VICE VERSA : Entretien avec le Superviseur de l'Animation Victor Navone
Comment êtes-vous arrivé sur le projet?
J’ai été approché par Pete Docter
ainsi que par Shawn Krause (l'autre animateur superviseur). Ils m’ont invité à
me joindre à l'équipe en 2012. À
l'époque, je travaillais sur la première version du Voyage d’Arlo, et
j’étais vraiment très enthousiaste à
propos de ces deux films. Mais je n’avais jamais imaginé que je pourrais être
embauché pour être responsable sur Vice-Versa.
J’avais des informations sur les prémisses du film, et je savais qu'il
avait un potentiel pour devenir puissant et spécial. Pete Docter crée des
histoires et des mondes qui sont vraiment amusant à animer, et celui-ci
semblait offrir de nombreuses possibilités pour l'animation sous forme de
dessins animés d’un style différent de ce que nous avions fait dans les autres
films.
Pour ce film vous avez été animateur superviseur. Comment pourriez-vous expliquer ou décrire ce nouveau rôle?
Pour ce film vous avez été animateur superviseur. Comment pourriez-vous expliquer ou décrire ce nouveau rôle?
Chez Pixar le superviseur de l'animation est un peu comme le responsable de
l'animation que l’on trouve chez Dreamworks et Disney. Nous avons la
responsabilité de diriger la création des personnages en pré-production, de
réunir et diriger l'équipe d'animateurs, et de vérifier les extraits réalisés.
Nous travaillons avec le réalisateur, afin de nous assurer que sa vision soit
correctement retranscrite, et nous nous assurons que les animateurs obtiennent
ce dont ils ont besoin pour faire leur travail. Nous travaillons avec les autres départements impliqués, et nous
nous réunissons régulièrement avec le producteur pour garder l’ensemble sur la
bonne voie. Nous n’avons pas toujours le temps d'animer nos propres scènes,
mais nous donnons beaucoup de retours créatifs quotidiennement et lors des
rencontres.
Comment avez-vous travaillé avec Pete Docter, qui est en même temps un
artiste, un historien de l'animation et un père (ce qu’on constate dans le
film) ?
C’est vraiment merveilleux de
travailler avec Pete car il comprend de façon profonde l’animation, et la façon
de jouer une scène. Il est très collaboratif et il est ouvert à d'autres idées
si elles améliorent une scène ou une
séquence. Il excelle dans l’art de
communiquer ses idées sur la façon de jouer ainsi que la façon de voir une
scène, et avec le co-directeur Ronnie Del Carmen, il excelle aussi à motiver et
inspirer les animateurs afin de retirer le meilleurs d’eux même pour leur
travail.
Comment avez-vous travaillé avec Shawn Krause?
Tous les films Pixar n’ont pas
deux animateurs superviseurs, mais ce fut vraiment une chance pour moi que
celui-ci en ait deux ! C’était mon premier travail en tant que
superviseur, et Shawn m’a aidé et m’a guidé tout en me laissant me développer
dans ce rôle. Nous avons des sensibilités différentes ainsi qu’une façon
différente de manager les équipes, et je pense que nous étions parfaitement
complémentaires. Je ne sais pas ce que j’aurais fais sans lui.
Tony Fucile a été très impliqué dans ce film. Qu’a-t-il apporté à votre
département, sachant qu’il est un animateur 2D renommé?
Nous appelons Tony «triple menace», parce qu'il peut faire le storyboard, le design des personnages, et l'animation, et en plus il fait chacune de ces choses vraiment très bien. Ce fut un peut un sauveur sur ce film, et il nous a vraiment aidés à pousser pus loin que jamais la qualité de notre animation . Il a apporté à notre animation l’esthétique des dessins exécutés à la main dont nous avions tant besoin. Et nous avions l’impression de nous retrouver sur les bancs de l’école quand nous voyions ses dessins dans des extraits de nos animations. Une ou deux fois par mois, nous avions les « Tony Time », où les animateurs se réunissaient avec lui dans une salle de projection et où il commentait un passage en direct ou alors il analysait un extrait d’une animation 2D classique. C’était très enrichissant ! J’ai rarement demandé à Tony de m’aider à planifier un passage, mais lorsque quelque chose me bloquait, je lui demandais toujours comment améliorer. Tony n’ose pas proposer ses propres idées, mais il est excellent pour arriver à faire jaillir les idées des autres et les aider à les rendre plus claires et divertissantes. Il faut vraiment le pousser dans ses derniers retranchements pour avoir une de ses idées. Je lui demandais souvent « Tony, comment auriez vous animé ceci ? »
Nous appelons Tony «triple menace», parce qu'il peut faire le storyboard, le design des personnages, et l'animation, et en plus il fait chacune de ces choses vraiment très bien. Ce fut un peut un sauveur sur ce film, et il nous a vraiment aidés à pousser pus loin que jamais la qualité de notre animation . Il a apporté à notre animation l’esthétique des dessins exécutés à la main dont nous avions tant besoin. Et nous avions l’impression de nous retrouver sur les bancs de l’école quand nous voyions ses dessins dans des extraits de nos animations. Une ou deux fois par mois, nous avions les « Tony Time », où les animateurs se réunissaient avec lui dans une salle de projection et où il commentait un passage en direct ou alors il analysait un extrait d’une animation 2D classique. C’était très enrichissant ! J’ai rarement demandé à Tony de m’aider à planifier un passage, mais lorsque quelque chose me bloquait, je lui demandais toujours comment améliorer. Tony n’ose pas proposer ses propres idées, mais il est excellent pour arriver à faire jaillir les idées des autres et les aider à les rendre plus claires et divertissantes. Il faut vraiment le pousser dans ses derniers retranchements pour avoir une de ses idées. Je lui demandais souvent « Tony, comment auriez vous animé ceci ? »
Sur Vice Versa, il y avait 45 animateurs et deux animateurs de superviseurs,
alors que d’autres projets demandent 85 animateurs et un animateur superviseur.
Pouvez-vous nous expliquer ce choix et ce que cela implique pour votre travail?
Nous avons été très chanceux d'avoir une
petite équipe qui a été autorisée à travailler plus longtemps. Nus avons été en
production pendant environ 18 mois, alors que la plupart des animations sont
dans la boite après 9-12 mois. À l'époque, nous faisions l'animation en même
temps que se déroulait celle de « le voyage d’Arlo », qui avait un
calendrier beaucoup plus court et nécessitait plus d’animateurs, donc on nous a
laissé une petite équipe. Personnellement, j’ai apprécié d'avoir la plus petite
équipe, car cela fait plus intime et tout le monde peut d’avantage contribuer au
film final.
En ce qui vous concerne, quels ont été les défis dans Vice Versa?
Les personnages de l'esprit sont
plus stylisés que tout ce que nous avions déjà essayé dans un long métrage, et
chaque émotion eu des règles très précises sur la façon de les dessiner "en
restant fidèle au modèle". Tony nous a beaucoup aidé, mais il y a toujours
une étape d'apprentissage pour chaque personnage. Les yeux de Joie étaient
probablement le plus difficile à apprendre; nous avons dû inventer un grand
nombre de nouvelles commandes pour les amener à faire ce que Tony pouvait dessiner
très simplement, et en conséquence le modèle informatique de Joie était très
compliqué et difficile à utiliser.
Est-ce que ce film a demandé de nouvelles technologies?
Nous avons eu une nouvelle technologie qui
nous a permis de remodeler la silhouette d'un personnage en traçant simplement une
ligne. Cela nous a aidés à améliorer certaines des formes graphiques que nous
avons fait après. Comme je l'ai mentionné plus haut, nous avons également eu de
nouvelles commandes pour les yeux afin d’obtenir des expressions plus cartoon.
Nous avons eu beaucoup de passages avec des situations intégrant une image dans
une image par exemple quand les émotions regardent un écran de contrôle ou une
sphère de mémoire, et notre département des outils a construit de formidables
outils pour les contrôler et passer de l’un à l’autre. Nous avons un outil
d'esquisse intégré dans notre logiciel d'animation depuis un certain temps
maintenant, mais il a été beaucoup plus utilisé et raffiné sur ce film. Un
grand nombre d'animateurs l’ont utilisé pour le fixer des croquis, et pas
seulement Tony.
Comment avez-vous abordé les différences entre les deux mondes, les
animations de Riley et de Joy ?
Le monde humain était du style
Pixar plus standard, tendant vers le naturaliste.
Nous avons d’abord bataillé un peu pour trouver ce style, supposant que nous en
avions vraiment besoin pour contraster avec le monde de l'esprit. Nous avons
rapidement réalisé que les humains pourraient être plus "fun", et nous
avons essayé de plus pousser l'animation dans certaines des scènes amusantes,
comme quand la famille fait semblant d'être des singes. De nombreux animateurs
se sont basés sur la référence vidéo pour les plans humains, mais pas tellement
pour les passages se situant dans le monde de l'esprit (sauf si c’est un
passage très grave où se situe Joie, par exemple). Parce que les dessins des
personnages de l'esprit étaient si stylisés, beaucoup d'animateurs se sont
inspiré des vignettes et des dessins de pose des personnages pour véhiculer
leurs idées. Dans de nombreux cas nous avons demandé aux animateurs d’aller
plus loin et de prendre plus de plaisir avec leur travail.
Dans l'esprit de Riley, chaque personnage incarne une émotion spécifique.
Est-ce que le fait que le comportement d’une émotion soit limité à son émotion
et ne possède pas toute la gamme des émotions comme les humains a représenté un
défi?
Nous savions dès le début que si les
personnages d'émotion n’exprimaient que l'émotion qu'ils incarnent, ils
seraient rapidement devenus ennuyeux. Par exemple, si le personnage de Colère
était seulement toujours en colère, il ne serait pas intéressant à regarder.
Par conséquent, nous donnerions à tous les personnages leur attitude par défaut
(comme la colère), mais ils pourraient éprouver d'autres émotions aussi, comme
la surprise, la confusion, le bonheur, etc. Je trouve que Colère est plus
intéressant quand il est sarcastique, et affiche d'autres émotions avant se
mettre en colère. Je pense que nous connaissons tous des gens comme ça, qui ont
une attitude prédominante, mais qui peuvent exprimer une large gamme de
sentiments différents.
Joie et Tristesse, bien sûr,
doivent être en mesure de vivre une gamme d'émotions, parce qu'elles grandissent
et changent au cours du film. Notez au début du film comme elles sont
différentes dans leur énergie et attitudes, et à la fin elles se sont un peu
rapprochées; Joie devient plus douce et plus empathique, Tristesse devient plus
confiante et participative.
En dirigeant toute l’équipe d'animateurs, comment pouvez vous instiller
une part de vous-même au sein de l'animation des personnages, car j’imagine qu’une telle histoire
émotionnelle ne peut que créer une implication personnelle émotionnelle profonde ?
Je pense que chaque animateur a ajouté un peu
de lui-même à sa réalisation, et en tant que superviseur, c’est mon travail de
les aider à développer leurs idées tout en gardant les personnages cohérent et
conformes à la vision du réalisateur. Je ne cherche pas à mettre mes propres
idées dans leurs passages, mais je tente de pousser les éléments avec lesquels
ils sont venus et de les aider à les
présenter de la façon la plus claire possible. Nous nous sommes tous
très impliqué émotionnellement avec l'histoire, et Pete et Ronnie été
excellents pour nous inspirer. Même si je n’ai pas du animer de nombreux
passages moi-même, en tant que superviseur j’ai laissé ma marque un peu partout
dans le film à cause de toutes les décisions et des commentaires que j’ai pu
faire à propos de l'animation dans son ensemble. Nous suivions tous la vérité
des personnages et de l'histoire, et j’aime à penser que j’ai été capable d’aider
à guider les actions dans la bonne direction.
Que pouvez-vous me dire au sujet de votre relation personnelle avec ce
film?
J’ai deux filles, une qui a eut
11 ans juste au moment de la sortie du film, c’était donc très personnel pour
moi. Je suis pleinement conscient du changement de l'affectif et du changement
intellectuel de mes filles pendant
qu’elles grandissent, et j’ai été honoré
de participer à une histoire qui pourrait les aider à mieux se comprendre et
s’exprimer elles-mêmes. En tant que père, je comprends très bien ce que le papa
dans le film doit avoir comme sentiment, et la scène finale où Riley pleurer me
fait pleurer à chaque fois! Bien que je pense que tous les enfants peuvent
apprendre quelque chose de ce film,
j’espère en particulier que les jeunes filles pourront être plus
authentiques et que ce film leur permettra d’embrasser la totalité de leurs
émotions. Oh, et je me suis reconnu dans le passage où la jeune Riley courre nue
et danse parce que mes filles font ça tout le temps!
En travaillant sur les émotions de Riley, qu'avez-vous appris sur les
vôtres?
Je suis en mesure de confirmer que je suis une
personne dont l’émotion principale est la peur!
Quel est le moment le plus précieux de
cette expérience sur Vice Versa que vous
garderez dans votre mémoire
centrale ?
Mes souvenirs préférés sont les personnes.
Nous avons eu une équipe formidable, c’est un peu comme une famille. Nous avons
travaillé dur ensemble et nous avons joué ensemble. C’était un film difficile à
faire, mais nous avons tous cru en lui et on a partagé un sens de la solidarité
et de détermination. J’ai également beaucoup appris sur le leadership, et j’ai
eu beaucoup de possibilités pour me développer dans ce domaine! Mais le plus
important de tous, j’ai été honoré et ravi d’avoir simplement l'opportunité de
travailler sur ce film.
Merci, Scrooge, pour ta traduction!!
Merci, Scrooge, pour ta traduction!!
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