vendredi, avril 03, 2009

PONYO SUR LA FALAISE: Entretien avec le réalisateur Hayao Miyazaki

Magicien moderne, poète unique qui allie les idées les plus originales aux images les plus oniriques, Hayao Miyazaki revient enfin, et nous offre une de ces fables bouleversantes dont il a le secret, Ponyo sur la Falaise (sortie en salles le 8 avril).

Quatre ans après Le Château Ambulant, Hayao Miyazaki a choisi de réaliser son nouveau film d’animation, Ponyo sur la Falaise, entièrement à la main et sans ordinateur, dans un style graphique simple et épuré qui donne à ses personnages et ses décors un aspect familier et une énergie que l’on ne trouve que dans le cinéma d’animation traditionnel. Sa vision du film étant née alors qu’il observait l’océan pendant une tempête, Hayao Miyazaki a prêté une attention toute particulière au rendu de la mer et des vagues, et a créé un monde qui va bien au-delà de ce que le public pourrait imaginer.

Mais surtout, il nous propose un magnifique poème sur l'enfance.

Pouvez-vous nous présenter votre dernier film?
Ce film est l’histoire de Ponyo, une petite fille poisson qui rêve de rejoindre Sosuke, un garçon de cinq ans qui lui a promis de veiller sur elle. Il raconte aussi comment Sosuke réussira à tenir sa promesse. Ponyo sur la Falaise est une histoire d’amour entre deux enfants, et c’est aussi une grande et merveilleuse aventure. Il s’agit de la transposition du célèbre conte de Hans Christian Andersen, La Petite Sirène, dans le Japon d’aujourd’hui.
Une petite ville au bord de la mer, une maison au sommet d’une falaise, quelques personnages et l’océan vu comme une présence, une entité vivante. Un monde où la magie et l’alchimie font partie du quotidien. Tout en bas, comme notre esprit inconscient, la mer, et à sa surface, l’agitation des vagues. En modifiant l’espace et en altérant les formes, la mer n’apparaît pas seulement comme le décor de l’histoire, mais comme un de ses principaux protagonistes.
Un petit garçon et une petite fille, l’amour et la responsabilité, l’océan et la vie, et l’essence fondamentale de tout cela : voilà de quoi parle Ponyo sur la Falaise, un conte qui est ma réponse à la détresse et à l’incertitude de notre époque.

Les premières rumeurs relatives à Ponyo sur la Falaise parlaient de l'histoire d'une mère et de son fils.
Quand je présente un projet, j'écris les idées qui me viennent et après je change plein de choses. Ce que j'écris au départ diffère toujours du film que je fais. Mon idée initiale était de dépeindre un personnage au début de sa vie, qui se cherche, y compris dans sa relation avec son enfant. J'avais imaginé que la mère de Sosuke avait 25 ans mais mes collaborateurs la trouvaient trop jeune. Ils ont réalisé qu'elle était plus jeune qu'eux. Ils avaient du mal à dessiner une mère qui fasse moins de 35 ans. Les membres de mon équipe ont vieilli.

Finalement, le sujet de votre film, c'est l'enfance.
Je voulais que Sosuke et Ponyo agissent naturellement, en fonction de leurs désirs. On peut citer beaucoup d'exemples. Quand Ponyo éclabousse Sosuke, il n'est pas effarouché, sinon ils ne seraient pas devenus amis. Sosuke est le seul que ça ne dérange pas. En général, les enfants n'aiment pas ça, mais lui, ça ne le dérange pas. Quand on regarde le film, on n'est pas étonné par sa réaction, il est tout à fait crédible. Quand Ponyo redevient poisson grâce à ses pouvoirs magiques, Sosuke n'est pas impressionné, il dit juste "elle est géniale". C'est un drôle de petit garçon. Lors de la post-synchronisation, sa réaction a beaucoup plu. Sosuke est vraiment admiratif de Ponyo, il ne se pose pas de questions. Ce qui est formidable, c'est sa faculté à tout accepter. On se demande ce qu'il va devenir. Il accepte tout, mais à mon avis, il ne sera pas toujours comme ça.

Dans le film, Ponyo dit à Sosuke qu'elle l'aime, et Sosuke lui promet de la protéger. C'est le point le plus important, mais on ne tient pas toujours ses promesses. C'est comme un poussin que l'on veut protéger et qui meurt malgré tout. Aujourd'hui, les parents ne disent plus à leurs enfants de jeter leur poussin. En grandissant, on doit apprendre à trahir ses promesses, mais dans ce film, je voulais dépeindre un enfant qui tient ses promesses.

Vous dites que Sosuke ne serait pas toujours comme cela. Les choses changent en grandissant.
J'imagine que si Ponyo allait à la crèche, elle se rapprocherait de Kumilo et délaisserait Sosuke.

C'est triste!
Pas du tout. Cela soulagerait peut être Sosuke, ou peut être pas. Mais je pense que les choses ne sont pas si simples pour lui. On imagine que Sosuke devrait épouser Ponyo, mais la vie n'est pas aussi simple que cela.

En touchant à l'enfance, on touche à quelque chose d'essentiel, qui a à voir avec nos origines. A ce titre, la scène du couple avec le bébé est tout à fait pertinente.
Elle est indispensable. Ponyo a de grandes facultés d'adaptation. Je voulais la montrer comme un être qui grandit en évoluant beaucoup. Ces facultés lui permettent de s'en sortir. C'est une force. On voit qu'elle peut être attentionnée, elle communique avec le bébé, autrement qu'avec les mots. Je vois ça comme un moyen de communiquer antérieur à celui des hommes.


Merci à l'équipe de B.C.G., ainsi qu'à Gisèle!

Retrouvez la biographie complète de Hayao Miyazaki sur Disney Central Plaza.

1 Comments:

Anonymous Alexandre D. said...

EXCELLLENT!!!!!!

9:39 PM  

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