LE MONDE FANTASTIQUE D'OZ : Entretien avec l'artiste Dawn Brown
Dans
le film Le monde Fantastique d’Oz, votre nom apparaît au
générique en tant que ‘Concept Artist’ (et non comme Illustratrice, comme
c'était indiqué pour le film de Tim Burton Alice au pays des Merveilles).
Je préfère le terme de Concept Artist, et
je suis heureux que Disney m'ait crédité avec le nom approprié. En effet,
les crédits, si jamais ils sont donnés, sont à la
discrétion du studio. Donc, je suis reconnaissant que les artistes conceptuels
aient été correctement reconnus. On pourrait faire valoir qu'il n'existe aucune
différence entre un illustrateur et un artiste conceptuel, et je sais qu' «Illustrateur» est un terme qui existait aux studios dans des
temps plus ancien. Pour moi, le «Concept Artist» définit avec plus de
précision le travail à fournir aujourd'hui, car nous sommes souvent invités à
créer des concepts et des idées par nous-mêmes. Il y a une plus grande
responsabilité déléguée à l'artiste conceptuel aujourd'hui. (cliquer pour agrandir)
Sur
quels concepts avez-vous travaillé?
J'ai notamment travaillé sur la salle du trésor.
Jonathan Bach, artiste concepteur, a
fait un croquis de départ au crayon, puis le décorateur Robert Stromberg me l'a
donné pour le développer. J'ai construit un modèle en 3D de la salle, et, avec
Matt Codd,, lui aussi artiste conceptuel,
nous avons créé des illustrations basées sur le modèle. Une fois que le
réalisateur a approuvé les illustrations, l'ensemble des dessins et modèles sont
remis à un scénographe, Easton Smith, qui a fait les plans (les blueprints) pour la
construction. Je ne sais pas quelle est la portion de l’ensemble qui a été
construit physiquement, car une grande partie des décors a été reproduite à
l’écran de façon numérique.
J'ai aussi travaillé avec Nancy Haigh la
décoratrice, afin de concevoir une partie du mobilier dans Oz, en particulier
la boule de cristal, et le trône.
A
quelles techniques avez-vous fait appel ?
Toutes les illustrations ont été créées
numériquement. J'ai l'habitude de commencer par construire un modèle en 3D, ou
de recevoir d’un scénographe un modèle prévisionnel en 3D. Je regarde le modèle
grâce à un programme de rendu rapide et je peins les détails dans Photoshop. À
ce stade, ont suit simplement le pipeline numérique. Ce n'est pas une question
d'esthétique du tout, il s'agit que la grosse machine avance le plus rapidement
possible. Un exemple serait l'illustration que j'ai faite du pont situé en
dehors de la salle du trésor. Le modèle 3D du ballon a été construit par le
scénographe Tex Kadonaga. Victor Martinez (artiste conceptuel) a fait un
premier jet pour le pont. Le dessin de Victor et le modèle de Tex m'ont ensuite
été donnés pour les combiner dans une nouvelle version. J'ai construit un
modèle 3D du pont créé par Victor, et je l’ai ajusté pour tenir compte du
ballon de Tex. J'ai fait une nouvelle illustration avec les nouveaux éléments.
Une fois approuvé par le réalisateur, mon illustration et les modèles ont été
transmis au scénographe Easton Smith afin qu’il crée les plans de travail pour la construction. Les éléments sont également transmis aux spécialistes
des effets spéciaux pour qu’il puisse effectuer leur travail dessus.
Pouvez-vous
me parler de vos choix sur les formes et les couleurs?
Robert Stromberg le Production Designer
nous a donné la direction initiale pour la Cité d’Emeraude, qui a été
influencée par l'Art Déco. On y trouve des formes dures, géométriques. Les couleurs
principales sont le vert et l’or. Le monde de Glinda est influencé par l'Art Nouveau. Les couleurs sont blanches, les tons sont boisés. Bien
entendu, nous avons développé ces éléments au fur et à mesure de nos avancées
dans les décors, mais c'est ainsi que nous avons commencé.
Quel
matériel aviez-vous pour vous inspirer?
Nous avons fait des recherches vraiment fantastiques
pour trouver des photos. Des photos d'architecture et de nature provenant du
monde entier, et de toutes les époques. C'était merveilleux.
Quelle
a été votre attitude à l'égard du film original Le Magicien d'Oz ? Avez-vous tiré quelque
inspiration du travail qu’avait fait Edwin Willis en 1939 ?
Nous avons travaillé très dur pour faire
un film qui a ses propres codes, sa propre vie, dans son propre monde.
Quels
ont été les défis de cette production?
Un des plus grands défis a été que, si le film a été développé à Los Angeles, nous
construisions les décors à Pontiac, dans le Michigan. Cela suscite une sorte
de déconnexion lorsque vous ne pouvez pas voir se créer matériellement ce que
vous avez conçu. Nous ratons des occasions de tirer des leçons de ce qui va
bien ou ce qui va mal lorsque les concepteurs et l'équipe de construction sont
à plus de 3200 Km de distance.
Donc,
sur cette production, vous n’étiez ... pas du tout au Kansa !
Nous avons travaillé dans un studio de
Los Angeles, mais pas dans les studios Disney. Le département artistique
était à l'étage et la production était en bas. C'est génial quand deux
départements sont si proches. Le réalisateur Sam Raimi a été très impliqué dans
l’apparence du film, il est venu au département artistique assez fréquemment. Ce fut
un plaisir d'entendre ses idées directement. Il a une énergie et un
enthousiasme qu'il a partagé avec tout le monde dans l'équipe.
Comment
avez-vous travaillé avec le décorateur Robert Stromberg et la décoratrice de
plateau Nancy Haigh?
La plupart des personnes du département
artistique avaient travaillé avec Robert Stromberg sur Alice au pays des Merveilles, ce qui fait que nous connaissions bien la
façon dont Robert aime travailler, et il nous a donné beaucoup de liberté pour
explorer et développer de nouvelles idées. J'ai travaillé avec Nancy Haigh à
plusieurs reprises au fil des ans, elle est fantastique. J'ai travaillé avec
elle sur une partie des mobiliers spéciaux que nous devions construire.
Que
garderez-vous, artistiquement et personnellement, de cette expérience?
J'ai beaucoup aimé la liberté que Robert
Stromberg nous a offerte pour explorer et développer de nouvelles idées. Les
artistes et designers dans ce département artistique font partie des
personnes les plus talentueuses du métier. Je connais la plupart d'entre
eux depuis de nombreuses années, c’est un peu comme une famille. J'ai vraiment
apprécié de travailler avec Sam Raimi et de voir sa passion et son enthousiasme
pour raconter cette histoire folle et incroyable, et de tous nous mettre au
défi de créer un monde dont nous pouvons tous être fiers.
All art by Dawn Brown (c) Disney
Traduction signée Scrooge.
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