mercredi, octobre 10, 2007

HIGH SCHOOL MUSICAL 2 : Entretien avec le compositeur Adam Watts

High School Musical 1 & 2, Halloweentown High, Read It and Weep, Cowbelles, Go Figure, Stuck in the Suburbs, Jump In!, autant de Disney Channel Original Movies dont on connaît le succès grandissant. Mais ces productions légères et pulsées ont un autre point en commun en la personne d'Adam Watts. Avec son complice Andy Dodd, il a signé la très réussie My Own Way pour HSM2. Artiste Disney, il se revendique avant tout comme un chanteur chrétien et nous explique ce que cela veut dire pour lui.

Pouvez-vous parler un peu de votre parcours ?
Pour cela, je pense qu’il faut évoquer deux ou trois choses qui me définissent vraiment comme personne et comme musicien. Je suis issue d’une famille merveilleuse, avec des parents qui m’ont toujours soutenu. De plus, je suis chrétien et ma foi affecte profondément tous les aspects de ma vie. Quand j’ai eu 11 ans, j’ai commencé à jouer de la batterie. J’ai suivi des cours privés et j’ai fait partie d’un ensemble de percussions au lycée, ce qui fut une expérience fantastique. J’ai aussi pris des cours d’harmonie au lycée et au collège. Vers la fin de mon adolescence, je me suis tourné vers le piano, puis vers la guitare, la chanson, la composition et la production de mes propres titres. J’ai toujours aimé le monde de la production de chansons. Quand j’ai commencé à chanter et composer, c’était comme si le monde s’ouvrait devant moi. Ce fut un des plus grands moments de ma vie en tant que musicien et en tant que personne. J’avais enfin trouvé un moyen de transmettre des choses que je n’avais jamais pu dire auparavant.

Comment avez-vous rencontré Andy Dodd ?
Nous nous sommes rencontrés au Saddleback College Big Band. Je jouais de la batterie, il jouait de la guitare. On se retrouvait chez moi pour faire quelques bœufs délirants du style « jazz fusion ». C’est alors qu’il est allé à USC pour passer son diplôme de guitariste de studio tandis que je me suis mis à jouer de la batterie dans des orchestres de clubs de la Californie du Sud. Quelques années plus tard, nous nous sommes retrouvés. J’avais besoin d’un guitariste pour mon groupe. Andy m’a semblé la personne idéale : il était cool, tout en prenant la musique très au sérieux. Nous étions tous les deux fatigués de cette vie de saltimbanque et il s’est intéressé à la production de chansons en participant à l’enregistrement de quelques-uns de mes titres. Nous avons alors décidé de nous retrouver tous les jours, d’écrire des chansons et de les enregistrer ensemble. Nous avons rejoint une compagnie appelée Taxi et avons commencé à proposer des chansons à des chanteurs et des studios de télévision et de cinéma. Nous avons écrit de tout, du pop à la country en passant par le jazz. Les choses sont devenues de plus en plus sérieuses. Nous savions que nous pouvions réussir…même si je pense que si je ré-écoutais nos chansons d’alors, je trouverais cela plutôt drôle !...

Comment s’exprime votre complémentarité ?
Nous pensons les choses à peu près de la même façon tout en ayant des personnalités très différentes. C’est ce qui rend notre partenariat intéressant. Je tends vers une production un peu plus espacée et plus organique, tandis qu’il préfère quelque chose de plus dense. Nous trouvons donc un moyen terme entre les deux ou bien nous laissons l’un d’entre nous prendre les commandes quand cela est le plus approprié pour la chanson. De plus, dans la mesure où je viens avec une perspective résolument artistique, j’essaie de me concentrer sur l’inspiration et les émotions liées à mes idées. De son côté, Andy (photo ci-dessous avec le cast de HSM) aime la musique dans son côté ludique. De fait, nous formons un merveilleux Yin et Yang.

Comment travaillez-vous ensemble ?
Entre Andy et moi, nous arrivons à jouer de tous les instruments dont nous avons besoin, ce qui fait que le processus de création est ininterrompu de bout en bout. Nous faisons juste appel à un bassiste et à une vocaliste si besoin est. Mais ce qui compte le plus pour nous, par dessus tout, c’est notre amitié. Ce qui fait que nous essayons toujours d’être le plus juste et le plus honnête l’un envers l’autre. Aucun souci en rapport avec quelque aspect que ce soit du business ou de la musique ne cause jamais de grand problème, ce qui me fait dire que nous travaillons dans un environnement idéal !

Quel est votre style musical de prédilection ?
J’ai plusieurs relations différentes à la musique. Mais avant tout, j’adore les belles chansons. Comme tout le monde, je pense ! Peu importe le style, une bonne chanson reste une bonne chanson. Ceci dit, je n’aime pas beaucoup quand une chanson est trop ostensiblement «à la mode » ou « dans le vent ». C’est vraiment dommage quand le style ou la production prennent le dessus et qu’il n’y a plus vraiment de chanson dans la chanson. Dans ces conditions, il me semble que c’est autre chose, de la musique mais dans un but différent. Un peu comme la bande-son d’un style de vie, d’une communauté. Mais cela ne me parle pas au plus profond. Moi, j’ai touché à pas mal de style différents, du classique au jazz en passant par le rock, le R&B et la pop. J’aime la façon qu’a chacun de ces styles d’exprimer des émotions. C’est vraiment sympa de plonger à l’intérieur de chacun de ces langages, de ce qui les rends uniques. Ceci dit, quand il s’agit pour moi de m’exprimer personnellement, en tant qu’artiste, je tends plutôt vers le rock de compositeurs-interprètes. J’adore tout ce qui rend une chanson unique, de la mélodie à l’interprétation. J’aime aussi la façon dont le son peut avoir un effet sur les gens. J’aime quand le bon mix fait la différence et que la chanson touche les gens et influence leurs attitudes. Si je pars d’un sentiment ou d’une pensée, il me semble que cela sera mieux exprimé en musique qu’à travers n’importe quel autre moyen de communication. La musique est un don de Dieu. Il n’y a rien de mieux !

Comment en êtes-vous venu à travailler avec Disney ?
En fait, Andy et moi avons travaillé la plupart du temps avec des artistes chrétiens comme Jeremy Camp ou Jadon Lavik, mais un jour, nous avons été présentés à un artiste du nom de Jesse McCartney par le biais de Taxi. Nous lui avons écrit une chanson intitulée Beautiful Soul qui a rencontré le succès sur Radio Disney et lui a permis de signer avec Hollywood Records. Peu après, nous recevions un coup de fil de Brian Rawlings, de Walt Disney Music Publishing. Nous nous sommes vus plusieurs fois, nous leur avons présenté quelques chansons supplémentaires et ils nous ont proposé un contrat d’exclusivité. Ils ont fait de Beautiful Soul le premier single de Jesse et c’est ainsi que le titre est devenu un succès mondial, ce qui fut une énorme surprise et une bénédiction. Cela fait maintenant trois ans que nous sommes chez Disney et nous avons d’excellentes relations. C’est vraiment génial de travailler avec eux et nous apprécions beaucoup le fait de faire partie d’une compagnie qui produit de telles musiques, positives et privilégiant la famille. Nous écrivons maintenant des chansons extrêmement variées pour toutes sortes de projets allant de Disney Channel, avec High School Musical et Hannah Montana, à Hollywood Records, avec Aly et AJ et Ingram Hill.

Comment a début pour vous cette aventure de High School Musical ?
Steve Vincent, de Disney Channel, nous a appelés et nous a tout simplement demandé d’écrire une chanson pour le film. A cette époque, nous avions déjà participé à plusieurs projets Disney. Ce fut donc très naturel.

Comment s’est passée votre collaboration avec le réalisateur Kenny Ortega sur What I’ve Been Looking For pour le premier HSM?
Kenny est quelqu’un de formidable. Après avoir validé notre chanson, il est venu pour l’enregistrement des parties vocales, pour nous aider à faire en sorte que notre chanson et l’interprétation des chanteurs colle parfaitement à sa vision du film.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette chanson ?
En fait, il fallait deux versions de la même chanson dans le film. Elle devait donc fonctionner de différentes façons. Nous devions lui donner un côté amusant, voire ironique pour la version rapide, plus « Broadway, et en même temps, elle devait supporter une approche plus émotionnelle et plus tendre pour la version lente. Et en plus de tout cela, il fallait prendre en compte le fait qu’il s’agit d’une audition dans laquelle d’autres jeunes devaient proposer des versions toutes plus folles et plus ratées les unes que les autres ! Ce fut un véritable défi que d’écrire une chanson qui puisse être utilisée à tous ces niveaux.

Comment êtes-vous parvenus à vous glisser dans cette histoire ?
On nous a donné une ébauche du script, sans vraiment savoir où cette scène devrait finalement se trouver dans le film, ainsi que des notes concernant la façon dont les créateurs du film voulaient que sonne notre chanson. Il me semble que la version que vous connaissez correspond à la troisième idée que nous avons proposée.

Comment avez-vous accentué le contraste entre la version de Sharpay et Ryan et celle de Troy et Gabriella ?
Tout simplement en changeant le tempo et en jouant sur l’orchestration. C’est ainsi que la ballade de Troy et Gabriella n’a pas de batterie. Nous nous sommes concentrés sur les voix, avec juste un accompagnement de piano. Pour le reste, ce sont les mêmes accords et la même mélodie. C’est simplement l’absence de batterie et ce piano lent et arpégé qui fait la différence.

Comment s’est passé l’enregistrement ? Etait-ce avec Drew Seeley dans le rôle de Troy ?
Oui. Les chanteurs avaient une vision très claire de ce que l’on attendait d’eux à travers les arrangements. Nous n’avons eu qu’à les guider un peu pour obtenir le meilleur d’eux-mêmes, en demandant plus de sensibilité dans la version lente, et plus d’agressivité et en même temps de fun dans la version rapide.

Quels souvenirs gardez-vous de ce premier épisode de HSM ?
Nous avons beaucoup appris. C’est passionnant d’essayer de mettre dans une chanson autant d’éléments du film afin qu’elle rentre parfaitement dans une scène bien définie. Je me souviens aussi de l’émotion que j’ai ressentie en entendant notre chanson dans la version finale du film !

Qu’est-ce que cela vous a fait lorsqu’on vous a demandé de participer au deuxième High School Musical ?
Ce fut une bénédiction ! Nous sommes infiniment reconnaissants qu’ils nous aient demandé de revenir pour cette suite. Après le succès du premier film, je pense que n’importe quel compositeur de chansons n’aurait pas dédaigné écrire pour HSM2 ! Nous avons été très flattés qu’ils reviennent ainsi nous voir !

Comment vous a-t-on présenté cette nouvelle chanson ?
Tous les compositeurs ont rencontré Kenny, les scénaristes et les producteurs afin de collecter des informations sur les chansons qu’ils voulaient pour leur film. Nous sommes donc venus à leur invitation et avons pris une page entière de notes sur la nouvelle chanson qu’ils attendaient de nous ! Kenny a même joué la scène pour nous ! Il a fait montre d’un grand enthousiasme et cela nous a inspiré dès que nous sommes ressortis de cette réunion. Ils nous ont dit qu’ils voulaient une chanson douce-amère. Triste, mais pas trop. Ce n’est pas la fin de la relation entre Troy et Gabriella, mais les choses ne vont quand même pas très fort. Elle s’approche de lui et lui dit : « hey, tu fais ton truc et je vais de mon côté pendant un temps et peut être qu’on peut en discuter plus tard. » Nous avons donc dû jouer sur les deux tableaux, celui de la tristesse et celui de l’espoir. Cette chanson est pour Gabriella le moment où elle prend conscience qu’il faut qu’elle pense un peu à elle, qu’elle se respecte elle-même et qu’elle retrouve un peu de force. Dans le même temps, ce devait être une sorte d’appel envers Troy pour qu’il se réveille et réalise ce qui est en train de se passer. Fort de toutes ces informations, nous sommes rentrés à notre studio très inspirés et nous avons écrit la chanson très rapidement.

Comment avez-vous créée My Own Way?
Nous nous sommes installés dans notre studio avec des guitares acoustiques et nous avons commencé à improviser dans tous les sens avec des accords et des riffs. Puis nous avons imaginé des mélodies avec nos ordinateurs portables devant sur lesquels se trouvaient toutes nos notes, pour bien les garder à l’esprit au moment de créer, et nous avons jeté sur le papier des idées de paroles comme elles sont venues. A partir de là, nous avons enregistré de petits moments sur une cassette et commencé à mettre le tout en place –le moment que nous préférons. Enfin, dès que nous avons eu une idée assez précise du couplet et un peu du refrain, nous nous sommes mis à programmer un groove à la batterie sur lequel nous avons bâti l’ensemble de la chanson.

C’est une chanson très différente de celle que vous aviez écrite pour High School Musical 1.
En fait, c’est notre chanson pour HSM1 qui était le plus en marge de ce que nous avons l’habitude de faire du point de vue du style. Mais comme pour n’importe quelle chanson, nous essayons toujours de nous plonger au maximum dans ce que, selon nous, elle devrait être, et nous cherchons dans ce sens le bon feeling.

Comment se passe la production d’une telle chanson ?
Nous enregistrons toutes nos musiques dans notre studio, même les démos vocales. Tout cela est envoyé ensuite à toutes les personnes impliquées dans le film pour validation. Une fois ceci fait, nous les envoyons aux acteurs/chanteurs pour qu’ils puissent les travailler. Ce n’est qu’ensuite qu’ils viennent dans notre studio pour l’enregistrement de leur partie vocale.

Que pensez-vous du succès phénoménal de cette franchise ?
C’est incroyable ! Cela dépasse toute mon imagination ! Les jeunes de cette génération se souviendront toute leur vie de High School Musical. C’est une bénédiction pour nous d’en faire partie et ce qui nous ravit le plus dans cette production, c’est son bon cœur et sa dimension familiale. C’est ce qui rejoint le plus nos valeurs.

Aimeriez-vous faire partie de Haunted High School Musical ?
Absolument !!

Vous vous définissez vous-même en tant qu’artiste chrétien. Pouvez-vous nous expliquer ?
C’est ce qu’il y a de plus important dans ma vie. En tant que chrétien, il est de notre responsabilité d’essayer d’imiter le Christ dans tout ce que nous faisons. Cela peut paraître irréalisable par moments, mais cela vaut la peine.

Vous semblez à l’aise avec Disney. Comment vivez-vous cette collaboration par rapport à vos valeurs ?
C’est formidable de travailler avec Disney, précisément parce qu’ils se situent du point de vue des mêmes valeurs familiales et positives, notamment en ce qui concerne les programmes de Disney Channel. La dimension chrétienne, c’est simplement ce que nous sommes et ce que nous cherchons à être au plus profond. Elle est donc toujours là dans notre vie et cela se ressent dans nos chansons, je pense.

Justement, pour vous, c’est quoi, être chrétien, du point de vue musical ?
C’est central dans notre processus. En tant que don de Dieu, la musique est un langage très puissant. Pour moi, c’est un moyen idéal pour porter un message et le conduire jusqu’au cœur et l’esprit des gens. Cela implique donc une grande responsabilité : on doit vraiment faire attention à véhiculer le bien, autant que possible. Mais c’est aussi un métier, et c’est ce qui rend l’aventure intéressante. Je suis un artiste chrétien, c’est quelque chose de très personnel. Ma vie intellectuelle et émotionnelle se reflète dans la musique que j’écris en tant qu’artiste, et le Christ est au centre de tout cela. Quand nous écrivons pour Disney ou pour d’autres artistes, Andy et moi essayons très fort de prendre conscience de notre responsabilité en tant que chrétiens dans la façon dont nous travaillons avec les gens et dans la musique que nous créons.

Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos productions à venir ?
Nous travaillons actuellement sur des chansons pour le prochain grand film de Disney Channel en 2008, Camp Rock. Nous avons également co-écrit quatre chansons pour le nouvel album d’Ingram Hills pour Hollywood Records. Récemment, nous avons co-écrit et produit le premier single de l’artiste chrétien Jeremy Camp. Nous développons aussi quelques projets personnels et notamment pour une artistes chrétienne et country appelée Natalie…Watts (ma femme !). Enfin, mon groupe, Human Zero travaille actuellement sur un album plutôt rock alternatif. Comme vous le voyez, nous sommes pas mal occupés !

All our gratitude goes to Fred Mollin and Dani Markman for their great help and kindness!