TOY STORY 3: Entretien avec l'animateur Victor Navone
Comment avez vous découvert le premier Toy Story?
Je l'ai vu au cinéma en 95 lors de la première semaine de diffusion. Je me souviens avoir vu des extraits au SIGGRAPH l'année précédente, et j'avais été très impressionné. Je connaissais déjà le nom de Pixar, car j'avais déjà vu plusieurs de leurs court métrages ainsi que le Spike & Mike’s Animation Festivals. J'ai vraiment beaucoup apprécié le film, mais cela ne m'avait pas donné envie de devenir animateur ou de rejoindre Pixar. Ce monde me paraissait vraiment très étranger.
Je l'ai vu au cinéma en 95 lors de la première semaine de diffusion. Je me souviens avoir vu des extraits au SIGGRAPH l'année précédente, et j'avais été très impressionné. Je connaissais déjà le nom de Pixar, car j'avais déjà vu plusieurs de leurs court métrages ainsi que le Spike & Mike’s Animation Festivals. J'ai vraiment beaucoup apprécié le film, mais cela ne m'avait pas donné envie de devenir animateur ou de rejoindre Pixar. Ce monde me paraissait vraiment très étranger.
Comment est-on embarqué dans un projet tel que Toy Story 3?
Au départ je ne voulais pas travailler sur Toy Story 3, car je voulais le découvrir comme un spectateur, comme pour les deux premiers films. J'hésitais aussi de devoir travailler sur des personnages qui étaient déjà bien établis et appréciés. Mais plus j'en apprenais sur le film, plus je trouvais que c'était finalement très bien de travailler dessus, et donc j'ai demandé à être inclus au projet. Je suis très content d'avoir été accepté.
Quelles scènes avez-vous animées?
Comme je l'ai précédemment indiqué, j'étais inquiet de travailler sur les jouets classiques, j'ai donc demandé au départ à travailler sur les séquences qui montraient les personnages humains. Je n'ai pas beaucoup d'expérience dans l'animation réaliste des humains, et je pensais que c'était une bonne opportunité pour apprendre.
Pour dessiner des physiques et des mécaniques corporelles réalistes, je me suis plus appuyé que jamais sur des références vidéos. J'ai animé quelques séquences avec Andy et sa maman, et j'ai été le premier à faire les plans pour Bonnie, le nouveau personnage de la petite fille. C'était une grande expérience pour moi, et c'est aussi grâce à mes propres enfants que j'ai été capable de dessiner et développer mes performances animées. J'ai même filmé ma fille de 5 ans pour des références sur quelques scènes.
Une fois que j'ai eu suffisamment de scènes avec des humains, j'ai décidé de m'exercer sur quelques uns des personnages classiques. J'ai pu ainsi demander quelques scènes de Buzz, Woody et Jessie. J'ai fais quelques scènes au début du film avec Woody qui informe les jouets des mauvaises nouvelles à propos de « l'opération on rejoue », et j'ai aussi dû faire quelques scènes du Buzz espagnol lorsqu'il rencontre pour la première fois Jessie et se trouve sous le charme. Ces scènes furent un plus grand défi et nous nous sommes tous rapproché du travail de Carlos Baena, qui avait mis la barre très haut pour l'animation du Buzz Espagnol
Comme je l'ai précédemment indiqué, j'étais inquiet de travailler sur les jouets classiques, j'ai donc demandé au départ à travailler sur les séquences qui montraient les personnages humains. Je n'ai pas beaucoup d'expérience dans l'animation réaliste des humains, et je pensais que c'était une bonne opportunité pour apprendre.
Pour dessiner des physiques et des mécaniques corporelles réalistes, je me suis plus appuyé que jamais sur des références vidéos. J'ai animé quelques séquences avec Andy et sa maman, et j'ai été le premier à faire les plans pour Bonnie, le nouveau personnage de la petite fille. C'était une grande expérience pour moi, et c'est aussi grâce à mes propres enfants que j'ai été capable de dessiner et développer mes performances animées. J'ai même filmé ma fille de 5 ans pour des références sur quelques scènes.
Une fois que j'ai eu suffisamment de scènes avec des humains, j'ai décidé de m'exercer sur quelques uns des personnages classiques. J'ai pu ainsi demander quelques scènes de Buzz, Woody et Jessie. J'ai fais quelques scènes au début du film avec Woody qui informe les jouets des mauvaises nouvelles à propos de « l'opération on rejoue », et j'ai aussi dû faire quelques scènes du Buzz espagnol lorsqu'il rencontre pour la première fois Jessie et se trouve sous le charme. Ces scènes furent un plus grand défi et nous nous sommes tous rapproché du travail de Carlos Baena, qui avait mis la barre très haut pour l'animation du Buzz Espagnol
Quelle est votre scène préférée?
Je pense que ma scène préférée est la première apparition de Bonnie. Elle ne dit qu'un mot de toute la scène et tout le reste est une performance muette. J'ai utilisé les storyboards comme point de départ mais j'ai surtout dessiné d'après la personnalité de ma fille, qui m'a aidé à générer des idées. J'avais fait de nombreuses recherches; j'avais filmé ma fille, je m'étais filmé moi même, j'avais regardé des films de référence d'autres enfants de maternelle, j'ai regardé de nombreuses photos et j'ai fais énormément d’esquisses. A partir de là il fallait en tirer les meilleurs idées qui pouvaient conduire l'histoire sur une voie unique et authentique, satisfaisant la vision du réalisateur. Une des parties les plus difficiles fut d'animer les deux adultes, alors qu'on ne voit pas leur visage. Je devais les garder suffisamment « vivant » pour que le spectateur puisse déduire qui parlait, mais pas trop pour ne pas masquer la performance de Bonnie.
Je pense que ma scène préférée est la première apparition de Bonnie. Elle ne dit qu'un mot de toute la scène et tout le reste est une performance muette. J'ai utilisé les storyboards comme point de départ mais j'ai surtout dessiné d'après la personnalité de ma fille, qui m'a aidé à générer des idées. J'avais fait de nombreuses recherches; j'avais filmé ma fille, je m'étais filmé moi même, j'avais regardé des films de référence d'autres enfants de maternelle, j'ai regardé de nombreuses photos et j'ai fais énormément d’esquisses. A partir de là il fallait en tirer les meilleurs idées qui pouvaient conduire l'histoire sur une voie unique et authentique, satisfaisant la vision du réalisateur. Une des parties les plus difficiles fut d'animer les deux adultes, alors qu'on ne voit pas leur visage. Je devais les garder suffisamment « vivant » pour que le spectateur puisse déduire qui parlait, mais pas trop pour ne pas masquer la performance de Bonnie.
Quelle a été votre scène la plus complexe?
Les deux précédentes, celle de Bonnie et celle d'Andy et sa maman ont été complexes, car elles sont très longues et elles ont besoin de naturel et de performance sur un humain vu dans son intégralité. Bonnie doit marcher sur les genoux et interagir avec un carton de jouets, et Andy doit porter des boites, marcher monter et redescendre d'une échelle, et avoir une conversation silencieuse avec sa maman. Je sais techniquement comment animer des scènes donc ça ne me dérange pas de devoir jouer avec plusieurs contraintes et des actions compliquées. Le truc est de garder le tout organisé et de gérer mes images clef de façon efficiente. J'ai choisi de travailler en mode pas à pas pour la plupart de mes scènes, et je devais souvent tout recommencer pour deux secondes de façon à maintenir le contrôle de mon timing et d'avoir autant d'espace possible avant de convertir en splines. C'était une méthode nouvelle pour moi et une nouvelle opportunité d'apprentissage sur ce film.
Les deux précédentes, celle de Bonnie et celle d'Andy et sa maman ont été complexes, car elles sont très longues et elles ont besoin de naturel et de performance sur un humain vu dans son intégralité. Bonnie doit marcher sur les genoux et interagir avec un carton de jouets, et Andy doit porter des boites, marcher monter et redescendre d'une échelle, et avoir une conversation silencieuse avec sa maman. Je sais techniquement comment animer des scènes donc ça ne me dérange pas de devoir jouer avec plusieurs contraintes et des actions compliquées. Le truc est de garder le tout organisé et de gérer mes images clef de façon efficiente. J'ai choisi de travailler en mode pas à pas pour la plupart de mes scènes, et je devais souvent tout recommencer pour deux secondes de façon à maintenir le contrôle de mon timing et d'avoir autant d'espace possible avant de convertir en splines. C'était une méthode nouvelle pour moi et une nouvelle opportunité d'apprentissage sur ce film.
Avez-vous collaboré avec d'autres animateurs?
En fait c'est vraiment très habituel pour nous de partager nos prises de vue. Souvent un animateur travaille sur les personnages de fond, et un autre sur les personnages de premier plan. Ce type de séparation est la plus simple car elle ne demande pas beaucoup de communication et de collaboration entre les animateurs, car leurs personnages n'interagissent pas. Parfois deux animateurs partagent une scène de dialogue, chaque animateur ne travaillant que sur un seul des personnages. C'est plus compliqué et demande plus de planification et de communication. J'ai partagé quelques scènes sur Toy Story 3, mais les personnages n'avaient pas à interagir donc j'ai plutôt travaillé de mon côté. Par exemple dans ma scène entre Andy et sa maman, un autre animateur (Mike Stocker) a dessiné l'animation du chien, Buster qui marche devant la caméra à un moment. J'ai dû coordonner avec Mike les images où le chien devait apparaître et pendant combien de temps il éclipserait mes personnages, mais à part ça nous n'avions pas à échanger sur l'animation de nos personnages.
En fait c'est vraiment très habituel pour nous de partager nos prises de vue. Souvent un animateur travaille sur les personnages de fond, et un autre sur les personnages de premier plan. Ce type de séparation est la plus simple car elle ne demande pas beaucoup de communication et de collaboration entre les animateurs, car leurs personnages n'interagissent pas. Parfois deux animateurs partagent une scène de dialogue, chaque animateur ne travaillant que sur un seul des personnages. C'est plus compliqué et demande plus de planification et de communication. J'ai partagé quelques scènes sur Toy Story 3, mais les personnages n'avaient pas à interagir donc j'ai plutôt travaillé de mon côté. Par exemple dans ma scène entre Andy et sa maman, un autre animateur (Mike Stocker) a dessiné l'animation du chien, Buster qui marche devant la caméra à un moment. J'ai dû coordonner avec Mike les images où le chien devait apparaître et pendant combien de temps il éclipserait mes personnages, mais à part ça nous n'avions pas à échanger sur l'animation de nos personnages.
Dans Toy Story 3, vous reprenez quelques personnages préférés des précédents films et pour lesquels vous deviez reprendre le type d'animation qu'ils avaient. Pour les nouveaux personnages, les animateurs doivent trouver une façon d'animer originale et intéressante. Comment avez-vous géré cela?
Pour les personnages classiques, nous avions deux films entiers de référence, bien sûr, ce qui est vraiment très utile. Nous avions aussi les animateurs qui avaient travaillé sur ces deux premiers films, qui pouvaient répondre aux questions des animateurs. Il y a eut beaucoup de travail en amont, lors de la pré production, pour documenter les personnages classiques et créer des guides pour les nouveaux animateurs sous forme de conférence et de feuilles avec des modèles dessinés. Pour les nouveaux personnages nous avons dû faire face au même défi et utiliser le même processus que nous faisons toujours. Nous discutons du personnage avec le réalisateur, travaillons très étroitement avec le concepteur du personnage en fil de fer, de façon à avoir le modèle prêt à animer, et nous faisons de nombreux tests d'animation (d'abord silencieux et ensuite avec dialogue) pour essayer de cerner le personnage.
Contrairement à Pete Docter ou Andrew Stanton, Lee Unkrich est monteur à l'origine. Comment avez-vous travaillé avec lui?Pour les personnages classiques, nous avions deux films entiers de référence, bien sûr, ce qui est vraiment très utile. Nous avions aussi les animateurs qui avaient travaillé sur ces deux premiers films, qui pouvaient répondre aux questions des animateurs. Il y a eut beaucoup de travail en amont, lors de la pré production, pour documenter les personnages classiques et créer des guides pour les nouveaux animateurs sous forme de conférence et de feuilles avec des modèles dessinés. Pour les nouveaux personnages nous avons dû faire face au même défi et utiliser le même processus que nous faisons toujours. Nous discutons du personnage avec le réalisateur, travaillons très étroitement avec le concepteur du personnage en fil de fer, de façon à avoir le modèle prêt à animer, et nous faisons de nombreux tests d'animation (d'abord silencieux et ensuite avec dialogue) pour essayer de cerner le personnage.
Chaque réalisateur a un style différent et une approche différente de l'animation, fondée sur leurs personnalités et expériences. Lee n'est pas un animateur, donc il ne donnait pas de notes d'animation compliquées, mais était très clair dans ses remarques à propos de la façon dont les personnages devaient jouer et ce qu'il attendait de la scène. En tant que créateur de film, j'ai trouvé Lee plus technique et précis car il a agi à la fois comme monteur et comme réalisateur.
Avez-vous des anecdotes sur la création de Toy Story 3?
Le département animation aime faire des fêtes et d'autres événements pour garder un bon moral et une bonne énergie. A un moment en début de production, plusieurs d'entre nous avaient décidé de se raser les cheveux pour avoir un « départ net » sur le film. Même Lee Unkrich nous a accompagnés. Je n'avais jamais rasé ma tête avant et j'ai bien aimé, mais je ne suis pas sûr que ma femme ait apprécié...
Le département animation aime faire des fêtes et d'autres événements pour garder un bon moral et une bonne énergie. A un moment en début de production, plusieurs d'entre nous avaient décidé de se raser les cheveux pour avoir un « départ net » sur le film. Même Lee Unkrich nous a accompagnés. Je n'avais jamais rasé ma tête avant et j'ai bien aimé, mais je ne suis pas sûr que ma femme ait apprécié...
Que ressentez vous d'avoir pris part à l'aventure Toy Story 3?
Je suis content d'avoir pris part à Toy Story 3 parce que je pense que c'est un grand film et c'était une bonne façon d'apprendre et une grande expérience pour moi. C'était particulièrement amusant de dessiner des références provenant de ma vie de famille, chose que je n'aurais pas pu faire 5 ans avant. Mes talents et sensibilités évoluent continuellement, et je suis content d'être dans un environnement qui m'a toujours offert quelque chose de nouveau et un travail qui m'a inspiré.
Je suis content d'avoir pris part à Toy Story 3 parce que je pense que c'est un grand film et c'était une bonne façon d'apprendre et une grande expérience pour moi. C'était particulièrement amusant de dessiner des références provenant de ma vie de famille, chose que je n'aurais pas pu faire 5 ans avant. Mes talents et sensibilités évoluent continuellement, et je suis content d'être dans un environnement qui m'a toujours offert quelque chose de nouveau et un travail qui m'a inspiré.
Quel est votre prochain projet?
Cars 2!
Cars 2!
Avec tous nos remerciements à Scrooge pour sa traduction!
2 Comments:
excellente interview.
J'adore décidement ton site.
Encoooore!!
Alex
Merci bcp, alex!!
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