsqu'il les voit se précipiter vers lui. Dans cette scène dans le film en relief les sauts des gnous se font littéralement devant vous et la scène est d'autant plus effrayante pour Simbaa. Rien que cette scène est une amélioration par rapport à l'histoire et une excellente raison d'avoir cette nouvelle version impressionnante.

Le Roi Lion est une histoire extrêmement classique et populaire pour des millions d'enfants partout dans le monde à travers de nombreuses versions 2D. Bien que la mode de la 3D soit maintenant en vogue, l'animation 2D de Disney est devenu une marque irremplaçable. Pensez-vous que refaire ce film en 3D pourrait être une arme à double tranchant?
Quand j'ai entendu que "Le Roi Lion" devait être refait dans une version 3D, je dois l'avouer, j'étais sceptique. Je n'étais pas sûr de ce que la technologie apporterait à notre animation 2D. Puis je l'ai vu et j'ai été étonné de voir à quoi il ressemblait en 3D-combien le système améliore l'animation. Lorsque nous avions créé le film en 1994, nous avions essayé de rendre les dimensions aussi réelles que nous pouvions avec la technologie de l'époque, mais maintenant avec la technologie stéréoscopique nous obtenons pleinement le résultat de ce que l'on avait essayé de faire. Je pense que cela améliore réellement le film.

Comment était-ce de travailler à l'animation chez Disney pendant cette période?
Ah! C'était un grand moment. Beaucoup d'entre nous sur Le Roi Lion étions de jeunes animateurs qui n'avaient pas peur d'essayer de nouvelles choses et nous avons été totalement concentré sur la réalisation d'un très grand film. Il n'y avait pas beaucoup de pression sur nous à l'époque car le studio n'attendait pas grand chose au départ du film Le Roi Lion, donc pour parler créativité, nous étions complément libres.

Quelles ont été les grandes leçons que vous avez tirées du Roi Lion?
Le thème du film que Simba apprend, c'est que "nous avons tous une place dans le grand cercle de la vie". C'est ce qu'il essaie d'ignorer au milieu film, mais finalement il retourne à ses responsabilités, à sa fierté et sa famille. Je pense que c'est une grande leçon universelle qui a vraiment aidé ce film à devenir le succès mondial qu'il est.

Quand avez-vous réalisé que le Roi Lion était plus qu'un simple film?
C'est drôle parce qu'à l'époque nous n'avions aucune idée que Le Roi Lion allait devenir le phénomène qu'il est devenu. À l'époque, nous avions pensé que c'était juste un film amusant sur l' histoire bizarre d'un lionceau en Afrique qui pense qu'il a tué son père et qui a des amis mangeurs d'insectes, le tout mis en musique par Elton John. Ce n'était pas une histoire habituelle pour Disney à coup sûr. Je suis toujours étonné qu'il soit si apprécié dans le monde.

Y a-t-il un élément subtil que vous avez vu dans le film et que vous voudriez partager avec le public?
Un de mes moments préféré se situe dans "Le Roi Lion". Il y a une scène où Simba après avoir désobéi à son père et être allé au cimetière des éléphants, rentre à pied chez eux derrière son père. Il sait qu'il est dans la mouise et bien plus que cela, il pense qu'il ne sera jamais à la hauteur pour devenir le roi. Ces sentiments sont résumée au moment où Simba marche accidentellement dans l'empreinte de son père. La caméra montre sa petite patte à l'intérieur de l'empreinte énorme de son père et dans cette scène clef visuelle, on voit leur relation, mais aussi la grande responsabilité que Simba aura pour prendre la suite de son père, marcher dans ses "pas" et devenir le prochain roi de Pride Rock. Pour moi, c'est une très grande réalisation!

Que pensez-vous de la direction prise par l'animation depuis Le Roi Lion?
C'est un peu un sentiment doux-amer pour moi. J'aime les films d'animation en 2D dessinés à la main et c'est difficile de voir le monde de l'animation se tourner tant vers l'animation CG. Mais j'aime aussi ce que l'animation en CG a fait pour le cinéma d'animation aussi. Je pense qu'il y a place pour les deux techniques dans le monde de l'animation et j'espère le voir plus équilibré à l'avenir.

Vous avez dirigé Mulan en 1998 avec Barry Cook. Avez vous envie de diriger plus de films d'animation?
Oui, j'ai développé plusieurs films depuis Mulan, mais pour une raison quelconque, ils ne sont pas encore sortis. Je suis actuellement en train de diriger un nouveau film en CG en ce moment et j'en suis tout excité. Je ne peux pas vous dire quoi que ce soit encore ... mais bientôt ... très bientôt.

Tony, une dernière chose à dire sur Le Roi Lion?
Le Roi Lion représente pour moi un grand moment dans ma vie personnelle en tant que jeune cinéaste. Je suis tellement heureux d'avoir eu l'occasion de me remémorer cette époque grâce à la sortie de "Le Roi Lion 3D". Il s'est passé 17 ans depuis que j'ai travaillé sur "Pumbaa" pour le film, mais pour moi, c'est comme rendre visite à un vieil ami. Tellement de choses ont changées dans notre façon de faire des films d'animation et pourtant tout est resté pareil. L'essence de la réalisation de films d'animation est encore d'emmener les spectateurs dans un voyage magique dans un lieu qu'ils n'ont jamais vus à travers les yeux des personnages qui sont attrayants et attachant. Je pense que Le Roi Lion est le meilleur exemple de cela.

Un grand merci à Scrooge pour sa traduction!

lundi, octobre 10, 2011

NOUVELLES LIVRESQUES

Un peu d'auto-promotion ne fait jamais de mal!
Pour une rencontre privilégiée avec les artistes Disney, dessin-animé par dessin-animé, de Blanche-Neige à Toy Story 3, sachez que mes deux premiers livres, Entretiens avec un Empire volumes 1 & 2 sont toujours disponibles sur amazon.fr Il n'en reste que très peu, mais le réapprovisionnement ne devrait pas tarder!
Une approche unique de l'animation Disney, de ses techniques et de son histoire, racontée par les artistes eux-mêmes!


Je peux d'ores et déjà vous annoncer qu'un troisième volume est en route et qu'il sera consacré à Disneyland Paris, avec des rencontres inédites avec tous les créateurs du Parc! Parution prévue pour fin 2011-début 2012.

Et pour les lecteurs anglophones, je ne saurais trop vous recommander le dernier Walt's People, disponible sur amazon.com. Ce 11e volume édité par Didier Ghez est certainement l'un des meilleurs de la collection et c'est un très grand honneur pour moi de me retrouver au milieu d'historiens Disney si distingués.

En voici le sommaire :

Foreword: John Canemaker
Didier Ghez: Ruthie Tompson
Christopher Finch & Linda Rosenkrantz: Walt Pfeiffer
John Culhane: Shirley Temple
John Culhane: I. Klein
Peter Hansen: Basil Reynolds
Christopher Finch & Linda Rosenkrantz: Eric Larson
John Culhane: John Hubley
Robin Allan: Jules Engel
Darrell Van Citters: Ed Love
Darrell Van Citters: Mike Lah
JB Kaufman: Frank Thomas
Dave Smith: Carl Nater
John Culhane: John Hench
John Canemaker: Ward Kimball
Dave Smith: Ward Kimball
Didier Ghez: Frank Armitage
Robin Allan: Ray Aragon
Didier Ghez: Ray Aragon
Gord Wilson: Jacques Rupp
David Tietyen: George Bruns
John Canemaker: Dale Oliver
John Canemaker: Iwao Takamoto
John Canemaker: Richard Williams
Charles Solomon: Brad Bird
Alberto Becattini: Don R. Christensen
Jim Korkis: Tom Nabbe
Dave Smith: Roger Broggie
Didier Ghez: David Snyder
Didier Ghez: Carl Bongirno
John Culhane: Daniel MacManus
John Culhane: Ted Kierscey
John Canemaker: Glen Keane
Didier Ghez: Joe Hale
Jérémie Noyer: Mark Henn
Christian Ziebarth: Andreas Deja and Mark Henn
Didier Ghez: Ed Catmull

Bonne lecture!!