vendredi, avril 06, 2007

DISNEYLAND RESORT PARIS FÊTE SON 15e ANNIVERSAIRE : Entretien avec le show director Christophe Leclercq

Qui dit "anniversaire" dit "bougies". Mais quand on s'appelle Disneyland Resort Paris, on ne peut pas les souffler comme tout le monde.
C'est tout le talent du show director Christophe Leclercq que d'avoir apporté une vraie magie à l'illumination des 15 bougies du Château de la Belle au Bois Dormant tous les soirs de cette célébration. Sa Bougillumination est dores et déjà un classique, que ce soit dans sa version quotidienne ou dans sa version exceptionnelle, au soir du 31 mars, lors de l'événement presse retentissant qui a lancé la fête.
Laissons-nous guider par un artiste humain, magicien et visionnaire au coeur de cet anniversaire hors du commun.


Quel est le principe de la Bougillumination ou Candleabration?
L’idée générale est de fêter notre anniversaire et pour cela nous avons redécoré le Château de la Belle au Bois Dormant. Plusieurs statues à l’effigie des personnages Disney y ont été positionnées. Il y a là Mickey et Minnie portant le logo du 15e anniversaire, Lumière, Dumbo, Les Sept Nains, Riri, Fifi et Loulou, Le Chat Chafouin, Jiminy, Clochette, Dingo, Pluto, Daisy, Donald et Tic & Tac. L’ensemble est magnifique : à la place des flèches du Château, nous avons placé la plupart du temps des couronnes dorées dans lesquelles nous avons placé des personnages ou des familles de personnages, comme les Sept Nains, tenant une bougie. Nous avons ainsi voulu créer un événement exceptionnel pour l’illumination de ces quinze bougies. Pour ce faire, j’ai développé une cérémonie un peu dans l’esprit de la Cérémonie des Contes et Lumières de Noël.

Comment se déroule-t-elle ?
La scène centrale a été redécorée aux couleurs du 15e anniversaire : bleu, or et argent, avec des 15 partout. Comme pour la Cérémonie des Contes et Lumières, nos performers, nos danseurs et nos personnages vont sortir du Château de la Belle au Bois Dormant. C’est le moment où démarre une grande fanfare, assez royale, bien en rapport avec le Château, joué aux trompettes. Pour l’occasion, Vasile a développé une musique originale qu’il a enregistrée avec les 80 musiciens de l’orchestre de Budapest. L’idée est de présenter Mickey. Ce dernier va dire quelques mots de bienvenue à tout le monde, et tout de suite après la musique change et 5 porteurs de drapeaux vont descendre, accompagnés de 5 porteurs de rubans, des grandes perches de 2 mètres de haut, le tout aux couleurs du 15e anniversaire : bleu à liseré or pour les drapeaux, et pantalon blanc avec spencer bleu et col officier pour les costumes. L’idée est d’amener ces performers sur la scène pour un premier ballet avec les drapeaux. Ce qui est sympathique, c’est que sur une face des drapeaux, on a le logo du 15e et sur l’autre une lettre de « Happy Birthday ». J’ai donc voulu jouer là-dessus pour essayer de faire une inscription qui tournoie à 360° comme si on avait un prompteur devant nous. Tout d’un coup, on a le « h » qui passe devant nous, puis le « a », les deux « p », le « y », etc, pour former un mur de lettres souhaitant bon anniversaire sur la musique du film Peter Pan, Flying, qui m’a été suggérée par Vasile. C’est le moment où Mickey apparaît au centre de la scène. Les performers lâchent leur drapeau prennent tous un petit canotier.

A partir de là, ce n’est pas seulement une célébration, mais également un hommage à Paris, à l’instar de la nouvelle décoration des boutiques de Main Street.
En effet, puisque nous sommes à Disneyland Resort Paris. Pour ce faire, nous avons voulu être originaux. François Leroux a vraiment voulu que je parte dans un esprit avant-gardiste et contemporain. Vasile m’a écrit une musique qui n’a rien à voir avec les musiques Disney, très percussive, avec un instrument qui se rajoute aux autres au fur et à mesure que l’on avance dans la partition. Il y a d’abord les percussions, puis les trompettes, les violons, puis la guitare électrique. On se retrouve avec une musique vraiment très actuelle. L’idée est de faire un ballet avec Mickey et les 12 performers, un ballet complètement décalé dans le temps, quelque chose de très parisien et moderne à la fois, basé sur des tableaux visuels et des jeux sur les chapeaux. On travaille ainsi sur les bras, les gants blancs, le galon bleu des canotiers, et on essaie de faire des dessins avec les corps et les accessoires. Puis le ballet se termine, on laisse Mickey seul sur la scène tandis qu’il se retourne vers le Château sur une musique très magique et là une autre musique enchaîne pour l’illumination des 15 bougies l’une après l’autre.

Comment avez-vous mis en scène cette illumination ?
La lumière va monter progressivement jusqu’au sommet et au dernier moment, sur un nouveau changement musical basé sur des petites cloches, nous avons l’illumination des ailes de Clochette. En fait, pour ce dernier personnage, nous n’avons pas enlevé la dernière flèche du Château, mais au contraire nous lui avons ajouté un bras supplémentaire qui donne l’impression d’une girouette. Là, nous avons tout un système d’illumination des ailes de Clochette et de sa baguette magique, tout en leds –la technologie que nous avons utilisée pour le Château et les lampadaires à Noël. Et en plus, autour de la tour principale, nous avons positionné, en perçant le Château, un rail qui va aller jusqu’au sommet, et sur ce rail, nous avons installé plein de star flashes. L’ensemble donne un effet de poussière d’étoile qui va monter vers le haut du Château pour illuminer Clochette.


Puis vient le final.
Exactement. Juste après cela, Mickey, qui est sur scène, est rejoint par Minnie, qui trouve cela fantastique, merveilleux. Ce à quoi il lui répond : « Mais Minnie, c’est toi qui est fantastique ! », et Minnie invite ses amis Pluto, Dingo, Tic & Tac, Daisy et Donald à la rejoindre et on enchaîne sur la chanson de la parade du 15e anniversaire, Just Like We Dreamed It de Sunny Hilden. Or, il se trouve qu’il s’agit d’une musique très pop. J’ai donc demandé à ce que les personnages aient des instruments de musique : trompette, trombone, quatre caisses claires, guitare électrique, saxophone, pour qu’ils puissent faire un bœuf sur la scène centrale, dans un costume spécialement développé pour l’occasion par Sue Lecash.


Tout cela semble très spectaculaire !
Oui, mais en même temps, nous avons souhaité une cérémonie à taille humaine, à l’image de la décoration du Château, qui est tout le contraire de lourde et grossière. Prenez la statue de Clochette. Elle est toute en or et mesure 1,60 m. Rien de gigantesque.

D’où viennent les statues des personnages du Château ?
Elles ont été créées spécialement pour notre Château. Et en ce qui concerne le choix des personnages, beaucoup d’idées ont été lancée et c’est le comité exécutif de Disneyland® Resort Paris qui a finalement décidé de qui allait figurer sur le Château. Donc on a voulu prendre avant tout des gentils, et des icônes de notre parc, comme le Chat Chafouin pour Alice’s Curious Labyrinth ou encore Buzz pour la dernière attraction de Discoveryland. Nous avons aussi Riri, Fifi et Loulou. Ce ne sont pas des personnages que l’on voit beaucoup sur le parc, mais il se trouve que les enfants les apprécient beaucoup et que Donald et sa famille reviennent en force. On le retrouve de plus en plus dans les concepts alors qu’on l’avait presque oublié il y a quelques temps, tout comme Daisy. Il était l’icône des Walt Disney Studios ; il rejoint maintenant les VIP du parc Disneyland et vient de rajouter aux traditionnels Mickey, Minnie, Dingo, Pluto et Tic & Tac. Les canards sont de retour !


Les drapeaux de la Bougillumination semblent faire écho aux bannières de Main Street.
Tout-à-fait. J’ai un peu surfé sur la décoration du parc. Nous avions les superbes lampadaires de l’hiver et nous nous sommes demandés pourquoi ne pas les utiliser pour autre chose. D’énormes travaux avaient été faits dans Main Street pour pouvoir les avoir : il a fallu percer dans les trottoirs, au rythme d’un à deux trous par nuit, sans vraiment savoir ce qu’il y avait en-dessous. Ce fut assez délicat, cela s’est étalé sur plusieurs semaines, et finalement tout s’est bien passé. A partir de là, nous nous sommes dits : « on a ces magnifiques lampadaires dans la thématique de Main Street. Pourquoi ne pas les utiliser pour y accrocher une décoration, comme une bannière ? ». On a donc enlevé toutes les couronnes et les camais des princesses, ainsi que toutes les volutes avec les guirlandes bleues et blanches. On a remplacé tout cela par des globes, et on a adapté des tiges sur lesquelles vont s’intégrer les bannières. Ce qui est très joli, c’est que les bannières sont éclairées toute la journée avec des leds car leur scintillement est relativement puissant et visible même le jour. A partir de là, j’ai voulu jouer sur les lumières bleues et « Congo » du Château pour faire écho à cet ensemble. Imaginez Main Street illuminée dans les mêmes tons, le Château éclairé, les bougies scintillantes ainsi que les star flahes sur les toits qui viennent se substituer aux leds de Noël : c’est vraiment féérique.

La version de la Bougillumination présentée lors de l’événement presse du 31 mars était assez différente.
En effet. Elle est d’une certaine façon plus proche de mon idée de départ dans la mesure où j’avais imaginé que ce serait Lumière et non Mickey qui devait en être le Maître de Cérémonie. L’autre différence tenait au fait que la chorégraphie était ce soir plus complexe que celle présentée tous les jours et que, pour cela, j’ai fait appel à des danseurs professionnels venus de l’extérieur.

Une autre différence tient au fait que Clochette ne s’est pas seulement illuminée, elle a effectivement répandu sa Poussière de Fée sur le Château.
Ce fut un très bel effet que cette pluie de « Pixie Dust » qui tombe en tournoyant au gré du vent. Ce fut tellement merveilleux que nous avons décidé de le garder, au moins jusqu’au 12 avril. Après, nous verrons.


Pouvez-vous nous parler de ce sublime feu d’artifice du 31 mars ?
Ce fut en effet grandiose. Je me suis basé sur mon expérience sur Wishes pour le composer et j’ai travaillé avec le même pyrotechnicien. Déjà, Wishes était un challenge de taille car concevoir un tel spectacle basé sur la synchronisation parfaite entre les feux et la musique était unique en Europe. Là, nous n’avions pas le droit à l’erreur car il n’y avait pas de répétition. Nous avons donc procédé de la même manière. Je lui ai donné des indications de couleurs et de formes et il a entré les bombes correspondantes aux moments que je désirais sur son ProTools et a calculé tous les moments de lancements (car pour chaque top, il faut considérer le délai entre la mise à feu et l’explosion dans le ciel). Ensuite, il m’a présenté une démo en 3D de ce feu avec une vue aérienne du Château et des pas de tirs. Nous avons également présenté le projet à François Leroux, notre Vice-Président en charge des spectacles et il a trouvé cela hallucinant. Il faut dire que nous avons mis le paquet. Imaginez que pour un show de 9’ comme Wishes, nous utilisons 70 kg de poudre. Pour notre Bougillumination exceptionnelle, pour les 4’30 que dure la version longue de Just Like We Dreamed It, nous avons utilisé 450 kg de poudre ! Le tout réparti non pas seulement sur les deux pas de tir classiques situés sur les toits de Fantasyland, mais également dans un bunker situé sur le boulevard circulaire intérieur du parc, réservé aux « cast-members » (salariés de DLRP). Le résultat est un feu plus bruyant qu’à l’ordinaire, mais également plus haut dans la mesure où les fusées pouvaient atteindre cette fois les 50 mètres. Il a même fallu demander au commissariat de bloquer la circulation du boulevard extérieur, accessible au public, pendant un temps. Mais cela en valait vraiment la peine. Juste après le spectacle, j’ai été assailli par une foule de gens qui venaient me féliciter avec les larmes aux yeux. Même les responsables américains présents ont été impressionnés et ont pu vraiment apprécier le savoir-faire du parc français en matière de magie !

Lumière faisait un MC de grande classe !
Absolument. Nous l’avons positionné sur le Château car il fait vraiment partie de notre célébration. On le retrouve également à travers les quatre sculptures de Central Plaza ainsi que sur les bannières. Il incarnait tout l’esprit que nous voulions donner à notre fête : « Be Our Guest ». Je suis fier d’avoir été à l’origine de cette idée. Je l’ai suggéré à François Leroux alors qu’il cherchait une icône pour le 15e et je lui ai dit : « Pour moi, c’est Lumière. C’est le Maître de Cérémonie par excellence. » Voilà pourquoi il apparaît maintenant beaucoup sur les bannières et dans les publicités.

Pourquoi lui avoir préféré finalement Mickey pour la version classique ?
Lumière est déjà très présent en tant qu’icône du 15e anniversaire, que ce soit sur les bannières de Main Street ou sur le Château (c’est lui la première bougie qui s’allume). Il m’a semblé qu’il ferait un excellent guide pour l’ouverture des festivités, mais je voulais aussi ne pas oublier Mickey, qui nous offre une merveilleuse chorégraphie en compagnie de nos danseurs.

Vous évoquez votre projet initial. Quel était-il ?
J’étais vraiment parti sur l’idée de placer Lumière au centre de la Cérémonie quotidienne. Il me semblait que c’était un ambassadeur idéal pour la France et l’Europe. C’est déjà très net dans le dessin animé et si vous allez à Broadway pour voir la comédie musicale de la Belle et la Bête, vous noterez que Lumière parle anglais avec un accent français. Je l’ai vue également en espagnol à Madrid, et c’est la même chose. C’est toujours très marqué. Et pour faire écho à cette identité française, j’ai voulu que cette couleur soit bien présente sur la Bougillumination. La cérémonie devait commencer avec le bruit du vent puis la voix de Lumière disant « Be our guest », « c’est la fête », etc., dans toutes les langues européennes, comme un appel au public pour se rassembler. En plus du canotier, j’ai aussi voulu faire un hommage à Maurice Chevalier. J’avais même écrit une petite chanson pour Lumière, comme un clin d’œil à Paris, à travers ce personnage qui a cet accent de titi parisien. Vasile Sirli m’a dit : « on peut essayer, on va voir si ça marche. » Cela donnait : « toute ma flamme, tout mon bonheur / pour Panam, mais oui Madame ! » Il y avait 10 phrases comme cela et j’ai essayé de le faire chanter à Lumière. Finalement, cela n’a pas abouti et cela est retourné dans les tiroirs comme beaucoup d’autres idées. Mais qui sait, cela ressortira peut-être un jour dans un autre contexte…

La Bougillumination n’est pas votre seule contribution au 15e anniversaire.
En effet, je me suis également occupé du Petit Train des Personnages Disney, le Disney Characters Express. Vous vous souvenez du train de Dumbo de la Parade du Monde Merveilleux de Disney ? Eh bien, nous l’avons repris et complètement transformé. Toutes les références à Dumbo ont été retirées, ainsi que la cage du lion, la pompe à eau (on a gardé que le toit) ainsi que le wagon des girafes, et on en a fait trois plateformes très jolies, avec des structures, avec le logo du 15e au milieu et de petits drapeaux dorés. Nous l’avons totalement relooké : il est maintenant beaucoup plus magique, moins clownesque avec des tons bleus et blanc nacré pailleté et un grand ruban sur l’avant comme si le train était passé au travers et qu’il l’avait emmené avec lui. L’idée est d’amener les personnages sur Central Plaza. On sort à Town Square, on remonte Main Street, on se gare et les personnages descendent du train. Pour cela, j’ai adapté en français une chanson composée originellement pour Hong Kong, All Aboard !- tous à bord. Pour ce faire, je me suis fait aider par George Costa, le parolier attitré de Disney. Les personnages arrivent sur les plateformes sur une chorégraphie basée sur des mouvements de bras et de mains, accompagné de cinq performers habillés dans les costumes de la Bougillumination qui ouvrent l’espace devant le train en utilisant des sifflets. Ils portent tous un médaillon aux couleurs du 15e anniversaire. Il y a ainsi 20 minutes de set avec les personnages, puis le train a cinq minutes pour revenir.


C’est une rencontre originale avec les personnages, qui se transforme en véritable spectacle de rue.
Absolument. Non seulement ils viennent en « meet and greet » à la rencontre des visiteurs, mais ils sont également mis en scène et chorégraphiés. C’est l’association des deux qui donne son originalité à cet événement.


Comment vous sentez-vous maintenant que tout est lancé et bien lancé ?
Vidé ! Mais je suis ravi que tout ait commencé aussi bien. La fête est lancée, elle ne m’appartient plus. Elle appartient désormais à nos personnages, à nos artistes et à nos visiteurs…

Photos 4, 5 et 7 courtesy of dlrp-wishes.skyblog.com. Avec nos remerciements.