HIGH SCHOOL MUSICAL 2 : Entretien avec le compositeur David Lawrence
Vous êtes le compositeur de la partition de High School Musical 2. Comment avez-vous raconté cette histoire en musique ?
Le plus important était d’incorporer, partout où cela était possible et pertinent, les thèmes de la plupart des chansons du film. De cette façon, de façon subliminale, il me fut possible de raconter cette histoire page après page. La manière la plus évidente de le faire, c’est d’utiliser le thème d’une chanson avant et après le numéro dans lequel elle apparaît, comme une sorte d’anticipation d’une part et de prolongement d’autre part.
C’est un peu ce qui se passe avec les partitions instrumentales des comédies musicales de Broadway.
Absolument. Ce fut un axe très important cette fois, décidé par le réalisateur, Kenny Ortega, le directeur de la musique de Disney Channel et moi-même. Nous voulions vraiment que High School Musical 2 soit dans la même veine qu’une comédie musicale de Broadway.
Seulement, en plus de vos arrangements des thèmes des chansons, vous avez également composés de nouveaux thèmes, purement instrumentaux, n’est-ce pas ?
Exactement. J’ai créé trois thèmes instrumentaux afin d’assurer une continuité à l’ensemble en suivant tel ou tel personnage du début à la fin et de bien marquer son évolution au fil de l’histoire. Le thème principal accompagne Troy & Gabriela. Il apparaît lorsqu’on les voit sur le cour de golf pour la première fois puis les suit tout au long de l’histoire. Le second thème original est en fait une variation sur la chanson Fabulous chantée par Sharpay. J’ai utilisé un grand nombre de motifs empruntés à cette chanson que j’ai développés afin de créer une musique totalement nouvelle pour son personnage. Je suis donc parti d’un thème de chanson pour en tirer quelque chose de complètement différent. Quant au troisième, c’est le même principe, mais basé sur la chanson You Are The Music In Me.
Quelles sont les principales différences entre votre partition pour HSM 1 et celle d’HSM 2 ? Comment avez-vous évolué de l’une à l’autre ?
Du point de vue de l’esprit, je dirai que la musique de HSM 1 avait une sorte d’innocence juvénile et était plutôt actuelle dans la forme. Celle de la suite est un peu plus sophistiquée et tend davantage vers la comédie romantique traditionnelle du fait que le sujet est à la fois plus élaboré et plus mature. J’ai donc voulu refléter cette évolution dans ma musique. Ceci dit, afin de conserver cet humour que l’on apprécie dans cet univers, j’ai vraiment fait pencher la balance du côté de la comédie romantique, sans plonger dans le romantisme pur et dur. A partir de là, je me suis tourné vers des arrangements essentiellement orchestraux que dans le 1, il s’agissait le plus souvent du base synthétique sur laquelle j’ajoutais des éléments orchestraux.
On note également que bon nombre de dialogues n’ont pas d’underscore. Cela vient-il du fait que le jeu des acteurs s’est affirmé et a moins besoin du secours de la musique ?
Partiellement, oui. Il faut savoir que j’ai composé de la musique pour toute la durée du film. Au moment du mixage final, cela nous a permis de pourvoir nous offrir le luxe de choisir si la musique devait intervenir ou pas dans telle ou telle scène. Certaines scènes fonctionnaient mieux avec, d’autres sans. Mais c’était une sécurité de savoir que, de toute façon, au cas où, nous avions toujours une musique de prête. Dans chaque cas, ce fut discuté avec le réalisateur et les producteurs.
Comment s’est passée la création de Fabulous ?
Les créateurs de HSM2 sont venus nous voir, ma partenaire Faye Greenberg et moi-même, avec un challenge : écrire une chanson qui ait le même esprit que Material Girl de Madonna –car Sharpay est très matérialiste-. Mais si la chanson de Madonna est une chanson pop des années 80, il leur fallait une chanson pop des années 2000. Dans le même temps, il fallait qu’elle contienne des éléments théâtraux dans la mesure où elle devait faire avancer l’histoire de Sharpay. Le but du jeu était donc de faire quelque chose dans l’esprit du théâtre musicale mais qui soit également une chanson pop très entraînante. Une autre direction qui nous a été donnée avec le titre de Madonna était la chanson Popular de la comédie musicale Wicked. Elle contenait le même matérialisme, sans pour autant être « pop ». Nous avons donc pris l’ensemble de ces points de vue différents et les avons rassemblés en une chanson un peu dans l’esprit de la chanteuse Fergie. C’est ainsi que nous avons créé Fabulous. Nous avons essayé de faire une chanson très énergique, très « paillettes », très accessible et très amusante, tout en préservant sa dimension narrative.
Comment en avez-vous conçu la structure ?
Tous les honneurs pour cela doivent aller à Faye. C’est elle qui a d’abord écrit les paroles et ce sont ses paroles qui ont donné sa structure à l’ensemble. Une fois que cette structure a été déterminée, il nous fut très facile à tous les deux de construire notre chanson tout autour.
Comment l’avez-vous orchestrée ?
C’est un groove très simple auquel nous avons ajouté toutes sortes de couleurs aux percussions. Les guitares assurent l’énergie dans le pont tandis que les synthétiseurs apportent toutes sortes de couleurs métalliques et clinquantes : des cloches, des sons évoquant des pièces de monnaies, des bijoux, de l’or, tout cela afin de renforcer cette idée de matérialisme forcené.
Est-ce qu’Ashley Tisdale a été aussi «diva » que Sharpay au moment de l’enregistrement ?
Absolument pas ! Elle est adorable. C’est une charmante jeune femme, très talentueuse, et qui a un grand sens de la collaboration. Elle se donne à 150% dans ce qu’elle fait. Elle connaît tellement bien le personnage qu’elle apporte toutes sorte d’améliorations de son cru à son interprétation. En fait, Fabulous a vraiment été conçue pour qu’Ashley puisse se lâcher, se faire plaisir et, de fait, cela l’a beaucoup inspirée. Elle est tout de suite rentrée dans l’esprit de la chanson, se l’est appropriée et en a fait ce que vous pouvez maintenant entendre.
Est-ce que la production de ce titre a été aussi complexe que celle de Status Quo dans HSM 1 ?
Non, cela fut beaucoup plus simple. Kenny m’a simplement dit qu’il voulait que ce titre soit une sorte de rencontre entre Madonna et Busby Berkeley. Il a simplement demandé quelques modifications au niveau des paroles pour vraiment incarner le personnage de Sharpay. Du point de vue musical, il nous a demandé de tourner autour des 3 minutes. A partir de là, les durées des différentes parties ont toutes été déterminées à l’avance, de sorte qu’il a pu préparer ses chorégraphies. Ce qui fait qu’au moment où nous avons rendu notre chanson, il avait pratiquement fini le travail de son côté et avait la vision exacte de ce qu’il voulait faire dans ce numéro.
Le cd de HSM2 comporte un titre bonus écrit par vos soins dans le style polynésien, Humu Humu, qui n’est pas présent dans le film.
Les créateurs du film sont venus nous voir avant que le script soit achevé pour nous dire qu’ils avaient besoin d’une parodie de numéro polynésien. A l’origine, ce devait être un moyen pour Sharpay de convaincre Troy de faire partie du concours de chanson du club. L’idée était que Ryan et elle venaient revenaient juste de New York où ils avaient vu huit comédies musicales parmi lesquelles Rent, South Pacific et Spring Awekening et ce numéro était donc supposé intégrer des éléments de tous ces spectacles. C’est ainsi que Sharpay fait cette danse polynésienne à l’intention de Troy et qu’au milieu de sa chorégraphie elle fait tous ces bruits de poissons pour lui montrer combien ce pourrait être amusant s’il y participait. Il serait le roi du concours. Il y avait aussi un rap polynésien avec Ryan. Cela devait être de plus en plus farfelu ! Par dessus cela, il y avait l’idée que Ryan pensait au début être le chanteur leader et qu’il réalise finalement que sa sœur cherche à faire en sorte que ce soit Troy, ce qui le met passablement en colère. Dans l’histoire, la chanson avait donc pour but de montrer que Sharpay cherche après Troy pour le concours mais aussi pour une amourette. Cela permettait de faire nous faire passer à une autre étape de l’histoire. Finalement, il est apparu que cette scène ne pourrait pas faire partie du film pour des raisons de durée du film, mais on pourra retrouver cette sorte de « version longue » dans le dvd prochainement.
Vous êtes-vous inspiré d’une façon ou d’une autre des comédies musicales classiques que Ryan et Sharpay auraient vues à Broadway ?
Absolument ! Nous adorons les comédies musicales et chaque fois que nous pouvons incorporer des éléments de grands classiques de Broadway, nous nous faisons plaisir ! Nous avons par exemple emprunté certaines couleurs aux chansons polynésiennes de South Pacific et à Flower Drum Song de Rodgers & Hammerstein. Un autre point commun avec ces chansons, c’est qu’elles sont très marquées par l’histoire, et c’est exactement le point de départ que nous avons eu sur Humu.
Comme vous le soulignez, là encore, c’est une fusion parfaite d’une chanson pop et d’un numéro qui fait avancer l’histoire.
Pour Fabulous, la beauté de la chose, c’est que les paroles à elles seules font avancer l’histoire. Une fois que les paroles ont été travaillées sur le plan rythmique, sur le plan du groove, la chanson était lancée. Humu Humu est quant à elle une parodie de chanson polynésienne. L’histoire est première et la parodie est là apporter de l’humour et de la fantaisie. On commence un peu comme un narrateur accompagné d’un léger accompagnement polynésien. Et à mesure qu’on avance dans l’histoire, l’orchestration peut devenir de plus en plus drôle, plus spirituelle et plus théâtrale car on est totalement plongé dans l’histoire. C’est précisément ce que nous avons hérité des comédies musicales classiques.
Êtes-vous plutôt nostalgique de la légèreté insouciante du premier opus ou l’énergie débordante du second ?
J’adore l’énergie de HSM2, mais je craque toujours devant l’innocence…
Quels sont vos projets ?
Je m’apprête à faire la musique de deux séries qui vont sortir sur CBS. L’une est la suite de Jericho –nous sommes tous très heureux de ce retour !- et l’autre s’appelle Cane, une nouvelle série avec Jimmy Smith. C’est l’histoire d’une famille cubaine, à mi-chemin entre Le Parrain et Dynastie. C’est très bien fait ! Pour le reste, Faye et moi nous préparons à écrire et à produire des chansons pour une comédie musicale rock pour MTV et je vais bientôt faire la musique du film de Noël prochain de Disney Channel. Cela s’appellera Snowglobe. Comme vous le voyez, le travail ne manque pas et nous en sommes ravis et très reconnaissants.
Participerez-vous au film Haunted High School Musical ?
J’espère beaucoup en faire partie. Rien n’est jamais définitif à Hollywood. Pour l’instant, les créateurs se concentrent sur le scénario et le casting. Nous sommes beaucoup, tout comme vous, à être très excités par ce projet et je croise les doigts pour y participer. L’équipe de HSM est tellement fantastique que j’ai très envie de poursuivre l’aventure et de continuer à faire partie d’un phénomène qui n’arrive qu’une fois dans une vie !
Le fait est que c’est vraiment vous qui avez apporté sa couleur à l’univers de HSM car c’est la partition qui permet d’unifier toutes ces chansons composées par des artistes différents.
J’apprécie beaucoup que vous disiez cela car c’est vraiment ce que je pense. Ce fut un défi très difficile que d’incorporer et relier toutes ces chansons et d’écrire quelque chose d’organique, tout en faisant en sorte que la partition ait sa voix propre. C’est un exercice très délicat et beaucoup se sont cassé les dents sur un exercice comparable. Je suis donc d’autant plus sensible à votre remarque et heureux que cela fonctionne pour HSM !
Very special thanks to Fred Mollin and Dani Markman.
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