HALLOWEEN A DISNEYLAND RESORT PARIS : Entretien avec le show director Emmanuel Lenormand
Un nouveau chapitre du Festival Disney Halloween, conçu cette année par le show director Emmanuel Lenormand, qui a très gentiment accepté de nous révéler tous les secrets de cette nouvelle saison avec la passion et l’enthousiasme des plus communicatifs qu’on lui connaît !
M. Lenormand, pouvez-vous nous parler de vos débuts chez Disney?
Il était une fois… tout a commencé en 1986. J'étais danseur pour la télévision, et en particulier pour Douchka, l'ambassadrice Disney de l'époque. Mais très vite, j'ai eu envie de passer de l'autre côté de la caméra. J'ai rencontré beaucoup de gens, et notamment les Américains qui venaient promouvoir le parc, déjà en 1988. C'est ainsi que j'ai fait mes classes, un peu en Floride et en Californie, mais surtout à Disneyland Resort Paris, comme chorégraphe et metteur en scène, ce que je fais aujourd'hui avec toujours le même bonheur.
Quelles sont vos différentes productions pour le parc?
J'ai mis en scène Peter Pan A La Rescousse en 2004 sur le gallion du Capitaine Crochet, ainsi que toutes sortes de spectacles de rue pour les Walt Disney Studios : Ciné Folies ou encore Road Movie. J'ai aussi repris le flambeau de Mickey et la Magie de L'Hiver et du Carnaval des Enfants. Mes dernières productions sont Starring Cruella DeVil et Lilo & Stitch Surfent Sur La Vague, que vous avez pu découvrir cet été aux Walt Disney Studios.
En quoi a consisté votre travail sur ce nouveau Festival Halloween à Disneyland Resort Paris ?
En fait, j’ai voulu « disneyiser » encore plus le Festival. Les Hommes-Critouilles sont arrivés sur le parc il y a quelques années, puis ce furent les Sorcières Roses l’année dernière, sous la direction d’un autre show director. Cette année, c’est à moi qu’on a confié la mission de concevoir le Festival, et je me suis dit que ce serait drôle de mettre un personnage fétiche au milieu de ces deux clans, un peu comme un arbitre. Stitch m’est alors venu tout naturellement à l’esprit, d’autant plus que je mets en scène depuis trois ans le spectacle Lilo & Stitch surfent sur la vague aux Walt Disney Studios. C’est un personnage qui a énormément de succès auprès de nos visiteurs, et notamment des enfants. Il a ce côté complètement fou, parfois ambigü : il est vraiment très rigolo.
Comment Stitch s’est-il glissé dans le Festival ?
Du haut de sa planète, depuis quelques années, il voyait un peu tout ce qui se passait à Disneyland Resort Paris à l’occasion d’Halloween. Et cela lui a tellement plu qu’il a déboulé en trombe cette année, au volant de sa CaracteriStitch Mobile pour mettre son grain de sel et nous montrer comment lui fêtait Halloween !
Avec lui, c’est tout un monde qui débarque !
En effet, je me suis amusé à créer tout un vocabulaire que l’on emploie tout au long de la journée. Par exemple, on ne dit plus « c’est fantastique », mais « c’est fantaStitch » ! Et il y a toutes sortes d’expressions du même style. Stitch a vraiment contaminé tout le parc !
Disneyland Resort Paris a initié un Halloween qui lui est propre. Comment vous situez-vous à l’intérieur de cette tradition ?
Le parc s’est intéressé à Halloween bien avant que la mode soit lancée en France et a tout de suite marqué sa spécificité à travers l’introduction des Hommes-Citrouilles. C’était parfait pour nous car il était important de proposer un Halloween qui ne fasse pas trop peur, pour un public allant de 2 à 102 ans. De la même manière, nos Sorcières Roses ne sont pas méchantes : ce sont de grosses sorcières avec un gros derrière et des cheveux rigolos, et nous formons nos comédiennes de telle sorte qu’elles jouent plus avec les visiteurs qu’elles ne les effraient. Quand on pense Halloween et Disney, on pense tout de suite à L’ETRANGE NOËL DE MR. JACK, qui est pour moi une référence absolue. Mais nous ne voulions pas de ce côté sombre et effrayant, tout en noir et blanc. On vient d’abord à Disneyland Resort Paris pour faire la fête, pour faire les fous. Nous avons donc raconté l’histoire de ces Hommes–Citrouilles, puis nous avons ajouté l’histoire des Sorcières et je pense qu’il était important de continuer cette tradition en conservant ces personnages qui sont devenus très populaires. J’ai donc « surfé sur la vague » en ajoutant un nouveau personnage, une nouvelle histoire, une nouvelle couleur, et dans la mesure où j’ai la chance de pouvoir m’occuper de futurs projets, je travaille actuellement à l’ajout encore de nouveaux personnages, afin de créer une histoire toutjours plus riche et intéressante. C’est un peu comme une série tv, avec une saison 1, 2, 3, etc.
Le fait est qu’il y a beaucoup d’échanges au niveau de l’ensemble des parcs Disney. Par exemple, les Hommes-Citrouilles ont tellement plu aux Américains qu’on les retrouve maintenant à Walt Disney World ! On reçoit également toutes les musiques créées pour les parcs Disney de par le monde et de la même façon, on fait connaître nos productions musicales aux autres parcs, qui en sont très friands, notamment aux Etats-Unis. J’adore découvrir toutes les façons différentes qu’ils ont de célébrer Halloween. A Tokyo, notamment, je sais qu’ils ont leur propre délire. Ils ont fait un travail remarquable sur la Find Stitch Parade, avec des traces de Stitch un peu partout dans le parc. Et c’est justement leur musique que nous avons en partie réutilisée pour notre Cavalcade de Stitch, tous les matins sur Main Street. Mais le plus amusant, c’est que j’ai écrit le Festival Halloween avant de connaître cette parade japonaise, preuve que nous sommes tous sur la même longueur d’onde ! C’est un peu comme pour Lilo & Stitch surfent sur la vague. Au moment où j’écrivais le spectacle des Walt Disney Studios, Walt Disney World préparait lui aussi un show sur le sujet, mais dans des dimensions plus réduites que le nôtre. Là-bas, c’est un peu comme un happening alors qu’ici nous avons des décors et des voitures, des cadillac, etc. Il n’y a pas de concurrence entre les différents parcs. Nous essayons simplement d’être en phase avec les attentes du public, et même de les dépasser.
Vous parlez de la musique de la Cavalcade de Stitch. Comment l’avez-vous conçue ?
La musique est quelque chose qui m’inspire et me « drive » toujours beaucoup pour concevoir mes spectacles. C’est la raison pour laquelle, quand on m’a confié la conception d’Halloween, j’ai appelé mes collègues des autres parcs Disney et je leur ai demandé ce qu’ils proposaient eux en matière de musique sur ce thème. Il faut dire que le budget dont nous disposions ne nous permettait pas d’envisager de nouvel enregistrement avec orchestre, et qu’il fallait donc puiser dans le répertoire existant. C’est ainsi que je suis tombé sur la musique du feu d’artifices Hallowishes de Walt Disney World. Au départ, je me suis dit que ce ne serait pas utilisable car il s’agissait de petits morceaux séparés par de longs silences. Puis je me suis ravisé et je me suis dit que cela pourrait fonctionner sous forme de medley. Je suis donc allé voir Vasile Silri, le directeur de la musique de Disneyland Resort Paris, nous sommes entrés en studio et nous en sommes resortis avec ce medley de six minutes qui ouvre la Cavalcade et que j’adore. On retrouve ainsi Pauvres Âmes en Perdition d’Ursula en version salsa, la musique de la Haunted Mansion, celle de l’ETRANGE NOËL DE MR. JACK, le Soyez Prêtes du ROI LION, ou encore Qui a Peur du Grand Méchant Loup ?, autant de musiques très populaires qui font le régal de nos visiteurs. Puis vient la chanson Hawaiian Roller Coaster Ride du film LILO & STITCH de 2002, que j’adore également. Je disposais bien évidemment de la version de notre spectacle d’été, mais je la trouvais trop gentille, trop « plage ». Alors, je me suis tourné vers celle de Tokyo Disneyland. Là, ils avaient ajouté toutes sortes de percussions, pour quelque chose d’un peu plus « rock », qui donne un peu plus envie de bouger, et c’est la raison pour laquelle je l’ai utilisée dans notre spectacle, cette sorte de parade qui se veut tout aussi festive !
Comment se passent les relations entre Stitch et les visiteurs ainsi qu’avec les Hommes-Citrouilles et les Sorcières Roses ?
Stitch est fidèle à lui-même et a, avec les visiteurs, le même comportement qu’avec Lilo dans le dessin-animé. Il a tous les droits : il arrive et fait son bazar sans se demander s’il dérange ou pas ! Il peut faire des choses que jamais Mickey n’oserait faire. Mickey est un peu l’image de marque de notre royaume alors que Stitch peut tout se permettre : faire des pieds-de-nez, se rouler par-terre, gesticuler dans tous les sens… mais tout finit toujours par un geste tendre. Par ailleurs, il est devenu le meilleur pote de Gruzella et Prunella durant les journées d’Halloween. Dans la Cavalcade, il discute plus volontiers avec Gruzella, ce qui fait que je dirai qu’il est plus proche des Sorcières Roses que des Hommes-Citrouilles.
Les Sorcières Roses ont donc les faveurs de Stitch, et dominent aussi quelque part la Parade d’Halloween.
Exactement. Cette année, je voulais rendre encore plus clair pour nos visiteurs le fait que les Sorcières Roses veulent prendre possession de la Parade. J’ai ainsi conçu un pont musical d’une vingtaine de secondes à l’intérieur de la musique de Vasile Sirli, It’s Halloween-Lo-Ween, une version lente et lointaine du premier couplet, afin de mettre en musique l’arrivée des Sorcières et leur prise de pouvoir ! Cela permet également de faire un break dans la chanson, de reposer un peu l’oreille, pour mieux repartir de plus belle avec le retour du refrain énergique de Vasile !
Stitch s’invite également à Frontierland, rebaptisé pour l’occasion Halloweenland !
Absolument. Lui et Donald ont investi la FantaStitch Stage, près du Cowboy Cookout Barbecue. Vous savez, au moment de décider des modifications à apporter au Festival, je me suis demandé si c’était un bon choix que d’y introduire Stitch. Or, pour moi, les visiteurs viennent au parc avant tout pour rencontrer les personnages Disney et vivre des aventures avec eux. De plus, j’aime bien avoir une signature Disney très forte. Et le fait est que le public est toujours présent et vient en nombre à chaque spectacle sur cette scène. Au départ, les musiciens de ce show, les Bad Boys, jouaient sans personnage. Aujourd’hui, Stitch et Donald se mêlent à eux et cela devient un spectacle Disney à part entière.
Le programme musical de ce spectacle s’en trouve de fait totalement repensé par rapport aux années précédentes. Comment avez-vous travaillé avec l’arrangeur et chef d’orchestre du parc, Robert Fienga ?
Nous nous sommes réunis avec Robert et je lui ai dit : « je ne veux que des tubes ! ». Comme je vous le disais tout à l’heure, nous nous adressons tout autant à des enfants de cinq ans qu’à des personnes de 90 ans. C’est la raison pour laquelle nous avons privilégié toutes les chansons de méchants Disney, à commencer par celles de L’ETRANGE NOËL DE MR. JACK (avec notamment la chanson de Sally, que j’adore), mais également Pauvres Âmes en Perdition, que Robert a arrangée façon tango, Cruella DeVil ou encore Gaston.
Comment créez-vous toutes vos merveilleuses histoires ?
Un peu comme un scénario. J’imagine une journée dans le parc : c’est mon point de départ. Un guest arrive. Il entre dans Main Street : que va-t-il voir ? Puis il arrive à Halloweenland : que va-t-il voir ? Et je fais cela pour une journée complète, jusqu'au soir. Une fois cette journée lambda conçue, on retravaille alors chaque chose en l’accompagnant de design et de visuels. Et pour chaque détail, on s’interroge toujours sur le pourquoi et le comment. Rien n’est gratuit : il faut que cela raconte une histoire. Dès qu’on sent un hic, on retourne à l’écriture jusqu’à ce que cela fonctionne. J’ai toujours à l’esprit, comme une devise, ces trois mots qui me viennent d’un ami : simple, efficace et de bon goût.
Vous avez également écrit l’histoire de la soirée Halloween du 31 octobre.
En effet. Cette fois, on a oublié un peu l’histoire de Stitch. Il sera là, pour les plus petits, mais on est plus parti sur l’idée que cette soirée attire davantage les adolescents et les jeunes adultes. Nous nous sommes donc tournés vers le film PIRATES DES CARAÏBES et c’est la raison pour laquelle nous avons thémé pour la première fois Adventureland. L’année dernière, c’était « Sorcières Roses contre Hommes-Citrouilles » ; cette année ce sera Sorcières Roses d’un côté (à Halloweenland) et Pirates de l’autre (à Adventureland). Quand vous arrivez dans le parc, le mot d’ordre sera « Sorcières ou Pirates : choisissez votre camp ! ». J’ai ainsi peuplé Halloweenland de créatures incroyables et fantômatiques, certaines montées sur échasses, tandis qu’Adventureland sera parcouru de jongleurs et autres cracheurs de feu. L’ambiance de ce land sera d’ailleurs assez inhabituelle, avec un éclairage très tamisé, tandis que la FantaStitch Stage accueillera pas moins de trois concerts au cours de la soirée, avec notamment la chanteuse Liza Michael. Je voulais aussi que la parade de la nuit soit unique. J’ai donc fait appel à un groupe extérieur, Malabar, spécialisé dans les spectacles de rue, qui viendra avec un gigantesque bateau pirate qui traversera Main Street avec des musiciens live, des acrobates, des équilibristes et des échassiers pour une véritable « Chevauchée du Bateau Fantôme ». Tous les talents qui ont peuplé Halloweenland et Adventureland vont rejoindre cette parade en une procession vers le Château de la Belle au Bois Dormant pour un feu d’artifice unique en son genre avec des effets sonores comme des bruits de vagues, le tout sur la musique de PIRATES DES CARAÏBES 1 et 2, pour un finale en apothéose !
Remerciements particuliers à Emmanuel Lenormand, Aurélie Massin et Delphine Kerfyser, sans oublier Christine Blanc pour les photos !
Photos © Disneyland Resort Paris, sauf photos 3& 4 © Christine Blanc
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