jeudi, juin 17, 2010

LA PRINCESSE ET LA GRENOUILLE EN BLURAY (Part. 1): Entretien avec les réalisateurs John Musker et Ron Clements


Pour quelle raison avez-vous choisi La Nouvelle-Orléans pour cette histoire? Y a-t-il un quelconque rapport avec Katrina?

Ron Clements; En fait, l'idée de placer l'histoire à La Nouvelle-Orléans vient de John Lasseter, et il avait fait ce choix plusieurs années avant Katrina. La raison en est qu'il aime cette ville et pensait qu'elle serait un bel endroit pour placer un film d'animation. Quand John a pris la tête de Disney Animation en février 2006, il a demandé à John Musker et moi d'envisager l'idée de placer le conte de fée "Le prince Grenouille" à La Nouvelle-Orléans. Nous lui avons présenté le récit qui fut la base du film. C'était à peu près huit mois avant Katrina. John Musker et moi-même avons visité La Nouvelle-Orléans pour la première fois peu de temps après, et nous avons été aux premières loges pour assister aux terribles conséquences laissées par Katrina. Nous voulions vraiment faire tout notre possible pour aider la ville à se remettre.


Pourquoi avez-vous fait le choix de partir de l'histoire du "Prince grenouille" et de la transposer ainsi?

Ron Clements; John Lasseter nous a demandé d'étudier le conte de fée "Le prince grenouille" et de le situer à La Nouvelle-Orléans. Nous avons aimé l'idée de faire un conte de fée à l'américaine, et le lieu du récit suggérait l'utilisation d'éléments comme le Vaudou, la culture afro-américaine et la musique. La plus grosse particularité, changer l'héroïne en grenouille lors qu'elle embrasse l'animal, vient d'un conte pour enfant appelé La princesse grenouille, de E.D. Baker, dont Disney a acheté les droits en 2003. Beaucoup des personnages de notre version, dont Mama Odie, Tiana et Ray la luciole Cajun sont inspirés de personnes réelles que nous avons rencontrées dans nos voyages de recherche à La Nouvelle-Orléans. D'autres particularités ont été introduites par le désir d'utiliser les icônes et archétypes de conte de fée à la Disney, tout en jouant avec eux pour faire un film rafraîchissant.


Quelle importance a John Lasseter dans le monde de l'animation, pour vous?

Ron Clements; Tout le monde est différent, mais John Lasseter est stimulant, il donne de très bons avis, et a une passion et un enthousiasme immenses pour l'animation. C'est difficile pour moi d'imaginer une meilleure personne pour qui travailler.


Combien de temps cela prend-il de terminer un film de ce genre?

Ron Clements; Nous avons présenté l'histoire du film à John Lasseter en Mars 2006. Nous avons commencé à travaillé sur un premier script à l'été de cette même année. Le développement visuel a commencé rapidement après ça et les musique, le casting vocal et les storyboard ont commencé à l'automne. Des expérimentations d'animation ont commencé au printemps, suivi par la colorisation. En tout, il faut compter trois ans et demi du début à la fin, ce qui est relativement rapide pour ce genre de film.


Mark Henn m'a expliqué que le style et la personnalité des différents personnages ont été décidé pendant un week-end dans un complexe hotelier. Comment et pourquoi avez-vous choisi cette façon de créer les personnages? Pensez-vous que cette façon de faire était plus stimulante?

John Musker; Parfois quand on développe ces films, nous enfermer dans un environnement différent nous aide à nous concentrer et à nous couper de toute distraction. Il n'y a pas UNE bonne façon de faire, mais la notre était très collaborative et nous a beaucoup aidé je pense. Et puis ensuite vous sortez dans ces magnifique paysages de Ojai et vous rêvez de jouer au golf.


Étant donné que les films Disney subissent un très long processus de modification du script, à quel point l'histoire du film est-elle différente de la toute première version que vous ayez présentée?

John Musker; Ce film est relativement similaire à la première version que nous avons présentée à John Lasseter il y a quatre ans. Pour ce qui est des différences, le personnage du père de Tiana tenait un plus grand rôle, et son rêve d'ouvrir un restaurant était plus celui de son père. Au début, Louis l'alligator était en fait un humain, un comptable qui rêvait de devenir un grand jazzman. Facilier a réalisé son rêve mais lui a joué un sale tour en le transformant par la même occasion en alligator. Quelques noms ont changé: Le Dr. Facilier s'appelait à l'origine Dr. Duvalier mais nous avons voulu éviter la confusion avec le dirigeant d'Haïti qui porte aussi ce nom. Quelques morceaux de musique ont évolué: A la base, la chanson de Louis parlait de sa passion pour le jazz. Mais nous avons pensé que ce serait mieux d'avoir les trois personnages dans cette chanson, et de mettre en avant leur différences de personnalités et d'aspirations.


Combien de fins différentes avez-vous envisagé pour La Princesse et la Grenouille, et pouvez-vous nous parler des fins alternatives?

John Musker; La fin du film est celle que nous avions prévu dès le début. L'idée qu'ils se marient en grenouilles, s'embrassent et redeviennent humains était déjà dans un ancien script écrit par Greg Erb et Jason Oremland. Nous avons aimé cette chute et avons toujours eu l'intention de la garder. Du point de vue musical, nous pensions à un final en chanson dans le restaurant de Tiana, mais nous avons eu différentes idées. C'était l'idée de John Lasseter de reprendre La Nouvelle-Orléans, et que Tiana en chante une version plus enjouée. Nous avons aimé l'idée. On a donc remis Tiana sur le devant de la scène, et cela montre à quel point Naveen l'a changée car elle chante et montre ses émotions en public. Nous avions aussi une scène en tête avec un duel entre Mama Odie et Facilier, mais nous l'avons abandonnée car on ne pouvait pas y inclure les personnages principaux. Une autre scène montrait la magie de Facilier se retourner contre lui. Il était transformé en mouche, et gobé par une grenouille. Il y a également eu un projet d'invasion de grenouilles à mardi gras, tirée d'une autre scène où Facilier propose au père de Charlotte d'organiser un concours du meilleur plat de grenouille, afin de débarrasser le bayou des batraciens.


A quel point Cendrillon a influencé l'histoire de La Princesse et la Grenouille?

John Musker; Cendrillon a certainement fait partie de nos influences pour La Princesse et la Grenouille. Parce que au sens large, c'est une histoire de Cendrillon, une histoire d'opprimée, de jeune fille qui troque sa tenue de travail contre une robe de bal. Et plus précisément, la scène de la parade de Mardi Gras est inspirée du bal de Cendrillon. Mama Odie est un peu notre marraine la bonne fée du bayou. Nos designers, comme Ian Gooding ou plus particulièrement Lorelay Bove, sont de grands fans de Mary Blair, la célèbre designer qui a eu un grand impact sur les films Disney des années 50. J'ai vu Cendrillon un grand nombre de fois quand je me préparais à étudier à Cal arts, et j'étais impressionné de voir à quel point ce film est divertissant, et l'est toujours.



Des films comme Shrek font référence à de multiples cultures différentes. La Princesse et la Grenouille fait référence à des éléments de l'histoire Disney, mais d'une façon bien particulière. Quel usage avez-vous fait de ces références?

Ron Clements; J'adore Shrek, mais dans notre film, nous sommes volontairement restés fidèles à l'époque de l'histoire, et n'avons fait aucune référence aux temps modernes. Comme vous l'avez remarqué, nous avons quelques clins d'oeil à des films Disney plus anciens, pas vraiment dans un but humoristique, mais plus en hommage à l'héritage Disney, tout en lui donnant une perspective nouvelle.


Il y a un certain nombre de clins d'oeil dans le film: Le tramway A113, le groupe Firefly Five Plus Lou... Avez-vous tous les deux participé à ces clins d'oeil, où l'un d'entre vous est-il le blagueur attitré? Lequel est votre préféré?

John Musker; J'ai été élève à Cal arts en même temps que John Lasseter et Brad Bird, parmi tous mes talentueux autres camarades. Nous étudiions l'animation dans la salle A11, et j'ai toujours voulu mettre une référence dans mes projets qui rappelle mon affinité avec eux. La référence aux Firehouse Five vient de nous deux, je crois. Mais je ne me rappelle plus si c'était Eric Goldberg qui a pensé au "Plus Lou" à la place du "Plus two". Nous avons tous les deux vu Frank Thomas jouer au piano, et nous voulions lui rendre hommage. Je voulais aussi caricaturer certains de nos collègues dans des personnages, et les admiratrices du prince sont en fait basées sur Ali Norman, Jen Kilger, Shanda Williamson, Elissa Sussman et Lorry Shea, toutes des femmes qui ont travaillé dur sur cette production.


C’est la première fois qu’un de vos films sort en Bluray. Qu’en pensez-vous ?

Ron Clements; La qualité de l'image est impeccable. Encore meilleur que ce que la plupart des gens pourront voir au cinéma. Et les bonus sont très amusants. John et moi étions particulièrement enthousiastes à l'idée que le Blu-Ray contienne l'intégralité du film en dessin au crayon, en plus de la version couleur. Pour les férus d'animation, c'est une super opportunité de voir ce processus comme peu de gens peuvent le voir.



Parfois le Blu-ray est décrit comme de trop haute résolution, et certains pensent que cela dessert la qualité de certains films.

John Musker; J'aime la version Blu-ray, et les Blu-ray pour Pinocchio et La Belle au Bois Dormant sont extraordinaires. Je recommande le Blu-ray à tous ceux qui cherchent la meilleure version du film. En plus, il possède une version entière du film au crayon. Pour les étudiants en animation et les fans, c'est une chance unique de voir le film comme il était avant d'être terminé

Ron Clements; Dans le cas de dessin animés modernes, tout le travail final sur la couleur que nous faisons est dans une très haute définition et dans un format numérique. C'est dans ce format que le film est projeté dans les salles numériques, et c'est la façon idéale de le voir. Sur les bobines, il n'y a pas autant de résolution et de détail que dans le format numérique. Pour cela, le Blu-Ray est le format qui s'approche le plus du format idéal du film.


Est-ce-que ce film est une réaction à la grande mode des films 3D en images de synthèse?

John Musker; Pas vraiment. Nous aimons l'animation traditionnelle, mais nous aimons aussi beaucoup les films en image de synthèse. Nous avons juste pensé que pour ce film et l'histoire qu'il raconte, la chaleur et l'expression que dégage l'animation à la main étaient idéales.


Constatez-vous une différence dans la manière dont les gens s'identifient avec ce genre d'animation, par rapport aux techniques modernes et numériques? Pensez-vous que l'animation traditionnelle a toujours sa place dans un monde ou règne les technologies 3D?

Ron Clements; Je l'espère en tout cas. Les nominations pour l'oscar de meilleur film d'animation étaient intéressantes cette année, car elles contenaient deux films en stop motion (Coraline et Fantastic Mr. Fox), un film numérique ("Là haut"), et deux films animés à la main (notre film et Brendan et le secret de Kells). C'est bien de voir cette diversité. Ils représentent tous vraiment une diversité de techniques, et je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'utiliser la même technique sur chaque film.

Vu son caractère 2D, pensez-vous que l'animation à la main est un frein dans un monde où la 3D s'impose?

John Musker; Bonne question. La Belle et La Bête a été retravaillée et convertie en 3D, on verra quelles seront les réactions. Je ne pense pas que tous les films vont prendre le chemin de la 3D. Il faut aussi voir si le public voit la 3D comme une mode qui va passer ou comme quelque chose qui va rester.

Pourquoi "La Princesse et La Grenouille" a été animé à la main, plutôt que par ordinateur?

Ron Clements; Tous les films que John Musker et moi avons dirigé étaient des films d'animation traditionnels. Nous adorons ce médium et nous étions très peinés de voir Disney l'abandonner il y a quelques années. Heureusement, même s'il a eu beaucoup de succès avec des films animés par ordinateur, John Lasseter adore l'animation à la main autant que nous. Quant il a pris la responsabilité de Disney Animation il y a quatre ans, il souhaitait fortement réintégrer cette technique. L'histoire du film semblait être idéale pour cela, avec son côté conte de fées classique, sa richesse, son romantisme, sa chaleur et la magie qu'elle dégage.

Qu'est ce que cela vous a fait d'être les réalisateurs d'un film qui allait remettre sur le devant de la scène l'animation traditionnelle?

Ron Clements; Nous adorons l'animation traditionnelle Disney et étions très content de la voir revenir chez Disney. C'était super de travailler avec les meilleurs artistes et animateurs sur un sujet qui leur permettrait d'exprimer tout leur talent. Les compétences liées à cette forme particulière d'animation sont rares et prennent beaucoup de temps à maîtriser. La plupart du temps, le savoir est passé du maître à l'élève, les plus expérimentés transmettant leur savoir aux plus jeunes. C'était vrai sur ce film, et c'était génial de voir une nouvelle génération tout droit sortie de l'école s'impliquer dans ce film.


La Princesse et La Grenouille était un mélange d'experts en animation traditionnelle et de débutants. En quoi cela a-t-il impacté le travail d'équipe?

John Musker; C'était un bon mélange. Les anciens épaulaient les jeunes animateurs, et les jeunes ont de fortes compétences qui ont apporté un côté moderne. Nous-mêmes, nous avons été formés par les "9 old Men", les légendaires animateurs. Ron a travaillé avec Frank Thomas qui a animé les sept nains, Bambi et Capitaine Crochet entre autres. J'ai travaillé avec Eric Larson qui a animé Figaro, le chat de Pinocchio, et Peggy de la Belle et le Clochard. Une des meilleurs façons d'apprendre l'animation est cette relation maître-apprenti, quand les plus expérimentés transmettent leurs connaissances. L'enthousiasme des jeunes arrivants nous amenait la joie et l'envie de donner vie à nos dessins. C'est une compétence un peu à part, que peu de gens maîtrisent, mais c'est l'une des combinaisons les plus gratifiantes d'art, de dessin, de comédie et de divertissement.


Qu'est ce qui a changé en termes de techniques et de façon de travailler sur un film 2D depuis La Petite Sirène ou Aladdin?

John Musker; Les techniques principales sont relativement similaires. La Petite Sirène était le dernier film a utiliser les cellulos et où les personnages étaient peints avec de la peinture réelle et non numérique. Sur ce film, nous avons animé les personnages sur papier, comme dans La Petite Sirène et Aladdin. Mais pour la première fois nous avons fait les effets d'eau, de magie et d'ombre sans papier. Ils étaient réalisés avec un stylet sur une tablette électronique.

Ron Clements; Il y a plusieurs innovations. En terme d'agencement (mise en scène, lumière et cinématographie), nous avons fait quelque chose de nouveau sur ce film. Nous avons agencé chaque séquence en terme de mouvements et de lumière et des formes basiques pour les personnages, sans aucune animation. C'est quelque chose que John Lasseter a ramené de Pixar, et ça a été un outil très utile pour nous aider à pré-visualiser le film de façon très spécifique. Nous avons aussi de nouvelle technique de coloration, qui nous permettaient de voir des scènes complètement colorées, tout en étant libres de faire des changements significatifs. Nous avons fait des essais d'animation sans papier (les animateurs dessinent sur une tablette numérique), mais avons eu quelques problèmes avec cette technique que nous ne sommes pas parvenus à régler. Cela dit, tous les effets (eau, fumée, magie...) ont été faits sans papier.


Quelle est la scène dont vous êtes le plus fier?

John Musker; La chanson Mes amis de l'au-delà était très complexe à faire en terme d'animation, avec la magie, les cartes de tarot, le choeur de poupées vaudou et toute la chorégraphie. Nous sommes satisfaits du rendu et du travail effectué par l'animateur de Facilier Bruce Smith, par le danseur Dominique Kelly, par les effets de Marlon West et par la couleur de Ian Gooding.




Prochainement, la suite de cet entretien, avec la présentation de l'ensemble des personnages du film.

Merci à Doriane (La Boîte) et à Angeline!

vendredi, juin 11, 2010

PRINCE OF PERSIA - LES SABLES DU TEMPS: Entretien avec l'illustrateur Julian Caldow

Quel fut exactement votre rôle sur Prince of Persia – Les Sables du Temps ?
Je faisais partie de l’équipe d’illustrateurs du film, avec Peter Popkin, Kim Frederiksen et Neil Ross. Mon travail consistait à reprendre les dessins du chef décorateur Wolf Kruger et les adapter aux lieux de tournage décidés par la production. A partir de ces dessins, il était possible de déterminer ce qui devait être construit sur le plateau et ce qui devait être ajouté en postproduction. J’ai également travaillé sur le layout du palais et plus largement sur la section souterraine du finale du film, en étroite collaboration avec le directeur artistique Rob Cowper.

Comment avez-vous rejoint cette équipe ?
Au départ, ils ont fait appel à moi en tant qu’artiste de storyboard travaillant dans les bureaux de Londres de la production, mais à Marrakech, ils se sont aperçus qu’ils avaient désespérément besoin de visuels et comme ils savaient que je faisais également de l’illustration, ils m’ont demandé de les rejoindre sur place pour deux semaines. Quatre mois plus tard, j’y étais encore !

Comment avez-vous travaillé avec Wolf Krueger ?
On ne s’adapte pas à sa vision. On y adhère au plus vite. Wolf avait une vision très claire et une équipe formidable. Son bureau avait très soigneusement préparé le terrain en rassemblant toutes sortes de références iconographiques et lui vous guide méticuleusement à travers chaque idée de décor. Il est extrêmement précis. Vous savez immédiatement si vous faites fausse route. Il vous le fait savoir très clairement. En procédant ainsi, il a vraiment fait sortir le meilleur de moi.

Avez-vous travaillé sur des scènes finalement supprimées ?
Il y a une scène en particulier qui a été supprimée, celle de la « Piston Room ». Il s’agissait d’une grande machine de pierre que Dastan devait faire fonctionner. J’y ai travaillé dessus pendant pas mal de temps. C’était une machine très complexe avec toutes sortes d’inscriptions indiennes. Tout était mappé en 3D, texturé et vérifié. Mais cette scène a été remplacée par celle de la Sand Room sur laquelle j’ai également travaillé en profondeur.

Comment avez-vous abordé l’architecture de la cité sacrée d’Alamut ?
Comme je vous l’ai dit, ce fut un mélange de lieux réels et de dessins et idées de Wolf. J’ai réalisé quelques esquisses préliminaires pour donner une idée générale à la production puis Peter Popkin et Tino Schaedler on plus particulièrement travaillé sur le layout. Le résultat final correspond exactement à la vision de Wolf qui s’est largement inspiré de la célèbre peinture de la Tour de Babel de Bruegel.

On ressent également une influence indienne.
La ville d’Alamut était supposée se trouver géographiquement plus près de l’Inde. C’est de là que viennent ces influences, de leur étonnants palais d’eau, de détails du Fort Rouge de New Dehli, du fort de Jodpur et des temples Saraswathi au Rajasthan.

Comment êtes-vous parvenu à trouver le bon équilibre entre le réalisme et la fantaisie ?
La clef est, je pense, l’échelle. Tout en faisant en sorte que les détails sonnent réels. En ce qui me concerne, je n’ai rien inventé stylistiquement parlant. Ce fut vraiment une question d’adaptation de détails empruntés à des monuments anciens à des structures d’une échelle surréaliste.

Vous êtes-vous référé au jeu vidéo original ?
Pas du tout. Au moment où j’aurais pu le faire, je n’avais pas accès à une console. J’ai pu voir quelques captures d’écran, mais au final, je me suis cantonné aux idées de Wolf. Je crois savoir que les créateurs du jeu ont été plutôt contents de ce qu’ils ont vu. Ce sont les personnages qui étaient vraiment proches de ceux du jeu.

Quelle est votre illustration préférée ?
Difficile à dire. Je suis globalement content de ce qui été fait. Bien sûr, quand je regarde mes dessins, j’ai tendance à voir mes erreurs en premier. Je laisse donc aux autres le soin de choisir les plus réussis. Ceci dit, je dirai ma première version 3D de la Piston Room, principalement parce que la réaction de Wolf a été très positive.

Quelle fut l’illustration la plus difficile à réaliser ?
Encore une fois la Piston Room, de par sa complexité. Il y eut aussi la Sand Room de par le temps que nous avons eu pour la faire. J’aurais bien aimé avoir la Dague à la fin du tournage !!

Un mot sur Le Choc des Titans, auquel vous avez également participé en tant qu’illustrateur?
Une belle expérience. Peu de temps, mais beaucoup de libertés. Martin Laing était le chef décorateur. Quelqu’un de très bien. Nous nous sommes rencontrés sur le Batman de Tim Burton. Je me suis principalement occupé de l’Olympe, dont le design a changé de nombreuses fois au cours de la production. Au départ, Martin voulait un Olympe ouvert sur les éléments, mais cela aurait coûté une fortune en termes d’effets. Bizarre, car tout a radicalement changé en postproduction.

PRINCE OF PERSIA - LES SABLES DU TEMPS/

mercredi, juin 02, 2010

L'ANNEE DE LA NOUVELLE GENERATION A DISNEYLAND PARIS: Entretien avec la Directrice Créative Kat de Blois

Quel bilan faites-vous de la Fête Magique de Mickey?
C’était vraiment….magique ! Nous avons mené à bien pas moins de huit projets passionnants. Cela a représenté beaucoup de travail et nous a donné l’occasion de faire appel à des consultants venus des quatre coins du monde. Ce fut très enrichissant. Et qui mieux que Mickey pouvait faire une fête aussi énorme ?

Comment a germé l’idée de l'année de la nouvelle génération ?
En fait, nous avons voulu associer ce patrimoine nouveau que représentent les films Disney de ces dix dernières années à l’idée de festival. Cette idée est née de discussions « Blue Sky » lors desquelles nous allons à l’extérieur, comme par exemple devant le Château de la Belle au Bois Dormant, et l’on se met à rêver de ce qu’on pourrait faire de nouveau, pour célébrer, traduire et faire vivre ces films merveilleux en live, en trois dimensions, à travers nos parcs et nos interactivités avec nos visiteurs. Les artistes des studios Disney inventent toutes sortes de mondes merveilleux et notre rôle à nous est de trouver des manières de les rendre réels. Le mot « festival » nous a également beaucoup inspirés. Depuis des siècles, l’Europe est traversée et animée de festivals de toutes sortes, célébrant dans les rues la culture de chaque pays, de chaque région, et de notre côté, nous avons voulu célébrer dans cet esprit nos histoires et nos personnages.


Comment avez-vous choisi les personnages qui allaient incarner l'année de la nouvelle génération ?
Nous les avons choisis selon l’esprit que nous voulions donner à notre Festival. Prenez Les Indestructibles. Ce sont des super héros, mais dans le même temps, ce sont des gens qui vivent une vie normale comme vous et moi. Quelque part, ils nous montrent que tout le monde peut être un super héros. Et le lien entre tous ces nouveaux personnages et les classiques, c’est bien entendu Mickey et ses amis, car, comme vous le savez, « tout a commencé avec une souris ! ». Ces derniers ont eux-mêmes rencontré ces nouveaux personnages à travers l'année de la nouvelle génération et ont tenu à partager cette expérience avec nos visiteurs et les autres personnages classiques de Disney. En ce sens, nous avons voulu que notre Festival parle également d’un autre lien, celui de l’amitié. Cela s’exprime notamment à travers la présence de Lilo et de son improbable amitié avec un alien venu de l’autre bout de la galaxie, Stitch ! De la même manière, vous avez l’amitié entre l’adorable petite Boo et le grand monstre Sulli de Monstres et Cie.

Vous évoquez ici le nouveau spectacle L’Incroyable Rendez-vous Disney du parc Disneyland.
Exactement. Ce fut l’occasion pour nous de réunir des personnages que l’on n’a pas l’habitude de voir sur nos parcs. Je parlais de Boo, mais il y a aussi Mike Razowski, ainsi qu’Angel, la petite amie de Stitch. Du point de vue du processus créatif, ce fut un véritable challenge d’associer par exemple l’univers de Buzz et Woody dans Toy Story à Mickey et ses amis, et de concevoir un numéro qui va vous permettre de vous plonger en 2 minutes dans ce monde. C’est ainsi que les danseurs ont à leur disposition des boîtes à jouets dans lesquelles ils vont pouvoir puiser de nouveaux accessoires pour se transformer et accompagner Mickey et ses amis dans chaque différent tableau.
Nous avons également beaucoup travaillé la bande-son. Nous avons fait appel à des musiques qui ne sont pas forcément des musiques de comédies musicales. Des compositeurs comme Alan Menken ou Phil Collins ont écrit des thèmes parfaits pour être mis en scène. Mais c’est plus difficile avec les musiques de Toy Story par exemple, dans la mesure où elles ne participent pas de l’action du film. Elles l’accompagnent plutôt. Il a donc fallu rendre ces musiques dansables et chantables. Pour ce faire, nous avons fait appel à un procédé appelé « Routining ». Cela veut dire qu’on va en studio avec le directeur musical. On est tous debout autour de cinq mesures de musique déjà enregistrée et on recherche des mouvements en fonction des différents accents musicaux.

Vous retrouvez donc la Scène du Château, inaugurée l’année dernière avec le spectacle Place à la Fête… avec Mickey et ses amis. Quelles leçons avez-vous tiré d’une année de pratique de cette nouvelle scène pas comme les autres ?
Il est vrai qu’il est toujours agréable de revenir sur une scène qu’on connaît et nous avons voulu renforcerGras cet aspect « 360° » en créant une expérience d’une certaine façon « ambulatoire ». Cela veut dire que, n’étant pas assis comme dans un théâtre, les visiteurs peuvent suivre notre spectacle en faisant le tour de la scène. Ils peuvent choisir un personnage ou une famille en particulier et vraiment suivre tous leurs déplacement sur scène. De par sa nature, cette scène invite naturellement à une certaine interactivité et vous donne la liberté de choisir ce que vous voulez voir, au moment où vous voulez le voir. Dans cet esprit, nous avons travaillé sur le timing, sur les ascenseurs, les escaliers et les effets pour apporter une visibilité encore meilleure que l’année dernière, en nous inspirant des comportements des spectateurs que nous avons pu observer au cours de l’année précédente. Cela nous a d’ailleurs pas mal aidé et guidé pour mettre en scène cet Incroyable Rendez-vous Disney.

Il y a également eu beaucoup de travail sur les costumes, je crois.
Imaginez que, pour chaque tableau, Mickey est habillé spécifiquement pour faire la fête dans chacun des mondes que nous traversons. C’est ainsi qu’il passe du costume de Soldat Vert pour Toy Story à la chemise hawaïenne de Lilo & Stitch, en passant par le tablier de chef de Ratatouille et la veste Dixieland de La Princesse et la Grenouille. Nous avons également travaillé sur les costumes des danseurs avec, en plus des accessoires, des badges et toutes sortes de petites choses qui se changent très vite sur leur T-Shirt. De cette façon, le public ressent vraiment le passage d’un monde à l’autre car les spectateurs peuvent voir ces changements sur scène, carrément devant eux. Ce fut un vrai challenge pour Sue Lecash et son équipe de concevoir des vêtements aussi modulables, et de trouver des matières qu’on puisse porter par tous les temps, par toutes les températures, avec des couleurs qui restent vives pour faire vivre chacun de ces univers.

Comment avez-vous décliné le concept de l'année de la nouvelle génération au gré des différentes histoires des parcs Disney, que ce soit le parc Disneyland et le parc Walt Disney Studios ?
L’idée, c’est que tous les personnages de la nouvelle génération arrivent à Disneyland Paris, mais, bien évidemment, pas tous au même endroit ! Ils sont ainsi «parachutés » en plein milieu de nos activités habituelles. Ainsi, si vous croisez Disney’s Stars’n’Cars – En voiture avec les stars Disney, une cavalcade où les voitures sont les stars, vous allez découvrir une toute nouvelle voiture, qui est en faite une cuisine ambulante pour Rémy de Ratatouille, et c’est une nouvelle occasion pour un petit numéro à la Busby Berkeley sur la Place des Stars ! Côté Princesses, la Parade des Rêves Disney était le meilleur lieu pour accueillir Tiana, et tout particulièrement le char des Rêves de Romance, qui clôt cette parade en un jardin merveilleux où l’on peut retrouver toutes les Princesses Disney en compagnie de leur Prince. Et c’est donc tout naturellement qu’on y retrouve Tiana en compagnie de Naveen, avec une touche New Orleans qui vient se greffer dans la musique de la parade. En ce qui concerne le Train Express des Stars Disney, qui met en valeur toutes nos familles de personnages Disney préférées, nous avons bien sûr réservé un wagon spécifique pour cette nouvelle génération. Ce wagon vient donc s’ajouter à celui des VIP Disney, Dingo, Pluto, Tic & Tac et les autres, et celui des Classiques Disney –nouvelle rencontre entre les générations.
Enfin, nous avons imaginé Monstres et Cie – L’Académie qui fait peur !, un parcours de choc pour tous nos visiteurs qui désirent à la fois rencontrer Sulli, lui serrer la main et être pris en photo avec lui, mais aussi s’essayer au Scream-o-meter, un concept qui s’intègre parfaitement à l’histoire de ce parc dédié au son et aux effets spéciaux et ainsi recevoir un petit badge «j’ai crié avec Sulli!»

L’ensemble de ces événements est également parfaitement lié aux attractions du parc, à commencer par le très attendu Toy Story Playland du parc Walt Disney Studios.
Vous savez, nous sommes « one big, happy Disney family » ! Nous travaillons toujours étroitement avec nos imagineers, mais aussi avec nos amis du département restauration comme au Restaurant des Stars avec Rémy ou encore au Buzz Lightyear's Pizza Planet Restaurant thémé Buzz l’Eclair. Il y a toujours façon de faire une liaison avec toutes les divisions et tous les départements de Disney car tout le monde veut participer à la fête.

Quel est votre événement préféré dans cette année de la nouvelle génération ?
J’en rêvais depuis des années : avoir un Cancan sur la musique d’Offenbach devant le Château de la Belle au Bois Dormant !! Nous avons ainsi conçu un Cancan burlesque avec des légumes géants autour de Rémy et Emile, les rois de la gastronomie française dans Ratatouille. Les cuisiniers sont alors en panique, essayant de tout faire à la fois : danser le French Cancan et faire la cuisine ! Ce fut vraiment très drôle à mettre en place ! Et chaque fois que je le vois, j’en ai des frissons !

L'année de la nouvelle génération a commencé il y a quelques semaines. Quelles sont les premières réactions que vous avez relevées dans les parcs ?
Nous avons déjà des retours intéressants. Nos visiteurs apprécient le fait d’accueillir cette nouvelle génération d’histoires, de personnages et de musiques. C’est une célébration qui va se dérouler sur les dix prochains mois, vous permettant, en passant d’un parc à l’autre, de vivre des expériences totalement différentes, inédites et toujours passionnantes.

Parler de Nouvelle Génération, c’est en même temps parler de partage entre les générations.
Notre festival s’adresse à toute la famille, des enfants aux grands-parents. Chacun a son personnage préféré et nous avons imaginé un festival où les petits pourraient tirer la manche de leur grand-père pour leur montrer Buzz l’Eclair, tandis que le grand-père leur parlerait de Peter Pan en leur montrant que ce dernier sait tout aussi bien voler ! En associant maintenant les nouveaux personnages de Disney dans nos parcs, notre Festival réunit toutes ces histoires venues d’époques différentes, pour le plaisir de toute la famille, fidèle en cela à l’ambition première de Walt Disney pour Disneyland, c’est-à-dire créer un parc à thème où toutes les générations pourraient, ensemble, s’amuser et partager des moments privilégiés.