samedi, février 14, 2009

VOLT, STAR MALGRE LUI AU CINEMA: Entretien avec l'orchestrateur John Ashton Thomas

Quand on pense "Disney", ce sont de merveilleuses histoires pleines de magie qui vous viennent à l'esprit. Mais aussi des musiques inoubliables. De Carl Stalling à Alan Menken, Disney a toujours su s'associer avec les meilleurs compositeurs, dans la mesure où l'animation demande toujours les partitions les plus élaborées, tant du point de vue de l'expression des émotions, que de la précision (Mickey Mousing). Comme me l'a dit un jour John Debney (Chicken Little), en matière de musique de film, "l'animation est ce qui différencie les hommes des enfants."
Quand on y pense, il semble à ce titre étonnant que Disney n'ait jamais approché le compositeur John Powell pour faire la musique d'un de leurs films… jusqu'à aujourd'hui. Car, après avoir écrit les musiques de L'Âge de Glace 2, Happy Feet, Horton et plus récemment de Kung Fu Panda, John Powell se positionne clairement comme l'un des plus grands spécialistes actuels du genre. Avec Volt, il confirme son expertise, non seulement en matière de musique d'action, mais aussi –et surtout, oserai-je dire- dans son traitement de l'émotion. Parce que Volt n'est pas juste une comédie ou juste un film d'action animé. Comme le disait Walt Disney, "pour chaque éclat de rire, il y a une larme." Et John Powell l'a parfaitement compris.
Pour en parler, nous nous sommes tournés vers l'un des plus proches collaborateurs du –très secret- compositeur, son orchestrateur principal, John Ashton Thomas. Compositeur et musicien à l'expérience très large, il possède une Maîtrise en Ecriture de l'Université de Londres et enseigne à la prestigieuse Royal Academy of Music. Ses pas l'ont conduit tout autant à travers le Royaume Uni qu'aux Etats-Unis.
C'est en 2001 qui commence à travailler avec John Powell, un ancien étudiant, tout comme lui, du Trinity College. C'était sur la comédie Rat Race. Après de nombreuses et fructueuses collaboration, le voici donc sur Volt. Parallèlement à cela, il a travaillé avec un autre grand compositeur de musique de film, John Debney, et notamment (coïncidence!) sur une autre histoire qui a du chien, Hotel for Dogs!
En quoi consiste le travail du principal orchestrateur de John Powell?
Il s'agit de faire en sorte que la musique sonne le mieux possible quand elle est jouée par l'orchestre. Les arrangements de John sont déjà riches de beaucoup de détails quand je les reçois sous forme de fichiers MIDI et mp3 –ce qui est une pratique courant à Hollywood. A partir de là, je crée une partition jouable. Je ne visualise pas le film pendant cette phase, mais parfois, il m'arrive de le voir juste avant. Dans le cas de Volt, j'ai vu la totalité du film avant de l'orchestrer.

Quelle taille d'orchestre une partition de cette importance demande-t-elle?
Trois pupitres de bois, des cuivres (12 cors, 4 trompettes, 6 trombones et un tuba), des cordes (18 premiers violons, 16 deuxièmes violons, 12 altos, 12 violoncelles et 8 contrebasses), plus les percussions.


On sent un contraste important entre les scènes d'actions de la série tv et les séquences de la vraie vie.
Et pourtant, l'orchestre est bien le même! Toute la différence réside dans l'art et la manière d'écrire pour lui!

L'histoire de Volt est en fait un voyage à travers l'Amérique. Comment avez-vous traité cette dimension?
John a parsemé sa partition de références musicales typiques de chaque région. Par exemple, les scènes à New York font appel à des éléments de jazz qui évoquent l'esprit de la ville.

Volt semble se distinguer des dernières partitions de John Powell comme Horton ou Kung Fu Panda par une approche orchestrale plus intime, moins exubérante, en dépit des nombreuses scènes d'action. Qu'en pensez-vous?
Je suis d'accord. C'est une histoire intime à plus d'un titre, et la musique en est le reflet. C'est ainsi que, comparée à Horton par exemple, Volt contient bien moins d'instruments qui sortent de l'ordinaire.

Il y a une magie de la musique d'animation, notamment dans son orchestration qui peut apporter une émotion unique à un personnage et son histoire. Pouvez-vous nous en parler?
La musique apporte une émotion toute particulière à un personnage et à son histoire. Dans ce cadre, l'orchestration, permet à la musique d'être jouée de façon naturelle par les musiciens. Et quand la musique est jouée par un grand nombre de musiciens, alors l'émotion ne peut que passer, à la mesure du talent de ces musiciens. La plupart des non-musiciens que je connais, y-compris des enfants, savent immédiatement faire la différence entre de la musique jouée par de vrais musiciens et un enregistrement réalisé sur ordinateur, et je crois que nous avons suffisamment de choses synthétiques (colorants alimentaires et autres arômes artificiels) dans nos sociétés pour ne pas en rajouter!
La musique vivante, sous toutes ses formes, qu'elle soit enregistrée ou en concert live, nous enrichit. L'idée de la musique de film est d'ajouter de la profondeur émotionnelle à un film, et c'est assurément ce qui se passe avec Volt, auquel la musique de John apporte un véritable supplément d'âme. Je pense notamment à une scène très émouvante où Volt découvre le chien qui le remplace sur le tournage de la série. C'est un moment très triste, et l'utilisation d'une texture de cordes, très simple, incarne parfaitement l'esprit de cette scène.


Comment de temps avez-vous passé à l'enregistrement de la musique de Volt?
Neuf jours en tout, dont six avec l'orchestre. Nous l'avons enregistrée en septembre 2008. Nous avons passé trois jours à l'enregistrement des percussions et six pour l'orchestre. Cela s'est passé au studio de la Fox à Los Angeles. Tout s'est merveilleusement passé grâce au talent considérable de toute l'équipe, à commencer par John, mais aussi l'ingénieur du son Dennis Sands, l'équipe chargé du Pro Tools, tous ces musiciens incroyables, les orchestrateurs, l'équipe de préparation de la partition et le personnel fabuleux de la Fox. Il faut dire que le traiteur était excellent lui aussi et elle s'est vraiment démenée pour nous trouver un thé convenable pour nous, Anglais!

With very special thanks to John Ashton Thomas and Dave Metzger!