20e ANNIVERSAIRE DE DISNEYLAND PARIS : Entretien avec Bill Gorgensen (Associate Show Producer d'Adventureland)
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Paris raconté par ses créateurs, disponible en librairie ou auprès
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Pouvez-vous me parler du rôle que vous avez joué dans la création d’Adventureland à Euro Disneyland ?
En fait, j’ai
occupé plusieurs rôles. J’ai commencé en tant que Show Set Designer (décorateur
en quelque sorte) en 1987, au tout début de la conception du parc. Je dois
avouer que tout a commencé pour moi sur un malentendu. Avant Disney, j’ai
travaillé pendant 15 ans dans le milieu de l’opéra. Et quand Walt Disney
Imagineering m’a proposé un poste de Show Designer, je pensais qu’il s’agissait
de décorer des scènes, alors que c’est en fait un environnement complet. Par la
suite, je me suis lié d’amitié avec Chris Tietz, le Show Producer
d’Aventureland Paris. Et comme il ne pouvait se déplacer, c’est moi qui suis
devenu Associate Show Producer sur place, à Paris, ainsi que Overall Land Art
Director. En termes de design, mon projet principal a été Pirates of the Caribbean. Je me suis occupé de toutes les scènes
nouvelles, ainsi que de la direction artistique de la maquette et de
l’extérieur du bâtiment durant la construction. J’ai beaucoup discuté des
lumières avec le créateur des effets lumineux, Joe Falzetta, car, venant pour
ma part du théâtre et non des parcs, j’avais une approche différente. Je me
suis également occupé en particulier de lieux comme Adventure Isle et le Bazaar.
Puis, après l’ouverture du parc, je suis resté en tant que Directeur Artistique
pour SQS. Pour le resort dans son ensemble, j’ai réalisé plusieurs projets
comme le grand portail du Disney Village, l’entrée du Gaumont/Buffalo Bill’s
Wild West Show, le Rainforest Café, l’extension du Steakhouse, le buffet de La
Grange au Bill Bob’s et la mezzanine d’Annette.
Selon vous,
qu’est-ce qui différencie Adventureland Paris de ceux des autres parcs Disney ?
Tony Baxter souhaitait que l’attention aux détails soit très poussée. Nous avons donc fait beaucoup de recherches pour être le plus crédible possible. Par exemple, à la fin de la construction de Captain Hook’s Pirate Ship, nous avons fait appel à un groupe de marins anglais experts en nœuds et cordages de bateau du 16e siècle pour que la décoration finale soit vraiment authentique. En ce qui concerne Pirates of the Caribbean, je pense que l’histoire est meilleure que celle des autres parcs. Aux Etats-Unis, on commence avec les squelettes de pirates, puis il y a la bataille, et on finit par l’arsenal. Chris Tietz voulait remettre les choses dans le bon ordre. C’est ainsi que la file d’attente et le lagon représentent la forteresse de nos jours. Au moment de l’ascension, c’est là qu’on remonte le temps et qu’on commence à entendre la musique, Yo Ho ! Au sommet de la rampe, vous voyez l’attaque de la forteresse dans le passé. Vous pénétrez à l’intérieur de cette forteresse - ce qui est nouveau - et vous pouvez voir l’attaque des pirates avec notamment le pirate qui se balance à sa corde. Ensuite, vous avez les prisonniers qui sont censés détourner votre attention afin que vous ne voyiez pas que vous enchaînez avec une chute ! Là, vous vous retrouvez au beau milieu de la bataille, avant d’assister au sac de la ville puis à l’explosion. Ce n’est qu’ensuite que vous voyez le destin qui attend les pirates, avec les squelettes et le fameux « Dead men tell no tale ! ». Ces changements ont été faits pour des raisons de narration, mais également à cause du fait que le niveau de l’eau est assez haut en France. Nous ne pouvions pas commencer par une chute, et donc descendre très bas, comme en Californie. C’est la raison pour laquelle on commence par monter, pour ensuite descendre, en deux fois. Cela a d’ailleurs posé pas mal de problèmes d’engineering.
Adventure Isle> est aussi
une exclusivité. Et en son centre, l’arbre des Robinson est le seul à être
construit à 360°. Les autres, en Californie et en Floride, ne sont destinés à
être vus que d’un côté. Un autre problème tenait aux feuilles de l’arbre qui,
en Floride, devenaient bleues à cause des rayons UV. Nous avons donc mené des
recherches afin de trouver une formule qui empêche les feuilles de changer de
couleur.Tony Baxter souhaitait que l’attention aux détails soit très poussée. Nous avons donc fait beaucoup de recherches pour être le plus crédible possible. Par exemple, à la fin de la construction de Captain Hook’s Pirate Ship, nous avons fait appel à un groupe de marins anglais experts en nœuds et cordages de bateau du 16e siècle pour que la décoration finale soit vraiment authentique. En ce qui concerne Pirates of the Caribbean, je pense que l’histoire est meilleure que celle des autres parcs. Aux Etats-Unis, on commence avec les squelettes de pirates, puis il y a la bataille, et on finit par l’arsenal. Chris Tietz voulait remettre les choses dans le bon ordre. C’est ainsi que la file d’attente et le lagon représentent la forteresse de nos jours. Au moment de l’ascension, c’est là qu’on remonte le temps et qu’on commence à entendre la musique, Yo Ho ! Au sommet de la rampe, vous voyez l’attaque de la forteresse dans le passé. Vous pénétrez à l’intérieur de cette forteresse - ce qui est nouveau - et vous pouvez voir l’attaque des pirates avec notamment le pirate qui se balance à sa corde. Ensuite, vous avez les prisonniers qui sont censés détourner votre attention afin que vous ne voyiez pas que vous enchaînez avec une chute ! Là, vous vous retrouvez au beau milieu de la bataille, avant d’assister au sac de la ville puis à l’explosion. Ce n’est qu’ensuite que vous voyez le destin qui attend les pirates, avec les squelettes et le fameux « Dead men tell no tale ! ». Ces changements ont été faits pour des raisons de narration, mais également à cause du fait que le niveau de l’eau est assez haut en France. Nous ne pouvions pas commencer par une chute, et donc descendre très bas, comme en Californie. C’est la raison pour laquelle on commence par monter, pour ensuite descendre, en deux fois. Cela a d’ailleurs posé pas mal de problèmes d’engineering.
Côté authenticité, nous avons utilisé au maximum le vrai bois, que ce soit pour les portes, la Cabane des Robinson et autres, que nous avons fabriquées à partir d’essences venues de Normandie. De la même façon, l’un des charpentiers anglais qui ont construit l’épave du lagon et tous les éléments nautiques, qui venait de la société Watts and Corey de Rochdale, était un véritable charpentier de marine qui avait appris le métier d’un homme qui avait navigué sur des clippers. De fait, tout est authentique ! Le résultat est superbe et ce sont ces multiples détails qui font qu’Adventureland Paris est vraiment unique !
Adventureland est
riche de ses très nombreuses références à différentes contrées exotiques.
Pouvez-vous nous parler des recherches que cela a demandé ?
A WDI, nous avions
une bibliothèque incroyable. Je me souviens y avoir souvent retrouvé Ahmad Jafari pour
développer toute la façade du bazar. Le mariage de toutes ces architectures a
été un véritable défi et je trouve qu’il a fait un travail remarquable dans la
mesure où tous ces styles et ces textures se côtoient naturellement, sans
conflit. Nous avons fait beaucoup de recherches pour Pirates of the Caribbean, afin que le fort soit typique de
l’architecture hidalgo et des couleurs spécifiques à cette région du globe. Je
me souviens qu’un illustrateur avait laissé parler son imagination pour le
fort, sans référence historique, et que j’ai dû effacer les trois-quarts des
briques qu’il avait dessinées afin de rester fidèle au style original des
bâtiments de cette région et de cette époque. Un autre très vaste terrain de
recherche pour nous a été les bateaux, que ce soit le galion ou même les
petites embarcations que vous pouvez voir sur la plage. Pour les avoir, nous
nous sommes rendus à Hastings, au Sud de l’Angleterre, pour acheter nos bateaux
car, là, la fabrication et la forme n’ont jamais changé.
Pour l’Explorer’s
Club, nous nous sommes tournés vers une maison de type « plantation house », le type de maison qu’on
trouvait près des plantations de caoutchouc et de canne à sucre. Cela a conduit
ensuite à toutes sortes de recherches sur les arbres, comme le banyan, à mettre
autour afin que cela donne l’impression d’être vraiment dans la jungle.
Cette bibliothèque de WDI était un véritable trésor ! Elle nous a aidés en ce
qui concerne les détails d’architectures et de décor, mais également en ce qui
concerne les accessoires. Grâce à cela, nous avons pu acheter des objets correspondant
à tous les lieux évoqués dans le land dans leur pays d’origine. De la même
façon, le canon de Pirates of the
Caribbean est un authentique canon qui avait précisément servi à défendre
un fort. On doit tout cela à Pat Burke, qui a également trouvé tous les
accessoires et véhicules de Frontierland. C’est ce qui fait dire à Michael
Eisner lors de l’ouverture du parc qu’il serait impossible de reconstruire un
parc comme cela.
Comment
l’Explorer’s Club est-il devenu le Colonel Hathi’s Pizza Outpost ?
L’Explorer’s Club a
été envisagé à l’origine comme une vieille maison coloniale située à la lisière
de la jungle, à l’emplacement d’un point d’eau bien connu des explorateurs. Il
y a une étude préliminaire de John Horny qui présente l’intérieur comme un bar
accueillant des dizaines d’explorateurs comme Cousteau qui regardent leur verre
tandis que le barman est en train de prendre un pistolet dans un tiroir afin de
régler son compte à un perroquet indélicat. Cela va sans dire que cela allait
un peu trop loin, mais c’était une façon amusante de démarrer.
Nous avons fait beaucoup de recherches sur les maisons coloniales des Caraïbes et essayé
de retranscrire cela dans notre design.
Evidemment, les
oiseaux du restaurant sont inspirés de ceux de l’attraction Walt Disney’s Enchanted Tiki Room.
C’était un désir du Show Producer Chris Tietz. Par contre, il n’a jamais été
envisagé d’en faire un spectacle. Tout autour de la salle de restaurant se
trouvent des dizaines d’affiches de voyages, dessinées par le même John Horny.
Je les adore. Et au centre, vous avez cet eucalyptus autour duquel a été construite
la maison.
Pour autant que je
m’en souvienne, après l’ouverture, il est devenu évident qu’il y avait trop de
restaurants avec service à table dans le Parc. Nous en avions deux à
Adventureland, l’Explorer’s Club et le Blue Lagoon, ainsi que deux grands buffets,
African Harbor et Le Chalet de la Marionnette, que nous partagions avec
Fantasyland. Les premières études ont montré que les Européens, et spécialement
les Français, ont l’habitude de manger à table tous les jours à midi, et ce
pour une heure environ. Après l’ouverture, il s’est avéré que les Européens,
comme tous les visiteurs du monde, étaient davantage intéressés par faire les
attractions que rester assis dans des restaurants, même excellents et bien
thémés.
Nous nous sommes
donc adaptés et l’Exporer’s Club est devenu un buffet de spécialités
asiatiques. Or, même si le canoë pendu au plafond a été remplacé par un
rickshaw, ce changement n’a pas eu de succès et n’a pas duré longtemps. A partir de là, comment en sommes-nous venus au Colonel Hathi’s Pizza Outpost?
Il y a deux raisons à cela. La première, c’est la nourriture. Les pizzas
fonctionnaient bien sur le Parc et il fut décidé d’en proposer davantage –je
pense notamment à Pizza Planet à Discoveryland. La seconde, c’est le besoin de
se recentrer sur les personnages Disney. Le
Roi Lion venait juste de sortir et African Harbor était devenu Hakuna
Matata. C’est ainsi que l’Explorer’s Club a été rebaptisé d’après l’éléphant du
Livre de la Jungle pour coller à son
environnement. L’intérieur a été légèrement redécoré et j’ai dessiné les
nouveaux panneaux de l’entrée ainsi que la disposition de l’extérieur du
restaurant.
Quelles images garderez-vous de l’aventure Adventureland ?
J’en garderai deux. La première, c’est le moment où nous avons installé le sommet de la tour de Pirates of the Caribbean. Ce fut incroyable car on pouvait voir pour la première fois la tête de mort qui se dessinait sur la façade. Nous sommes tous montés au sommet avec un poinçon et nous avons tous gravé nos noms. Puis nous avons ouvert deux bouteilles de champagne sur ce toit. La seconde, c’est le moment où je suis monté au sommet de l’Arbre des Robinson juste après son achèvement, avant l’ouverture du parc. J’ai simplement regardé le panorama, regardé Adventureland dans son ensemble, en repensant aux deux ans et demi que j’y avais passé. J’avais le souffle coupé. Je n’aurais raté cette expérience pour rien au monde !
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