lundi, novembre 29, 2010

FANTASIA 2000 et WAKING SLEEPING BEAUTY EN VIDEO: Entretien avec le réalisateur et producteur Don Hahn


Pour Fantasia 2000, comment vous êtes-vous positionné par rapport à la vision de Walt?

Comme vous le savez, l'idée originale de Fantasia était d'en faire une sorte de concert, de telle sorte qu'à chaque fois que vous alliez le voir, il pouvait être différent. 20 ans ou 30 ans plus tard, Fantasia devait présenter des pièces connues et d'autres nouvelles. En réalité, la guerre et d'autres éléments ont changé la donne et cette idée n'a pu réellement voir le jour qu'au début des années 90. Je pense que l'essence de Fantasia 2000 est la même : considérer des oeuvres musicales et essayer d'imaginer comment les interpréter visuellement. Parfois le résultat est abstrait( parfois même c'est abstrait sans narration, sans avoir à créer une histoire), et parfois, la musique suggère concrètement une histoire. C'est ce qui me fait dire que Fantasia 2000 est comme l'original, dans la mesure où nous avons essayer de jouer sur les deux tableaux nous aussi. Nus avons créé des séquences abstraites basées sur des jeux de couleurs, de formes et de lumières, et d'autres qui racontaient des histoires.


En quoi la fin des années 90 était le bon moment pour un nouveau Fantasia?

Tout cela est venu de l'essor de la vidéo. A cette époque, les gens commençaient à acheter en masse des magnétoscopes et des VHS de Fantasia. C'est là que Roy Disney a décidé de réinvestir les bénéfices de ces ventes pour créer un nouveau Fantasia. Roy a vraiment été le fer de lance de ce projet. L'autre élément important, c'est que Fantasia 2000 a été animé entre plusieurs films. Les animateurs travaillant sur La Petite Sirène, La Belle et la Bête et Aladdin avaient des pauses entre les films, et c'est pendant ces pauses qu'ils pouvaient travailler sur le film. Après une année sur un long-métrage, c'était comme une bouffée d'oxygène pour eux que de passer deux ou trois mois sur Fantasia 2000, avant de ré-attaquer sur un nouveau projet long.


Une autre sortie vidéo importante en cette fin d'année est celle du documentaire Waking Sleeping Beauty, que vous avez réalisé. Comment se fait-il que Disney se mette à relire son histoire de la sorte?

Nous voulions le faire -en fait, je voulais le faire- parce qu'il me semble que les années 1990 ont été une époque très particulière tant par la qualité des films que nous avons alors produits, comme Roger Rabbit, La Belle et la Bête ou encore Aladdin, mais aussi par le fait que la culture Disney était en train de changer. C'était une époque d'innovations technologiques, une époque où nous avons fait venir de nouveau talents comme Howard Ashman. C'était un véritable foisonnement créatif dans le studio, qui a nourri tous ces films. C'est ce qui fait que je voulais raconter cette histoire. Ce n'était pas tant une volonté de la Compagnie qu'un désir personnel, à moi et au producteur du film, Peter Schneider. Nous voulions vraiment préserver cette histoire car, si vous n'apprenez pas du passé, vous êtes condamné à le répéter. Certes, de grandes choses ont été faites à cette époque, mais également des choses moins glorieuses, et je me suis dit que cela valait la peine d'en parler pour ne pas recommencer les mêmes erreurs.


Comment expliquez-vous que l'essence-même de la compagnie fondée par Walt a toujours été le département le plus menacé?

Il a même été menacé, dit-on, de fermeture dans les années 90, mais même à cette époque, je ne pense pas que la menace était sérieuse. Ceci dit, rappelez-vous qu'il ne s'agit pas seulement d'animation. C'est aussi du show business. Les films que nous produisons coûtent cher et ils doivent donc rapporter de l'argent. C'est pour cela qu'ils doivent être bons. Pendant un temps, nous n'avons pas eu de films très rentables. Des films comme Taram et le Chaudron Magique ont été des déceptions tant sur le plan artistique que financier. Ce n'est pas parce qu'une institution a toujours exister qu'elle doit forcément perdurer. Roy Disney lui-même le dit dans Waking Sleeping Beauty : "Si vous voulez faire en sorte que les choses demeurent telles qu'elles ont toujours été, alors vous devriez vous occuper d'un musée." Roy a toujours été très positif. C'est lui qui a fait venir de nouveaux talents au studio, des artistes comme Howard Ashman et Alan Menken, vous le revitaliser. Toute forme artistique a ses hauts et ses bas, que ce soit la musique, le rock'n roll, l'impressionnisme, toutes les formes. L'animation n'y fait pas exception. C'est là le sujet de Waking Sleeping Beauty. Il s'agit d'un groupe de gens qui voulaient faire avancer les choses. Non pas sauver une forme d'art, mais créer une version nouvelle et revivifiée de cette forme d'art, toujours présente aujourd'hui.


A tel point que des films comme La Princesse et la Grenouille, et surtout Raiponce sont de grands succès. Selon vous, ne sommes nous pas à l'aube d'un nouvel âge d'or de l'animation?
Absolument. Nous vivons une époque merveilleuse pour l'animation. Et même, si vous regardez plus largement, au delà de Disney, avec Pixar, Dreamworks et Blue Sky, toute l'animation produite en ce moment. Il y a même une catégorie pour cela aux Oscar, maintenant, avec 15 ou 16 films d'animation produits par ans et des talents aux quatre coins du monde comme Miyazaki et d'autres. Je pense qu'il faut prendre le temps de prendre du recul et de mettre les choses en perspective pour l'affirmer, mais j'ai vraiment le sentiment que c'est un âge d'or que nous vivons. L'animation n'a jamais autant rapporté, et n'a jamais connu autant de succès -il n'y a qu'à regarder Toy Story 3 pour en être convaincu!


Après Fantasia 2000, il y avait un autre projet, intitulé Fantasia 2006, autour des musiques du monde, avec des séquences comme One by One ou The Little Matchgirl, mais qui n'a jamais vu le jour en tant que tel. Pensez-vous que, compte-tenu de l'essor de l'animation que nous vivons, on pourra envisager un troisième opus à Fantasia?

Il n'en est pas question pour le moment. Mais ce qui est intéressant chez Pixar, c'est qu'ils ont eu envie de produire des courts-métrages pour révéler de nouveaux talents, et c'est exactement ce qu'est Fantasia : une série de courts-métrages. Il n'y a pas de projet pour faire un nouveau Fantasia, mais cela reste une possibilité. Ce qu'il y a de génial dans Fantasia, c'est sa liberté artistique. Prenez le Carnaval des Animaux avec ses aquarelles, ces flamands roses... et ce yoyo! On ne pourrait pas nécessairement le faire dans un long métrage, mais on peut très bien repousser des limites artistiques dans un court et le rendre divertissant. C'est comme un court métrage de Pixar. Ils prennent des tas de risques artistiques et demeurent irrésistible. Alors, qui sait s'il y aura un autre Fantasia? Ce que je sais, c'est que son esprit est toujours bien là!


lundi, novembre 22, 2010

TOY STORY 3 EN VIDEO: Entretien avec le scénariste Michael Arndt

Michael Arndt a rejoint les studios d’animation Pixar en 2005. En 2007, il a remporté l’osar du meilleur scénario original pour son premier film, Little Miss Sunshine. Toy Story 3, tiré d’une histoire de John Lasseter, Andrew Stanton et Lee Unkrich est son premier scénario pour Pixar.

Michael, pouvez-vous nous dire comment vous avez eu votre premier contact avec Pixar? Est-ce vous qui les avez sollicités ou eux qui vous ont sollicité?
Ils m’ont contacté. Début 2005, Pixar cherchait un scénariste pour travailler avec Lee Unkrich sur une idée originale qu’il devait réaliser. Une des personnes du développement de Pixar, Mary Coleman, est tombée sur le producteur de Little Miss Sunshine, Ron Yerxa, au Sundance Film Festival et lui a demandé si il connaissait de bons scénaristes, et il m’a recommandé. J’ai donc été embauché chez Pixar alors que LMS était toujours en post-production. C’est tout à l’honneur de Pixar d’avoir fait confiance à un scénariste qu’ils ne connaissaient pas pour l’un de leur plus gros films.

Avez-vous été surpris du succès de Little Miss Sunshine?
J’ai été infiniment surpris: d’avoir pu le vendre, de voir ce film réalisé, d’avoir été choisi par un producteur et que le public ait suivit. Je l’ai toujours vu comme un scénario très modeste et très personnel, alors le voir aller quelque part c’était une énorme surprise pour moi.

Étiez-vous un fan d’animation avant de travailler pour Pixar? Quels sont vos films d’animation préférés?
J’ai toujours aimé l’animation. J’ai suivi quelques cours d’animation lors de mes études de cinéma [à NYU] et fait quelques courts-métrages animés, mais je n’ai jamais pensé avoir une chance de travailler dans l’animation. C’est dur de choisir un préféré, mais le film d’animation le plus important pour moi est Mes Voisins les Yamada de Isao Takahata. Voir ce film en 2000 m’a poussé à m'assoir et écrire Little Miss Sunshine après l’avoir repoussé pendant des années. J’ai donc un attachement particulier pour ce film (en particulier la version japonaise).

Quels sont les films qui ont eu le plus fort impact sur vous au cours de votre vie?
Un de mes films préférés est Printemps Tardif de Yasujiro Ozu. Pour moi, c’est du grand art cinématographique.

Avez-vous ressenti une forte pression en essayant de livrer un bon troisième film pour la franchise Toy Story?
Je n’ai jamais ressenti autant de pression (et je pense que j’en ressentirai plus jamais autant) dans ma vie professionnelle. Il n’y a jamais eu de moment de panique ou de désespoir, mais je ne voulais vraiment, vraiment pas laisser qui que ce soit tomber, donc la pression était assez insupportable pendant les quatre ans de création du film.

Vous a-t-on mis des limites sur les personnages ou l’intrigue sur lesquels vous avez travaillé?
D’après moi, c’était la chose la plus extraordinaire dans ce travail sur Toy Story 3: il n’y avais aucune limite. Évidemment, quand on travaille sur un film familial, on doit viser quelque chose qui plaise à tout le monde. Mais au delà de ces considérations globales, nous n’avons jamais reçu de directives ou de limites quelles qu’elles soient, à part de “réussir le film”. Je me revois assis dans un bureau avec Lee Unkrich, le réalisateur et Jason Katz, le head of story. Je regardais autour de moi et je me suis dit: “Ne devrait-il pas y avoir un adulte dans la pièce? Ne devrait-il pas y avoir un vice-président, un réalisateur ou un fabricant de jouets avec nous pour nous dire quoi faire?” Il n’y en avait jamais. Nous étions encouragés à laisser libre court à notre imagination, et cela se voit dans le film, je l’espère.

Le procédé créatif pour un film d’animation est assez différent de celui pour un film live. Cela vous a-t-il empêché d’apporter votre vision dans toutes les étapes de la création de Toy Story 3 ou avez-vous été impliqué tout au long de la réalisation?
J’ai été impliqué tout le long des trois ans qu’a duré la rédaction du scénario de Toy Story 3. Une fois qu’il a été fini, cela a pris encore un an pour réaliser le film. Je ne me suis donc jamais senti exclu du processus de création du film, alors que c’est quelque chose qui peut arriver souvent dans les films live.

Avez-vous travaillé sur la version finale du scénario? A quel point les autres auteurs étaient-ils impliqués sur la version finale?
J’ai travaillé sur toutes les versions du script, et il y en a eu plusieurs douzaines. C’était vraiment un travail collaboratif: Lee Unkrich en a guidé chaque étape, John Lasseter et Andrew Stanton nous gardaient sur les rails, et toute une équipe d’artistes nous suggérait des idées et des gags.

Avez-vous présenté une version du script à un jeune public avant d’écrire la version finale?
Nous avons fait une projection-test du film quand il était quasiment fini (environ neuf mois avant sa sortie), devant un pare-terre choisi de jeunes enfants. J’avais peur que le film ne soit un peu trop sombre pour un public familial, mais tous les enfants qui l’ont vu semblaient vraiment l’aimer, nous n’avons dont rien changé. C’est toujours malin d’essayer de voir le film à travers le regard de gens de tout âge, juste histoire de vérifier qu’il ne manque aucune facette.

Avant de connaître le succès du film, avez-vous à un moment craint de ne pas vous conformer au “standard Pixar”?
Presque tout le temps qu’a pris l’écriture du script (trois ans), j’ai eu peur de ne pas me conformer au “standard Pixar”.

Combien de versions avez-vous écrites avant d’avoir la version finale?

Chez Pixar, on coupe les scripts en 20 ou 25 séquences séparées. L’une d’elle, qu’on appelait “La chasse au trésor” (quand Woody est dans la chambre de Boonie, et qu’il planifie son retour à la maison), a été écrite en seulement 6 ou 7 ébauches. La plupart des séquences sont écrites en 20 à 30 ébauches. La réunion d’ouverture, que nous avons appris “L’âge adulte”, a requit 60 ébauches.

Vous avez dit dans d’autres interviews que même les comédies devaient raconter une histoire, ou avoir des valeurs et prendre position. Quelles sont d’après vous les valeurs ou positions que vous avez défendues en écrivant Toy Story 3?
Un des plus gros défis de Toy Story 3 était de trouver comment le héro, Woody, allait évoluer au fur et à mesure de l’histoire. Dans le premier Toy Story, Woody a du apprendre a partager avec Buzz. Dans Toy Story 2, il a fait face et accepté sa propre mortalité. Pour Toy Story 3, ce que nous avons réalisé c’est que Woody commence l’histoire en pensant que son amour pour Andy signifie qu’il doit toujours être là pour lui. Comme Lotso, il ne différencie pas l’expression de l’amour avec une présence physique. C’est pourquoi il maintient que les jouets doivent absolument rester avec Andy.

C’est seulement à la toute fin, quand il voit Andy et sa mère dire au revoir, que Woody réalise que l’on peut aimer quelqu’un et pourtant le laisser partir. C’est même parfois la meilleure chose que l’ont peut faire si on aime cette personne. C’est une expérience universelle: Nous croisons beaucoup de gens dans nos vies (amis d’enfance, amoureux à l’école, professeurs à l’université, collègues de travail...) auxquels on peut s’attacher fortement pendant un période, mais que l’on doit quitter pour avancer dans la vie. Admettre cela, et apprendre à l’accepter, c’est un sentiment très mature pour Woody, et je trouve que cela complète bien toutes les facettes du personnage qu’on a connues dans les trois films.

Avez-vous un quelconque rituel quand vous commencez à écrire un scénario?
Oui: J’aime commencer chaque scénario en montant le plus possible ma confiance en moi. Elle s’estompe assez vite, mais c’est ma façon à moi de me mettre au travail sur un script.

Vous prenez votre temps pour terminer un scénario, et cette méthode semble payer. Sur combien de scénarios pouvez-vous travailler en parallèle?
Je peux travailler sur deux scripts en parallèle, mais je préfère n’en faire qu’un à la fois. Par contre, j’ai toujours cinq ou six idées de récit dans ma tête à chaque moment, donc il arrive que ça se bouscule là-dedans.

Certains films d’animations utilisent des clins d’oeil humoristiques à la culture populaire... Pixar semble éviter cette approche. Quelles autres méthodes sont utilisées par un film comme Toy Story 3 pour être intemporel?

Une des choses que j’adore dans les films Pixar, et ce qui les dissocie d’autres films d’animation, c’est que la plupart des acteurs parlent avec leurs propres voix. Personne ne prend une voix “marrante” sous prétexte que le personnage est animé. Tom Hanks par exemple, double Woody avec sa voix naturelle. Nous essayons de rendre l’histoire et les personnages les plus réels possibles, et l’utilisation de la voix naturelle des acteurs y est pour beaucoup. Cela aide, nous espérons, le film a être intemporel.

Avez-vous pris part aux décisions autour du choix des doubleurs des personnages?
Comme à peu près tout chez Pixar, le casting est une décision d’équipe. J’ai donc eu mon mot à dire, avec Darla Anderson, la productrice, John Lasseter, et le reste du noyau dur. A la fin, c’est le réalisateur, dans notre cas Lee, qui a le dernier mot. Mais c’était très sympa, en tant qu’auteur, de prendre part à ces discussions.

Après avoir travaillé sur les personnages Disney/Pixar dans ce projet, avez-vous un personnage préféré?
J’aime beaucoup Edna, dans les Indestructibles, juste parce que j’adore entendre Brad Bird faire sa voix.

Je ne me rappelle pas avoir déjà vu un bonus DVD si accessible sur l’art de l’écriture d’un script. Etait-ce amusant pour vous de briser les secrets de l’écriture et de fouiller les classiques Pixar, dont votre propre Toy Story 3?
Faire le bonus DVD était encore plus amusant que d’écrire le script. Quand tout se passe bien, il n’y a rien de mieux ni de plus amusant que l’écriture. Mais quand ça ne va pas, cela peut devenir un cauchemar.

Pouvez-vous nous dire sur quoi vous allez travailler ensuite, ou est-ce top-secret?
C’est top-secret. Désolé.

Avez-vous des conseils à donner à des auteurs qui débutent, pour les mettre sur les rails?

Soyez patients. J’ai écrit pendant dix ans avant de vendre mon premier script. Je sais que la règle des 10 000 heures de Malcolm Gladwell est un peu cliché, mais pour moi elle est 100% exacte. Cela m’a effectivement pris dans les 10 000 heures de travail avant de rencontrer le succès.

Quelle part de vos expériences personnelles influence votre écriture?
Vous mettez forcément une part de vous dans tout ce que vous écrivez. Ce n’est pas tellement des moments ou des expériences bien spécifiques, mais plutôt des souvenirs d’émotions particulières, des émotions qui peuvent être privées ou personnelles. Mais d’après mon expérience, le plus vous êtes sincères dans ces souvenirs ou ces émotions, le plus le public y répondra positivement. La meilleure écriture vient vraiment de la part la plus profonde, la plus intime de vous.

Avez-vous envie d’une carrière qui équilibre le côté familial de Pixar et le côté plus adultes de films comme Little Miss Sunshine?
J’ai envie de vivre ma carrière quelle qu’elle soit. Evidemment, j’aimerait continuer à faire partie de la famille Pixar, tant qu’ils voudront bien de moi. Mais je voudrais aussi faire une diversité de films live.

Michael, avant de clore cette table ronde virtuelle, avez-vous une dernière chose à rajouter à propos de Toy Story 3?
Je suis immensément reconnaissant envers Pixar de m’avoir laisser prendre part au projet Toy Story 3, et j’espère sincèrement que nous nous sommes montrés dignes de l’héritage des deux premiers films!


Merci à Angeline pour sa traduction!