samedi, février 23, 2008

BENJAMIN GATES ET LE LIVRE DES SECRETS : Entretien avec l'artiste de storyboard Giles Asbury

Qui a dit qu'artiste de storyboard n'était pas un métier de terrain?
Eh bien, détrompez-vous. Comme nous l'explique Giles Asbury, qui a pris le relais de Trevor Goring sur la poursuite écheveulée dans les rues de Londres à la recherche de l'artéfact précolombien qui ouvrira les portes de la cité mythique de Cibola, le storyboarder doit s'adapter aux conditions de travail les plus diverses et visualiser parfois dans l'urgence les différentes scènes à tourner.
Un métier bien passionnant à vrai dire, qui a conquis Giles Asbury... et nous avec!
Alors, si vous voulez vous plonger ou vous replonger dans cette poursuite effrénée, l'aventure démarre ici, sur Media Magic, mais également ici, sur le site de Giles Asbury.
Action!


Pouvez-vous nous dessiner à grands traits votre parcours ?
J’ai commencé ma formation en art et en design au Collège pendant deux ans, puis je me suis orienté quelques temps vers la mode, la sculpture et la photographie avant de m’inscrire à la Kingston University pour me spécialiser dans le dessin. Là, j’ai étudié la place de l’Art dans les médias pendant trois ans. Puis j’ai abandonné les études et j’ai fait différents petit boulots pour avoir assez d’argent et m’adonner au snowboard, notamment à Chamonix ! Après quelques saisons comme cela, je suis rentré en Angleterre où je me suis mis à faire des storyboards pour des films d’étudiants afin de me constituer un portefolio. A partir de là, je suis entré dans le monde de la publicité, puis de la télévision et enfin dans celui du cinéma. C’était il y a cinq-six ans.


Comment avez-vous rejoint l'équipe de Benjamin Gates et le Livre des Secrets ?
J’avais rencontré l’un des producteurs du film il y a quelques temps sur un autre projet à Prague, et c’est lui qui m’a proposé de faire quelque chose pour ce film. En fait, il ne s’agit que de deux séquences autour de la fameuse poursuite dans les rues de Londres. Car pour chaque segment de cette séquence, il a fallu imaginer des variations, afin d’explorer toutes les possibilités. Pour cela, j’ai travaillé en étroite collaboration avec la coordinatrice des cascades et la réalisateur de la deuxième équipe.



Comment cela s’est-il passé ?
En fait, d’autres artistes avaient storyboardé cette séquence à partir d’une version préliminaire du scénario et il s’est avéré que leurs dessins n’étaient pas totalement réalisables dans les conditions réelles, par rapport à la spécificité d’un lieu de tournage ou à la dangerosité d’une cascade. Il a donc fallu discuter de façon très précise avec la coordinatrice des cascades et le réalisateur de la deuxième équipe afin de déterminer un scénario réalisable. A partir de là, j’ai dessiné les différentes étapes de cette séquence pour eux selon différents angles de vue de sorte qu’ils puissent effectivement tourner cette séquence. Du point de vue collaboratif, je dirai que, parfois, l’artiste de storyboard peut vraiment apporter un point de vue sur les idées qui lui sont proposées, une façon de filmer, une approche très visuelle du film. Sur Benjamin Gates et le Livre des Secrets, les instructions étaient très précises et mon rôle a plutôt été de donner corps aux idées de l’équipe créative.



Vous travaillez uniquement sur papier. Quand vous avez une scène d’action comme cela à traiter, quels sont les avantages de cette technique par rapport à une approche plus informatique comme le Cintiq, qui permet carrément de réaliser directement des animatiques.
Tout simplement, le crayon est encore beaucoup plus rapide. C’est beaucoup plus pratique car on peut très simplement se rendre sur les lieux de tournage et dessiner une scène de façon réaliste et très rapide. Sur d’autres films que Benjamin Gates, je me souviens qu’on m’avais donné une demi-heure pour dessiner une scène afin que l’équipe puisse tourner dans l’après midi ! En un clin d’œil, j’avais tout dessiné, ils avaient fait les photocopies nécessaires et ainsi toute l’équipe a eu en très peu de temps une vision très précise et uniforme de la scène à tourner.



J’ai été étonné de voir que votre Benjamin Gates ne ressemble pas à Nicolas Cage.
Il est vrai que je savais parfaitement que c’était lui qui devait jouer Ben Gates, mais je n’ai pas vraiment eu le temps de m’occuper de la question de la ressemblance. Cela dépend des besoins de la scène. En fait, il existe deux sortes de storyboards. Il y a ce qu’on appelle « shooting storyboard », qui est un mélange de storyboard et d’infographie, privilégiant l’action, et le « visual storyboard », qui s’occuper davantage des personnages principaux et de leurs actions.



Y a-t-il d’autres utilisation du storyboard ?
Oui. Par exemple, sur Eragon, dans la mesure où il devait beaucoup y avoir d’image infographiques, les créateurs du film ont utilisé nos storyboards pour concevoir une pré-visualisation du film en animant nos dessins par ordinateur ou en s’en inspirant, afin de rechercher les angles et les mises-en scènes qui pourraient rentrer au mieux dans le budget qui leur était alloué.



En tant que fils de Martin Asbury, vous aviez déjà le storyboard dans vos veines, mais qu’est-ce qui vous intéresse personnellement dans cet art ?
C’est vraiment la narration. J’adore visualiser un film dans ma tête. C’est comme quand vous lisez un livre. D’autres que vous peuvent lire le même livre, mais vous l’imaginez à votre façon. Dans ces conditions, le storyboard est une opportunité de coucher sur le papier l’histoire et l’univers que vous voyez dans votre tête. Et c’est un plaisir très spécial quand vous arrivez à convaincre un réalisateur que votre idée est intéressante et que vous parvenez à changer sa vision du film !


Comment expliquez-vous qu’Hollywood fasse de plus en plus appel à des artistes non-américains pour ses films ?
Je pense qu’il y a déjà le fait que les frais de tournages sont inférieurs ici en Angleterre par rapport aux Etats-Unis, ce qui les pousse à venir tourner ici. Et quand ils viennent ici, ils font tout naturellement appel à des artistes anglais. Mais je crois que cela concerne l’Europe en général. De plus en plus d’Européens parlent anglais et ont aussi beaucoup de talent, ce qui explique qu’on trouve de plus en plus de Français ou de Tchèques dans les équipes des films.



Quels sont les derniers films auxquels vous avez participé et qui vont sortir prochainement ?
Il y en quelques-uns parmi lesquels Incendiary de Sharron Maguire et The Other Boleyn Girl de Justin Chadwick, qui devrait être très intéressant.

Storyboard drawings courtesy of Giles Asbury, with all our gratitude!
All rights reserved.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

J'ai beaucoup aimé le 1, je pense que le 2 devrait être dans la même lignée! :-)

9:45 PM  

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