samedi, mars 16, 2013

LE MONDE FANTASTIQUE D'OZ : Entretien avec l'artiste Dawn Brown

 

Dans le film Le monde Fantastique d’Oz, votre nom apparaît au générique en tant que ‘Concept Artist’ (et non comme Illustratrice, comme c'était indiqué pour le film de Tim Burton Alice au pays des Merveilles).
Je préfère le terme de Concept Artist, et je suis heureux que Disney m'ait crédité avec le nom approprié. En effet, les crédits, si jamais ils sont donnés, sont à la discrétion du studio. Donc, je suis reconnaissant que les artistes conceptuels aient été correctement reconnus. On pourrait faire valoir qu'il n'existe aucune différence entre un illustrateur et un artiste conceptuel, et je sais qu' «Illustrateur» est un terme qui existait aux studios dans des temps plus ancien. Pour moi, le «Concept Artist»  définit avec plus de précision le travail à fournir aujourd'hui, car nous sommes souvent invités à créer des concepts et des idées par nous-mêmes. Il y a une plus grande responsabilité déléguée à l'artiste conceptuel aujourd'hui. (cliquer pour agrandir)


Sur quels concepts avez-vous travaillé?
J'ai notamment travaillé sur la salle du trésor. Jonathan Bach, artiste concepteur,  a fait un croquis de départ au crayon, puis le décorateur Robert Stromberg me l'a donné pour le développer. J'ai construit un modèle en 3D de la salle, et, avec Matt Codd,, lui aussi artiste conceptuel,  nous avons créé des illustrations basées sur le modèle. Une fois que le réalisateur a approuvé les illustrations, l'ensemble des dessins et modèles sont remis à un scénographe, Easton Smith, qui a fait les plans (les blueprints) pour la construction. Je ne sais pas quelle est la portion de l’ensemble qui a été construit physiquement, car une grande partie des décors a été reproduite à l’écran de façon numérique. 
J'ai aussi travaillé avec Nancy Haigh la décoratrice, afin de concevoir une partie du mobilier dans Oz, en particulier la boule de cristal, et le trône.

 
A quelles techniques avez-vous fait appel ?
Toutes les illustrations ont été créées numériquement. J'ai l'habitude de commencer par construire un modèle en 3D, ou de recevoir d’un scénographe un modèle prévisionnel en 3D. Je regarde le modèle grâce à un programme de rendu rapide et je peins les détails dans Photoshop. À ce stade, ont suit simplement le pipeline numérique. Ce n'est pas une question d'esthétique du tout, il s'agit que la grosse machine avance le plus rapidement possible. Un exemple serait l'illustration que j'ai faite du pont situé en dehors de la salle du trésor. Le modèle 3D du ballon a été construit par le scénographe Tex Kadonaga. Victor Martinez (artiste conceptuel) a fait un premier jet pour le pont. Le dessin de Victor et le modèle de Tex m'ont ensuite été donnés pour les combiner dans une nouvelle version. J'ai construit un modèle 3D du pont créé par Victor, et je l’ai ajusté pour tenir compte du ballon de Tex. J'ai fait une nouvelle illustration avec les nouveaux éléments. Une fois approuvé par le réalisateur, mon illustration et les modèles ont été transmis au scénographe Easton Smith afin qu’il crée les plans de travail pour la construction. Les éléments sont également transmis aux spécialistes des effets spéciaux pour qu’il puisse effectuer leur travail dessus.

 

Pouvez-vous me parler de vos choix sur les formes et les couleurs?
Robert Stromberg le Production Designer nous a donné la direction initiale pour la Cité d’Emeraude, qui a été influencée par l'Art Déco. On y trouve des formes dures, géométriques. Les couleurs principales sont le vert et l’or. Le monde de Glinda est influencé par l'Art Nouveau. Les couleurs sont blanches, les tons sont boisés. Bien entendu, nous avons développé ces éléments au fur et à mesure de nos avancées dans les décors, mais c'est ainsi que nous avons commencé.

Quel matériel aviez-vous pour vous inspirer?
 Nous avons fait des recherches vraiment fantastiques pour trouver des photos. Des photos d'architecture et de nature provenant du monde entier, et de toutes les époques. C'était merveilleux.


Quelle a été votre attitude à l'égard du film original Le Magicien d'Oz ? Avez-vous tiré quelque inspiration du travail qu’avait fait Edwin Willis en 1939 ?
Nous avons travaillé très dur pour faire un film qui a ses propres codes, sa propre vie, dans son propre monde.

Quels ont été les défis de cette production? 
Un des plus grands défis a été que, si le film a été développé à Los Angeles, nous construisions les décors à Pontiac, dans le Michigan. Cela suscite une sorte de déconnexion lorsque vous ne pouvez pas voir se créer matériellement ce que vous avez conçu. Nous ratons des occasions de tirer des leçons de ce qui va bien ou ce qui va mal lorsque les concepteurs et l'équipe de construction sont à plus de 3200 Km  de distance.

Donc, sur cette production, vous n’étiez ... pas du tout au Kansa !
Nous avons travaillé dans un studio de Los Angeles, mais pas dans les studios Disney. Le département artistique était à l'étage et la production était en bas. C'est génial quand deux départements sont si proches. Le réalisateur Sam Raimi a été très impliqué dans l’apparence du film, il est venu au département artistique assez fréquemment. Ce fut un plaisir d'entendre ses idées directement. Il a une énergie et un enthousiasme qu'il a partagé avec tout le monde dans l'équipe.


Comment avez-vous travaillé avec le décorateur Robert Stromberg et la décoratrice de plateau Nancy Haigh?
La plupart des personnes du département artistique avaient travaillé avec Robert Stromberg sur Alice au pays des Merveilles, ce qui fait que nous connaissions bien la façon dont Robert aime travailler, et il nous a donné beaucoup de liberté pour explorer et développer de nouvelles idées. J'ai travaillé avec Nancy Haigh à plusieurs reprises au fil des ans, elle est fantastique. J'ai travaillé avec elle sur une partie des mobiliers spéciaux que nous devions construire.

 

Que garderez-vous, artistiquement et personnellement, de cette expérience?
J'ai beaucoup aimé la liberté que Robert Stromberg nous a offerte pour explorer et développer de nouvelles idées. Les artistes et designers dans ce département artistique font partie des personnes les plus talentueuses du métier. Je connais la plupart d'entre eux depuis de nombreuses années, c’est un peu comme une famille. J'ai vraiment apprécié de travailler avec Sam Raimi et de voir sa passion et son enthousiasme pour raconter cette histoire folle et incroyable, et de tous nous mettre au défi de créer un monde dont nous pouvons tous être fiers.

All art by Dawn Brown (c) Disney
Traduction signée Scrooge.