vendredi, février 29, 2008

RATATOUILLE EN DVD : Entretien avec le compositeur Michael Giacchino

Michael Giacchino est un grand chef. Un grand chef en musique! Alors n'allez pas lui demander la recette d'une bonne musique: il ne sait faire que de l'EXCELLENTE musique!

Comme le dit Rémy, un bon plat commence par de bons ingrédients. Et Michael Giacchino s'y entend comme pas deux pour sélectionner les différentes saveurs de son orchestre, tant par un choix méticuleux des instruments que des musiciens.

Et avec lui, c'est pas du réchauffé. Ses musiques sont servies telles quelles, avec les défauts mais surtout les qualités humaines et artistiques de la spontanéité. C'est le secret d'une musique pleine de parfums et de surprises.
Car s'il est bien une partition surprenante, c'est bien celle de Ratatouille.

Pas de musiquette franchouillarde ici. Mais plutôt un plat aux épices venus des quatre coins du monde, inspirés par une histoire vraiment pas comme les autres. Les critiques ne s'y sont d'ailleurs pas trompés : un Golden Globe, un Grammy, un Annie, plus tout un tas de nominations, à commencer par les Oscars! Excusez du peu!

Alors, après s'être révélé "extra-terrien" en nous invitant à scruter le ciel, Michael Giacchino nous plonge maintenant le nez dans l'assiette et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est un régal!...




Vous étiez à Paris pour la Première mondiale de Ratatouille. Comment c’était de se retrouver dans la ville de Rémy ?
Ce fut fantastique d’être à Paris ! Je me suis éclaté ! C’était vraiment le meilleur endroit pour voir ce film. J’y ai donc amené toute ma petite famille ! Voir Ratatouille dans ces conditions avec mes enfants, c’était vraiment quelque chose. En Français, sans sous-titres, c’est-à-dire sous sa forme idéale. J’ai aussi adoré travailler avec la chanteuse française Camille pour la chanson du film, Le Festin. Elle a été merveilleuse ! Au fait, vous savez comment je l’ai découverte ? C’est une histoire assez originale !

Racontez-nous !
J’ai tout simplement tapé «female French vocalist » sur Google. Des centaines et des centaines de noms se sont alors affichés et je me suis mis à écouter différentes choses. C’est alors que je suis tombé sur son site et que j’ai adoré sa voix et les chansons qu’elle a écrites. Elle m’est tout de suite apparue comme une personne extrêmement créative. Je l’ai donc appelée pour lui demander si elle serait intéressée par le fait de chanter la chanson du film. Comme vous le voyez, cela s’est fait de façon totalement spontanée, comme ça !




Comment avez-vous travaillé avec elle ?
Ce fut vraiment génial. Il est très agréable de travailler avec elle. Elle est très créative, et très sérieuse dans ce qu’elle fait. Ce qui ne l’empêche pas non plus de savoir s’amuser !

Qu’a-t-elle apporté à la création de la chanson ?
En fait, quand nous sommes entrés en studio, le cadre général de la chanson était déjà prêt. Ceci dit, elle a apporté des choses très intéressantes quant à la manière de l’interpréter, sur la façon de phraser certains passages. Elle a vraiment des idées excellentes ! Puis nous avons travaillé ensemble sur les harmonies, les passages à plusieurs voix. Cela n’était pas écrit et nous avons créé tout cela ensemble, sur place, lors de l’enregistrement.

Où cela s’est-il passé ?
A Vancouver.

Camille a également fait la voix française de Colette.
Absolument. Lors de l’enregistrement, les gens de Disney ont adoré sa voix et lui ont proposé une audition pour la voix de Colette. Et c’est comme cela qu’elle a eu le rôle !




En général, les films de Brad Bird n’ont pas vraiment de chansons. Comment se fait-il que Ratatouillle y fasse exception ?
Ce fut très intéressant. Au départ, il voulait une vieille chanson typiquement française pour cette section du film et je me suis dit que peut-être nous pouvions envisager quelque chose de différent, quelque chose qui soit propre à ce film. Parce le film en lui-même est tellement différent, tellement spécial. Il lui fallait quelque chose qui ne sonne pas cliché par rapport à l’image que le grand public se fait de la France. Simplement une bonne chanson dont on pourrait, je l’espère, se souvenir et apprécier longtemps, car le film est tellement bon qu’il a de quoi durer pour l’éternité ! En fait, le thème de la chanson provient du thème principal du film. C’est l’une des premières choses que j’ai écrites. Au moment d’écrire cette chanson, j’ai essayé plusieurs choses puis je me suis dit que, finalement, adapter le thème principal du film serait la meilleure solution. C’est à Brad que l’on doit cette idée de mettre une chanson au milieu du film et de la terminer à la fin comme un résumé, et de fait, elle s’est très bien intégrée dans l’histoire. Brad voulait par dessus-tout une chanson qui puisse incarner le film.

Dans la mesure où le film a été initié par Jan Pinkava puis repris par Brad Bird, à quel moment de la production êtes-vous arrivé ?
Quand je suis arrivé, Jan était toujours là. Il a un talent fou et c’est l’une des personnes les plus gentilles qu’il m’a été donné de rencontrer. Ceci dit, je n’étais pas présent quand il a décidé de quitter Pixar. Mon interlocuteur a toujours été Brad. Jan avait plutôt choisi Marc Shaiman comme compositeur. Mais sur ce genre de projets, les choses changent souvent. Il n’y avait rien contre Marc non plus car c’est un musicien remarquable. Ce fut juste une question de circonstances. J’ai donc accepté de faire la musique de Ratatouille parce que c’était Brad qui me le demandait. C’est un de mes meilleurs amis et je m’étais déjà éclaté avec lui sur Les Indestructibles.





Chaque histoire revisitée par Brad Bird devient unique. C’est aussi comme cela que vous fonctionnez avec lui ?
C’est comme cela qu’il fonctionne. Il ne fait rien s’il ne peut pas en faire quelque chose d’original et de différent, s’il ne peut pas raconter une histoire connue de façon inédite. C’est la même chose en matière de musique. Il me permet de faire tout ce que je veux, de proposer mes propres idées. Il ne vous oblige à rien. Il a ses propres idées, il m’en fait part, mais après, il me laisse les mains libres pour mettre tout cela en place, ce qui est très appréciable ! Ensuite, nous travaillons ensemble sur les détails. Ce que j’ai par dessus tout, ce sont les moments passés avec lui en studio d’enregistrement. C’est une véritable collaboration. Il suggère des choses et on les intègre sur place. C’est toujours très amusant ! Il parvient toujours a tirer le meilleur de ses collaborateurs et de son côté, il sait comment apporter de l’énergie et de l’enthousiasme à son équipe. Il est avec nous comme avec lui-même.



Avait-il mis sur pied une partition temporaire pour vous guider ?
Pas vraiment. C’était quelque chose de très vague parce que le film devait avancer le plus rapidement possible. Quand Brad a repris les choses en main, il fallait que tout soit bouclé en un an et demi : la ré-écriture du scénario, le nouveau storyboard, ect. Dans ces conditions, il a bien mis des musiques sur certaines images, mais c’était plus pour lui, pour saisir une ambiance, que pour me guider. Au contraire, il me disait lui-même qu’il ne savait pas comment devait sonner son film. Et je dois avouer que moi non plus au départ ! C’était un film si différent. Au final, la musique de Ratatouille est un mélange de toutes sortes de choses qui, miraculeusement, fonctionnent très bien ensemble. C’est comme le jazz et comme la cuisine : on jette des tas de choses dans la casserole et on voit ce qui fonctionne. On fait des essais. Ce qui rend ce genre d’approche à la fois très compliquée, mais très amusante !

Quand on pense au concept du film –un rat qui cuisine à Paris- on ne songe pas un instant à tous les styles que vous avez mariés dans votre partition, du jazz à la musique sud-américaine en passant par Gerswhin. Comment avez-vous réalisé cette recette unique ?
Euh… en fait, je ne sais pas ! Il y a une grande part d’intuition dans tout cela, en y mettant le meilleur de moi-même. J’ai parlé avec Brad de notre vision de Paris. D’habitude, quand on pense à la France, on image un accordéon et d’autres clichés du même ordre. Mais la réalité, c’est que Paris est elle-même un mélange de toutes sortes de choses, des gens différents, de toutes origines, et donc des musiques de toutes origines. C’est ainsi qu’on retrouve dans ma musique un peu de big band ici, un peu d’orchestre là, un peu de musique de café, intime, ailleurs, etc. Tout est là. Tout ce qui est dans le film vient vraiment de la ville elle-même. Cela aurait été facile de prendre un accordéon, un violon jazz et une guitare jazz et puis basta ! Mais le film est beaucoup plus profond que cela et demandait quelque chose de beaucoup plus riche. Car cette histoire traite avant tout de personnages. C’est ainsi que Brad l’a écrite. Et c’est cela qui m’a guidé.


Ratatouille est aussi un film sur le « bon goût ». Comment met-on ce concept en musique ?
En soit, il n’y a rien de mal à utiliser un accordéon, par exemple. Tout le secret est dans la façon de le faire : quand et comment. Vous avez parfaitement raison de souligner cet aspect des choses. Il ne s’agit pas simplement de mélanger différents éléments, il s’agit également de savoir doser tout cela ! Ce fut une de nos principales préoccupations.

En parlant d’accordéon, nous avons parlé à Frank Marocco, qui a fait un travail formidable sur Ratatouille !
Il est incroyable ! Frank Marocco peut tout jouer sur un accordéon ! Prenez Le Festin. Nous avions essayé différents sons, de l’harmonica à l’accordéon de base, puis il est venu et nous a présenté un accordéon dont le son était à mi-chemin entre les deux, quelque chose d’inattendu. On pense à une clarinette, mais ce n’est est pas ; on pense à un accordéon classique, mais ce n’en est pas non plus. De fait, le son qu’il a apporté à la chanson ne la situe plus seulement dans un Paris de cliché, mais bien dans le monde.


A présent, j’aimerais évoquer avec vous certaines séquences en particulier. Déjà, le début du film. On se retrouve dans la campagne française, dans un univers champêtre, calme et paisible, et finalement il n’en est rien quand on voit cette mamie-gâteau pas comme les autres, chassant les rats de sa maison à coup de tromblon !…
C’est vrai que j’aurais très bien pu me focaliser sur ce petit coin de campagne française, mais j’ai préféré me concentrer sur Rémy et sur ce qu’il fait. Et ce qu’il fait la plupart du temps, c’est penser « cuisine », penser à la nourriture, penser à toutes les choses qu’il aimerait faire. Par conséquence, la plupart du temps, ma musique est dans cet état d’esprit. Puis, quand la grand-mère débarque, j’ai voulu faire un virage à 180 degrés ! D’un seul coup, c’est du grand orchestre ; une grande musique d’action symphonique qu’on ne s’attend pas à trouver associée à une mamie comme ça ! C’est comme quand elle se met à tirer avec son fusil de chasse. On ne s’attend vraiment pas à cela ! C’est pourquoi ma musique déborde un peu ici et en rajoute au moment où les rats tombent du plafond et se mettent à courir dans tous les sens pour évacuer la maison. J’ai imaginé quelque chose d’aussi frénétique et déjanté que le film ! Puis, quand elle met ce masque, j’ai mis de mon côté un accord de vrai méchant de cinéma ! Je me suis régalé !

De façon assez surprenante, il n’y a pas de musique quand Rémy descend les rapides dans les égouts.
J’ai bien écrit une musique pour ce passage, mais très tôt, même avant l’enregistrement, je me savais que je ne l’utiliserais pas. Mais nous l’avons quand même enregistrée, simplement pour l’avoir. On ne sait jamais. Mais nous avons délibérément recherché des moments dans le film où nous pourrions nous dispenser de musique et je crois que c’était le parfait exemple où vous n’avez pas besoin d’en rajouter pour comprendre la scène ou ressentir plus de choses. Le propos était parfaitement clair, tout était déjà là. Vous savez, il y a toujours en risque qu’en dramatisant à l’extrême on en arrive à l’effet inverse de ce qu’on recherche et à faire décrocher le public. Juste après cette scène, on retrouve Rémy seul et désemparé. Là, la musique apporte vraiment. Si j’avais fait quelque chose du genre « danger, danger, danger », puis « solitude, solitude, solitude », cela aurait fait trop. J’ai laissé l’action parler pour elle-même pour mieux souligner le fait que Rémy se retrouve tout seul.

Pour moi, l’un des plus beaux morceaux de Ratatouille, c’est celui qu'on entend au moment où Rémy passe des égouts aux toits de Paris.
C’est une scène très intéressante musicalement car elle commence de façon très intime : le quatuor à cordes et une flûte, tandis qu’il évolue entre les murs. Et à mesure qu’il se rapproche du toit, je rajoute des instruments. Ce que j’essaie toujours de faire, c’est de commenter ce qui se passe à l’écran tout en essayant de rester invisible. C’est comme si on prenait un morceau de musique, qu’on le collait à une image et qu’on s’aperçoive qu’il convient parfaitement. Je ne cherche pas à me faire remarquer. Si vous faites trop de Mickey Mousing, la musique en devient segmentée, comme éclatée. Il faut au contraire que la musique soit naturelle. Taillée pour le film mais intéressante pour elle-même également. J’aime ce genre de défi. Et puis, il y a la découverte de Paris, de ce dont il a toujours rêvé, avec la première apparition de son thème avec l’orchestre au grand complet.



C’est vrai que dans cette séquence, on comprend que Rémy a deux thème, en fait. Un pendant l’ascension et un au moment de la découverte de Paris.
Exactement. Le premier représente qui Rémy est et l’autre qui il voudrait être. Le premier, c’est sa réalité, son thème de rat, le second, plus nostalgique, ce sont ses rêves et ses espoirs.


Pour autant, un peu plus tard dans le film, au moment où Rémy « répare » la soupe de Linguini, c’est son thème de rat que l’on entend, alors qu’il est bel et bien en train de cuisiner.
J’ai choisi d’utiliser le thème de la réalité car Rémy est en quelque sorte coincé dans cette cuisine. Et même s’il ne lui faudrait qu’une second pour s’échapper, il est bel et bien dans cette cuisine, au risque d’être découvert en tant que rat d’une second à l’autre. Avant de descendre dans la cuisine, il a bien conscience de n’être qu’un rat. Ce n’est qu’ensuite qu’il se lance dans la préparation de la soupe. Mais là encore, le danger est présent parce qu’il est un rat. C’est la raison pour laquelle j’ai arrangé son thème de façon joyeuse quand il cuisine, tout en gardant à l’esprit la réalité. Pour moi, ce n’était pas encore le moment où Rémy se réalise complètement. Ce n’est qu’accident au milieu d’une fuite. J’ai préféré garder le thème du rêve pour des moments vraiment émotionnels. Ici, c’était encore un peu tôt.



Venons-en maintenant au thème de Linguini, que l’on entend, sifflé, tandis que Rémy et lui s’entraînent à cuisiner ensemble.
Il s’agit d’un musicien de l’orchestre, Bobby Shulgold. Il joue de la flûte et du piccolo, mais c’est aussi un siffleur remarquable. Je lui avais déjà demandé de siffler lors d’un épisode d’Alias et j’ai toujours voulu recommencer, attendant le film pour lequel cela aurait du sens d’entendre quelqu’un siffler et ce passage était le moment idéal. Brad voulait une sorte de musique de cowboy car dans cette scène, Rémy est comme en train de « chevaucher » et de « tenir les rennes » de Linguini !

Tout comme Rémy, Colette a un thème double.
La partie principale de ce thème, qui ouvre les End Creditouilles, est pleine de confiance. C’est une sorte de tango et vous savez que, dans le tango, les danseurs semblent toujours être très sûrs d’eux. C’est ce qu’est Colette à l’extérieur. C’est ce qu’elle doit montrer d’elle-même dans la cuisine. Mais il y a une part d’elle plus romantique et plus fragile, c’est ce qu’elle est à l’intérieur. C’est un personnage très complexe. Elle doit se montrer forte, mais ce n’est pas qui elle est vraiment, et c’est ce que j’ai voulu montrer à travers ce double thème.


Anyone Can Cook apparaît à la fin du film, tandis qu’Ego nous lit sa fabuleuse critique. C’est un moment très touchant et une façon assez originale de conclure un film comme celui-là.
En fait, ce morceau fait partie des premières choses que j’ai écrites pour le film. Quand je l’ai vu pour la première fois, je suis rentré chez moi et j’ai écrit cela. Je n’avais pas les images en face de moi. J’ai juste écrit ce thème. C’est cette scène qui me l’a inspiré. Pour moi, c’est le moment du film où tout prend sens, où l’on comprend vraiment de quoi il s’agit dans cette histoire. Tout le reste découle de là. Et c’est Ego qui nous explique le message du film. C’est une scène très émouvante. Et c’est Ego qui nous explique le message du film. C’est une scène très émouvante. C’est d’ailleurs assez paradoxal de regarder un film sur un rat qui veut cuisiner et de s’émouvoir à ce point. C’est, je pense, la raison pour laquelle le film fonctionne. Parce Brad écrit en pensant « personnages » et non pas en pensant « caricature ».


Sur le principe, End Creditouilles m’ont fait penser aux Incredits des Indestructibles.
Cela a été fait dans le même esprit. Comme vous le savez, Brad adore mettre de grandes musiques pour ses génériques de fin, un peu comme des ouvertures, afin de célébrer le film. J’ai donc repris les thèmes de tous les personnages et je me suis amusés avec. Cela donne une impression d’improvisation, précisément parce que j’ai laissé de l’espace pour que les solistes de l’orchestre puissent apporter leur marque et se lâcher. L’idée derrière cela est de faire comme si on délirait dans une cuisine en improvisant un plat, en mélangeant toutes sortes d’ingrédients pour voir ce que cela fait ! C’est d’être vraiment libre de faire ce que l’on veut ! Et le jazz est pour moi la meilleure expression de cette liberté.



Ce qui formidable, c’est que lorsqu’on écoute le cd de la musique du film, on en revoit chaque épisode, comme si votre musique nous re-racontait l’histoire.
J’essaie toujours d’écrire une musique sur mesure pour chaque scène du film. Il y a des raisons très précises pour chaque détail, chaque structure musicale. Je ne me lance pas à l’aveugle dans telle ou telle musique d’action. Je m’interroge avant tout sur son sens, sa place dans l’histoire. C’est ainsi que chaque musique est adaptée aux enjeux de chaque scène. C’est la façon dont j’ai toujours ressenti la musique de film, et ce depuis mon enfance. Pour moi, la musique me permettait de revivre l’histoire du film et je me repassais encore et encore la musique pour pouvoir revivre cette expérience que j’avais eue au cinéma. A l’époque, il n’y avait pas de VHS, et encore moins de dvd ! Par conséquent, à moins de retourner au cinéma, la musique était votre seul moyen de refaire l’expérience du film. C’est certainement la raison pour laquelle c’est si important pour moi que la musique exprime vraiment chaque scène.

Avez-vous enregistré l’orchestre live avec tous les musiciens en même temps, comme vous l’aviez déjà fait pour Les Indestructibles (alors que beaucoup de compositeurs enregistrent les différents pupitres plus ou moins séparément) ?
Absolument. Je ne suis pas du tout contre les synthétiseurs. Je pense qu’on peut les utiliser de façon très créative comme l’a fait Jerry Goldsmith, qui est passé maître en la matière. Il savait les utiliser sans les faire passer pour des instruments qu’ils ne sont pas. Or, sur Ratatouille, je n’avais aucunement besoin de synthétiseurs. Ce film parlait de choses réelles, authentiques, et de gens réels. Je n’avais pas besoin de sonorités synthétiques, mais d’une réelle instrumentation. C’est quelque chose à laquelle je tiens sur la plupart de mes projets. Je n’aime pas beaucoup enregistrer les différentes voix séparément parce qu’il me semble qu’on ne donne pas à l’orchestre l’occasion de s’exprimer totalement en tant que tel. Et utiliser des synthétiseurs à la place des musiciens ne vous donnera jamais l’énergie qui se dégage quand des dizaines de musiciens jouent ensemble dans la même pièce. Il y a toujours des choses qui se passent entre les différents pupitres : cordes et vents, percussions et cuivres, cordes et cuivres. Rien ne remplace le fait de jouer ensemble. C’est là que se passe la magie. En enregistrant pupitre par pupitre, vous n’obtiendrez jamais le vrai son d’un orchestre, ce son qui vient du fait que tous les artistes sont dans la même pièce et vibrent ensemble. J’ai grandi en écoutant de vrais orchestres. C’est le son que j’aime ! Je n’envisageais jamais de procéder autrement. Et puis, il y a le contact avec ces musiciens extraordinaires que j’adore. Quand je compose, je n’attends qu’une chose, c’est de les écouter jouer ma musique ! Parce que je sais ce que ces gars en feront !

Vous avez également composé la musique du jeu vidéo Ratatouille, ce qui est assez inhabituel.
En général, les jeux vidéos tirés de film ne sonnent en rien comme les films. Cela vient probablement du fait que j’ai fait mes premières armes dans ce domaine mais j’essaie toujours de m’impliquer le plus possible dans les adaptations vidéoludiques de mes films. C’est le seul moyens pour que le film et le jeu appartiennent vraiment à la même famille.



Chose encore plus rare, ce sont les thèmes musicaux du film que l’on retrouve dans le jeu !
Absolument, et je vous avoue que j’ai vraiment dû me battre pour qu’il en soit ainsi et pour qu’ils paient Disney pour avoir le droit de le faire! Je crois très sincèrement que cela en vaut la peine. Si les enfants veulent jouer à un jeu, c’est parce qu’ils veulent re-vivre l’expérience du film. Et la musique en est pour une bonne part. Imaginez jouer à un jeu Star Wars sans les thèmes de John Williams ! Cela n’aurait aucun sens. C’est ainsi que pour le premier jeu des Indestructibles, ils m’ont demandé de composer un thème original qui soit directement dérivé de celui du film. Mais pour le second jeu des Indestructibles, j’ai tapé du poing sur la table pour avoir le vrai thème du film. J’ai appris à être ferme pour obtenir ce que je veux et ce que je pense être le mieux pour les joueurs. Cela va jusqu’à faire appel aux même musiciens pour le film et pour le jeu. Pour le film Ratatouille, nous avons fait deux sessions, une en novembre 2006 et une autre en avril 2007, et la musique du jeu a été enregistrée entre les deux.

Quels souvenirs garderez-vous de cette expérience ?
Ce film plus que tout autre a été un vrai bonheur car c’est le genre de musique où tous les musiciens impliqués peuvent mettre un peu de leur personnalité. C’était vraiment génial!



Special thanks to Michael and Andrea!

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Un article très complet, je me suis régalée. Merci

3:36 PM  

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